ROB A BANK

Sole Seule

𝕊𝕠𝕝𝕖

Chaque membre de mon corps grelotte. Je ne m'attendais pas à ce que l'approche de l'automne  soit si saisissant. En même temps, je ne porte qu'un tee-shirt sale et une culotte noire. Je dois faire pitié à voir.  Mes pieds s'écorchent sur le bitume alors que je traverse la ruelle sombre où ce fameux Rob m'a abandonnée.

Il aurait pu au moins me donner une paire de chaussettes...

Ce mec ne vaut pas mieux que les autres. Il est tellement arrogant, froid et égoïste. La manière dont il m'a fixée me donne encore des frissons. Aucun remord n'a traversé ses pupilles quand il m'a ordonné de descendre du van.

Cet inconnu m'a abandonnée à mon triste sort.

Il m'a aussi rendu ma liberté.

Il m'a sauvée.

J'avance dans la pénombre, scrutant les moindres ombres et les bruits qui pourraient me mettre en danger. Chaque son est amplifié, chaque murmure du vent ressemble à une menace et chaque craquement me fait sursauter. 

Je suis faible. 

On vient de me rendre ma liberté et je n'ai pas la moindre idée de ce que je dois faire. J'ai toujours vécu captive. 

Je ne connais rien de la vie. Je pensais qu'être libre serait un état de pur bonheur. Il faut croire que je me suis trompée. Être seule dans cette ville m'effraie.  Elle ressemble à une vraie jungle moderne. Je ne sais plus où donner de la tête. Je suis juste une fille stupide qui parcourt des rues mal fréquentés. Qu'est-ce que je croyais ?

Que j'allais devenir une héroïne de roman ?

Je ne suis qu'une froussarde.

Une froussarde complètement stupide, avec des rêves stupides et qui croit encore que les voeux peuvent être exaucés.

Je ne sais pas où aller. Les immeubles se dressent comme des géants silencieux. Leurs fenêtres obscures me regardent de haut, indifférentes à ma détresse. Je suis seule, complètement seule.

Comme depuis toujours.

L'air est glacé. Je sens la morsure du froid s'infiltrer dans mes os. Chaque pas est une torture, mais je continue d'avancer, m'accrochant à l'espoir qu'il y a peut-être un refuge quelque part, un endroit où je pourrais me cacher, où je pourrais être en sécurité. Mais la réalité s'abat sur moi comme une douche froide : je n'ai nulle part où aller, personne vers qui me tourner.

Je me demande ce que je vais devenir. Je pourrais essayer de trouver de l'aide, mais à qui faire confiance ? Ce monde m'a appris que les apparences sont trompeuses, que derrière chaque sourire peut se cacher une menace. Et ici, dans les ruelles sombre de New York, les sourires sont rares et la méfiance est ma seule alliée.

Soudain, une voiture passe au loin, ses phares projettent de longues ombres sur les murs. Je me presse contre une paroie. Mon souffle se coupe et mon estomac se tord. Je ne veux pas être vue. Je ne veux pas attirer l'attention. Je n'imagine pas l'état de fureur de mon père et de Kros quand ils vont apprendre ma disparition.

Je ne veux pas qu'ils me retrouvent.

Quand le bruit du moteur s'éloigne, je me détends un peu, mais la peur est toujours là, tapie sous la surface. Mes pensées tournent en boucle. Rob m'a laissé ici, seule, sans ressources, mais au fond de moi, une petite voix murmure que c'est peut-être mieux ainsi. Loin de lui, loin d'Aleja, loin de Kros, loin de tout ce qui me retenait prisonnière.

Mais que vais-je faire maintenant ? 

Je ne peux pas rester immobile à attendre qu'une chose terrible se produise. Je dois bouger, trouver un moyen de survivre. Chaque mouvement me coûte, chaque pas semble me rapprocher un peu plus du bord du gouffre.