Pour aller danser le Jerk

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ℝ𝕠𝕓

Le van roule en direction de New York depuis plus de deux heures. Le moteur ronronne et l'ambiance à bord est lourde, marquée par la fatigue et le poids des derniers mois. La route devant nous semble infinie, comme un long serpent qui se faufile à travers l'immensité américaine. Le ciel, d'un bleu grisâtre, annonce le début de l'automne.

Nos visages sont tirés et nos esprits épuisés. Le voyage est loin d'être terminé, et pourtant, chaque kilomètre nous rapproche un peu plus de notre objectif.

Une dernière mission nous attend avant de pouvoir retrouver notre villa à Monaco. Ce havre de paix où la mer caresse les falaises me manque. Même si je sais qu'en rentrant plus rien ne sera pareil. 

Mais, pour l'heure, l'Amérique se déploie autour de nous avec toute son immensité, ses routes démesurées, ses pick-ups gigantesques, et ses immeubles qui semblent vouloir défier le ciel lui-même.

De la grandeur pour impressionner qui ?

L'Amérique ne me manque pas. Je suis né ici, mais je mourrais loin de ce pays. Chaque building, chaque highway, chaque parcelle de ce territoire cherche à vous avaler, vous écraser sous son poids.

Je déteste être entouré d'autant de superficialité.

À l'arrière, Darwin bouge sans cesse sur la banquette. Sa silhouette massive est à l'étroit dans l'espace confiné du van. Ses muscles sont tendus sous son t-shirt blanc, trop petit pour contenir sa carrure. Il s'agite, marmonne, et chaque contraction de ses bras menace de faire craquer le tissu.

Depuis notre départ de Boston, il n'a pas trouvé la moindre position confortable, et cela commence à le rendre fou.

Moi aussi accessoirement.

Ses lèvres se tordent dans une grimace de frustration, une grimace que je connais bien.

Une grimace qui annonce toujours la même chose.

 J'ai faiiiim ! hurle-t-il encore, brisant le silence qui s'était installé.

Sa voix résonne dans l'habitacle, mais elle est rapidement étouffée par la réponse cinglante de Liam. 

— Si tu le redis encore une fois, je te jure que je pirate ton téléphone et que j'annonce à tous tes DM Instagram que tu fais du hobby horse, menace-t-il, sa voix trahissant une patience qui s'amenuise.

Liam, assis à côté de Darwin, est plongé dans son téléphone. Ses cheveux bruns bouclés encadrent son visage concentré. Mais ses yeux verts brillent d'une lueur provocatrice. Je sais déjà qu'il va tout faire pour contrarier notre affamé de service. Ça ne manque pas. Il montre à Darwin une image sur son écran.

 Regarde comment tu serais magnifique sur un bâton en bois, lance-t-il avec un sourire en coin. Une tête de cheval entre les jambes, ça te va bien, non ?

— C'est n'importe quoi ! s'exclame Darwin. Tu n'oserais pas mettre ça sur mon Insta.

— Tu paris ? se marre Liam. 

De l'autre côté, Cameron, notre conducteur, réagit à peine, un bâillement démesuré déformant son visage.

 Fait voir... marmonne-t-il en tentant de secouer la fatigue qui pèse sur lui.

Liam, amusé par sa propre blague, tend son téléphone entre les sièges avant pour que Cameron et moi puissions mieux voir. Sa main ornée d'un bracelet de perles bleues, contraste avec sa peau caramel. En se penchant ses boucles effleurent mes épaules.

ROB A BANKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant