Chapitre 25

19 2 0
                                    

Après leur long échange dans le snack bar du coin où ils avaient pour coutume de se retrouver, Anon raccompagna Jamie chez elle. Ensemble, ils se promenèrent dans les quartiers silencieux et éclairés de Green Hill, se remémorant leurs anciennes folies d’adolescence avant d’arriver enfin devant la porte de sa maison.

- Eh bien, nous y voilà. Sa majesté est arrivée saine et sauve dans sa demeure.

- Hm pas vraiment, non. Il faudra encore que je franchisse cette porte.

- Pour ça tu n’as pas besoin de ton chevalier, si ? T’es sûre que tu veux déjà rentrer sinon ?

- Qu’est-ce que tu racontes encore…

- Tu ne voudrais pas profiter de la nuit, un peu ? Une petite balade nocturne ? Comme au bon vieux temps ?

- Une petite balade nocturne ? Le snack était à deux kilomètres d’ici je te rappelle.

-Je sais, mais la sédentarité est un facteur de risque cardiovasculaire. 

- Tu es en train de dire que je suis sédentaire ?

- Non, mais tu es une personne à risque. Tu es peintre. Tu t’assois beaucoup. Ça ne favorise pas une bonne circulation sanguine.

- Anon, je ne sais pas si c’est l’alcool qui parle à ta place mais je te remercie de ta bienveillance envers ma personne.

- Je t’en prie.

- Pour ma part, mes jambes me supportent très bien et je prends très bien soin de moi. Alors, cette histoire de « facteurs de risque et je-ne-sais-quoi », on peut se la mettre ailleurs si on y est.

- Moi aussi je suis très content que l’alcool ait travaillé sur toi, Jamie.

- T’es qu’un idiot, elle lui sourit.

- Mais je te crois.

- Tu crois que tu es un idiot ? elle ajusta ses lunettes de vue.

- Quoi ? Non ! Je te parles de toi.

- Quoi moi ?

- Je te crois quand tu dis que tu vas bien et que tu prends soin de toi. Ça se voit. Et ça prouve que tu as quand-même suivi mon conseil.

- Ton conseil ? Non, mais je rêve.

- Oui, le mien. Tu te rappelles ce que j’ai dit avant mon premier départ ? « Construis-toi… »

- Mon Dieu ! T'es pas croyable, toi Donc tu crois que c'est grâce à toi que je me tiens debout aujourd'hui ?

- Pas totalement, mais en partie quoi.

- Très bien, monsieur le motivateur. Merci d'avoir contribué à mon développement personnel.

- Je t'en prie. Je t'avais dis que ça te servirai bien un jour.

- C'est ça. Mais pour info, il n’y avait pas que toi. Il y avait aussi moi. Il fallait que je le fasse. Que je me ressaisisse pour moi. Il fallait que je reprenne ma vie en main. Ce n’était pas non plus l’apocalypse. Et de toute façon, les amourettes du lycée ne durent jamais bien longtemps, elle rajouta.

- L'excuse du siècle.

- Que veux-tu que je te dise ? On était jeunes.

- Jeunes mais pas inconscients.

- Tu marques un point.

Il lui sourit. Il était content de savoir que malgré la distance et la tournure qu’avait prise leur relation, ils s’entendaient toujours aussi bien, sans rancune ni arrières pensées. Anon connaissait la valeur de Jamie et elle réciproquement. Et si pour ne pas mettre en péril leur amitié ils se devaient chacun de vivre leur vie à part, ils étaient prêts à prendre le risque. Ils avaient chacun leur propre chemin et nul ne pouvais échapper à son destin.

- Tu pars à quelle heure demain ?

- 09h00. Je ne voudrais pas être fatigué une fois au travail.

- Oui bien sûr. Alors ça veut dire que nos chemins se séparent de nouveau ici.

- Allez câlins, Anon proposa et ils se prirent dans les bras une dernière fois. Faut l’avouer, ça ne m’enchante pas toujours de devoir quitter cet endroit.

- Ne fais pas ton bébé, ce n’est pas ton premier passage en ville et ce ne sera sûrement pas le dernier.

- Qui sait c’est peut-être toi qui viendras à Vendenburg, il lui dit en se retirant, ses mains de part et d’autre de l’épaule de Jamie.

- Pour quelle raison j’irais là-bas ?

- Pour mon mariage évidemment.

- Parce que monsieur compte se marier ? Quelle projection ! C’est une première. Tu es sûr que c’est légal pour toi ?

- T’es mon amie, t’es censée me soutenir dans cet avenir prochain.

- Commence d’abord par te trouver une compagne. Et une vraie cette fois.

- Je suis sur DateMe. Oui, c’est ringard, mais si tu veux on peut matcher et voir ce que ça donne ! il la taquina avec son sourire narquois et un clin d’œil.

- Même pas dans mes plus pires cauchemars, elle répondit avant d’entrer finalement dans son appartement.

- Au moins j’aurais essayé. Bon j’y vais.

- Bonne nuit Anon, c’était sympa de passer la soirée avec toi, elle répondit appuyée contre sa porte entre-ouverte.

- Au plaisir de te revoir Jamie, il répondit en révérence avant de quitter les lieux. Continue à prendre soin de toi, comme tu le fais déjà si bien.

- Toi aussi Anon et bon voyage surtout.

- On se reverra quand on se reverra ! 

Alors que les derniers mots d’Anon résonnaient dans l’écho de la nuit, Jamie sourit avant de claquer la porte derrière elle et d’embrasser son lit.

Elle (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant