ROB A BANK

Texas Heist

ℝ𝕠𝕓

Nous venons tout juste de sortir de l'aéroport. Le grondement sourd du pick-up remplit l'habitacle. La chaleur du Texas a remplacé le temps gris de New York. J'ai presque la sensation d'être de retour chez moi. 

Cameron est concentré sur la route. Il n'a pas lâché un mot depuis que nous sommes arrivés à San Angelo. Je sais que revenir ici, lui rappelle des souvenirs qu'il préférerait oublier. Nous n'avons pas le choix. 

C'est au Texas que j'ai rencontré Cameron pour la première fois. Comme moi, il tentait de survivre avec la seule chose qu'il savait faire : conduire jusqu'à la mort. C'était le premier à rejoindre mon équipe. Il a beaucoup perdu dans cette ville. 

Il a tout perdu à vrai dire. 

Je lâche un coup d'œil dans le rétroviseur intérieur. Sole est assise entre Darwin et Jarek, les yeux bandés. Elle reste silencieuse, mais je peux sentir la tension dans sa posture. Les muscles de sa mâchoire sont crispés. Si elle continue, elle va se briser les dents. Un sourire m'échappe en la voyant coincée entre les deux montagnes de muscles.

Darwin et Jarek échangent quelques remarques à voix basse. Tandis que Liam, à mes côtés, tapote nerveusement le rebord de la fenêtre. Il déteste l'ennui. C'est d'ailleurs dans ces moments où il cherche à faire une mauvaise blague à Darwin. 

Il en a largement assez fait dans l'avion. 

Quand nous sommes sortis j'ai dû lui rappeler les raisons de rester discret. Nous sommes des putains de braqueurs et s'amuser à rentrer dans le système de notre vol pour nous amuser n'est pas permis. J'ai vraiment l'impression de bosser avec des enfants. Depuis que je l'ai engueulé, il se contente de laisser la fenêtre ouverte et de profiter du soleil tapant sur le pare-brise.

L'air texan s'infiltre dans la cabine à travers l'ouverture. Il est chaud et sec. Une odeur de terre brûlée et d'asphalte chauffé par le soleil imprègne mes poumons. C'est le genre de climat qui colle à la peau dès qu'on mets le pied dehors.

Je garde les yeux fixés sur la route. Le paysage commence à changer. Les immeubles et les routes de San Angelo disparaissent peu à peu, remplacés par des étendues de terre rouges, de buissons desséchés et quelques barbelés rouillés qui délimitent des ranchs éparpillés. 

Le Texas profond.

L'endroit où j'ai tout appris. 

C'est là que vit Rick, loin de tout, dans un lieu où il peut respirer et ne pas être dérangé. Surtout où les flics ne connaissent pas son ancienne activité. Il m'a tout appris des ficelles du vol. Et puis il y a maintenant huit ans, il m'a laissé reprendre le flambeau. Aujourd'hui il est retraité. Enfin officieusement. Il a mis suffisamment de côté pour vivre tranquillement des jours paisibles dans un trou perdu.

- Elle doit vraiment garder ça ? demande Darwin en désignant le bandeau de Sole dans le rétroviseur.

Ses sourcils se froncent légèrement, comme s'il doutait du sens de la manœuvre.

- Oui, elle doit, je réponds d'un ton sec. Pas question qu'elle sache où est Rick. On a pas besoin de faire de nouvelle connerie.

- Mais la pauvre quand même.

- Darwin, ce n'est pas négociable cette fois. Arrête de faire des caprices. J'ai des Cheetos dans mon sac. Je te les donne, si tu gardes le silence jusqu'à ce qu'on arrive.

Une lueur affamée brille dans ses pupilles.

- Ok ça me va, dit-il en tendant sa main vers moi.