On ne fuit jamais l'or

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ℝ𝕠𝕓

Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre, comme si la nuit avait décidé de me malmener. Les draps sont en désordre autour de moi. Un écho silencieux danse dans mes pensées. Cette nuit mon esprit à tourné en boucle.

Il ne m'a laissé aucun répit.

La pièce est plongée dans une semi-obscurité et les rideaux tirés laissent passer les premières lueurs du matin. La lumière tamisée qui filtre à peine est presque hostile. Elle me rappelle la pénombre dans laquelle je m'enfonce un peu plus. Mes yeux sont lourds, et chaque muscle de mon corps est engourdi, comme si j'avais essayé de me battre contre une mer de mauvais rêves toute la nuit.

Je ne pourrais jamais connaître un sommeil paisible. Dormir c'est comme réveiller une nouvelle partie de mon cerveau où les cauchemars envahissent chaque recoin. Depuis tout petit mes troubles ne me laissent aucun moyen de m'évader. Ils me tiennent prisonnier dans une cellule invisible. 

Je n'ai pas vraiment dormi.

Je ne dors jamais réellement.

L'esprit en ébullition, je me suis tourné et retourné dans le lit, incapable de chasser le visage de Sole de mes pensées. Ses yeux, remplis de terreur et d'incompréhension continuent de me hanter malgré les efforts que je fais pour les repousser.

Je la déteste de m'avoir marqué à ce point. 

Je me déteste d'être incapable d'oublier. 

J'ai l'impression d'être un monstre, d'avoir perdu ce qu'il me reste d'humanité. En même temps, je sais que la laisser partir était la meilleure chose à faire. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre le risque d'emmener cette fille. Son père est déjà à ses trousses, si ça se trouve à l'heure actuelle, elle est déjà de retour dans le coffre.

Pour une raison que j'ignore, mon estomac se noue.

"Peut-être car je me sens fautif de son sort"

J'ai aidé cette fille, je l'ai sortie de sa misère. Je ne lui dois plus rien.

Je soupire profondément. Le son de mon propre souffle sonne comme une accablante déclaration. Je me redresse lentement, le lit me semble maintenant comme un piège d'où il est difficile de s'échapper.

Je suis soulagé qu'elle soit partie, perdue quelque part dans les rues de New York. Une partie de moi se dit qu'avec un peu de chance elle a réussi à se cacher. Qu'elle a peut-être trouvé quelqu'un qui l'aidera, un endroit où elle pourra se reconstruire. 

J'essaie de me rassurer. 

 J'essaie de me convaincre que c'était la meilleure chose à faire. 

Je ne comprends pas pourquoi la pointe du remord s'enfonce dans ma poitrine. Elle me tâche d'une douleur sourde que je chasse comme un renard évitant les balles d'un fermier. Son départ était inévitable.  J'ai pris la bonne décision en la laissant derrière moi. Alors pourquoi les question persistent ? Pourquoi mon esprit me tourmente comme un spectre invisible ? 

Les fantômes de mes actions me hantent.

Je suis le fantôme.

Personne ne prendra cette place.

Je me lève finalement, mes pieds heurtant le sol froid avec une certaine brutalité. Je me dirige vers la table de chevet où j'aperçois une feuille laissée par Liam. Les mots sont écrits d'une main rapide, presque précipitée :

« Nous sommes partis déjeuner dans le café d'à côté. »

Je regarde ma montre et constate avec une certaine inquiétude que le temps est déjà bien avancé. Nous sommes en retard sur notre programme. Nous décollons dans 2h pour rejoindre le Texas. Ce sera notre dernier point d'arrêt avant de rentrer chez nous. 

ROB A BANKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant