Chapitre 16

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Jamie s’était familiarisée avec son entourage le plus proche dont Janice faisait partie. Le magasin de café était devenu son sanctuaire de lecture depuis son séjour. Assise sur sa table usuelle auprès de la vitrine, elle se plongea dans l’univers d’un des livres qu’elle s’était procurée de la librairie, alors que les doux rayons de soleil de l’après-midi lui caressaient le visage ; rayons mettant en valeur ses yeux marron perdus dans les pages qu’elle lisait et ses cheveux bruns disposé en chignon décontracté. Elle était piégée dans les pages et bercée par les musiques de fond émises par son écouteur, jusqu’au moment où Janice s’installa sur le siège en face d’elle.

- Hey, elle retira ses écouteurs.

- Elle m’a l’air de bien avancer ta lecture.

- Ouais, j’en suis encore qu’à la moitié pour le moment.

- C’est quoi ? …Le monde selon Garp – John Irving, Janice lu sur la couverture. J’adore le style d’écriture de l’auteur. On a l’impression qu’il était plus en avance dans les syntaxes et l’élocution des mots par rapport à son époque.

- Oui, j’avais remarqué. C’est vraiment un bon livre, Jamie acquiesça.

- Tellement bon que tu n’as pas vu l’heure passée.

Jamie fut d’autant plus surprise par la tardivité de l’heure que par son inattention. Il n’y avait presque plus personne, sinon le peu qui y restait était sur le point de franchir la porte pour vaquer les lieux.

- Ah je suis vraiment désolée, je n’ai vraiment pas fais attention à l’heure.

- Non, ne t’affole pas. On a encore le temps de ranger et de nettoyer.

- Je pense que je vais donner un coup de main.

- Ne te sens pas obligée, y a aucun souci tu sais.

- Je le sais madame, mais j’insiste parce que je le veux.

A ses mots, elle se leva en premier et s’accapara du torchon posé sur l’épaule de Janice.

- Alors ? On commence par où ?

Janice lui sourit et ensemble, elles aménagèrent les lieux tout en se partageant certains sujets hilarants comme certains de leurs déboires. Janice l’appréciait beaucoup, non pas parce qu’elle avait pu enfin mettre la main sur son statut, mais plutôt pour sa personnalité, son intelligence et son aura. Discuter avec elle était comme converser avec un ancêtre dans un corps de jeune femme. Comme Janice avait pour habitude de dire, « il n’y a aucun parallélisme entre l’âge mental et l’âge civil » et Jamie en était une preuve. Expérience vécue ou simple ouverture d’esprit, sa fluidité en communication l’aurait permis de se lier d’amitié à n’importe qui à n’importe quel moment.

Elle était une femme rationnelle et se tenait toujours de pied ferme par rapport à sa situation et ses choix. C’était un principe qu’elle avait toujours opté et que Janice ne manqua pas de remarquer depuis le temps qu’elle avait séjourné à Chaston. En Jamie, elle voyait une femme grande et fidèle en ses propres idéologies. Une autre qualité appréciée de tous et dont Collin n’en faisait pas l’exception.

- Tu vas beaucoup me manquer, tu sais ? Quand tu partiras.

- A ce propos, je pars après-demain, elle informa avec une pointe de mélancolie.

- Déjà ?

- Ça fait quand-même « déjà » deux semaines que je suis ici, Jamie prit soin d’accentuer sur le mot.

- Oui mais, tu ne peux pas prolonger encore un peu ? Je ne sais pas…une semaine de plus comme ça ? 

- Excuse-moi ?

- Je sais j’exagère, Janice ria.

- Et pas qu’un peu.

- Faut qu’on fasse un truc ensemble alors avant que tu ne partes.

- On est déjà en train de faire un truc ensemble en ce moment même.

- Un nettoyage ? Ce n’est pas vraiment le souvenir idéal à ramener chez soi.

- Tu as raison. Être venue ici à Chaston est déjà en soi le véritable souvenir idéal.

- Mais pas suffisant, Janice fit une grimace puis proposa un dîner chez elle. Oui on va faire ça, elle confirma dans son monologue.

- Janice j’apprécie énormément le geste, mais je ne veux pas t’imposer tout ça d’autant plus qu’on n’est pas obligé de le faire. Si tu veux, on peut tout simplement discuter autour d’un verre et puis voilà.

- Bon, si ça peut faire te plaisir, on se retrouve au bar de l’auberge à la place.

- Je préfère ça. C’est moins lourd qu’un dîner chez toi en tout cas.

- Ça plaira à Collin aussi je pense vu la distance où j’habite. Je le vois déjà en train de me dire « Janice, déménage d’abord. Le dîner viendra après ».

Collin, ce nom qui récemment avait hanté ses pensées et occasionné ses nuit blanches, refaisait surface. Encore une fois, Jamie revit ce bref moment intime précis qu’ils avaient dans sa tête et celui-ci lui donnait une énième fois la chair de poule.

« Qu’as-tu fais de moi Collin » ?

Elle (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant