Trésor sans or

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ℝ𝕠𝕓

La porte de la chambre d'hôtel se referme derrière nous avec un grincement sinistre. L'odeur de renfermé et de sueur imprègne l'air. Elle s'infiltre dans mes narines et me rappelle à quel point ce plan est crucial. La moquette est usée, déchirée par endroits, et un papier peint jauni se détache des murs, révélant des traces de moisissure qui s'étendent comme des blessures ouvertes.

Mais tout cela n'a pas d'importance.

Ce ne sont que des détails insignifiants dans l'immensité de ce que nous sommes sur le point de réaliser. Mes pensées s'enchaînent, défilent à une vitesse que même moi j'ai du mal à contrôler.

Chaque possibilité, chaque variable, chaque détail doit être envisagé, recalculé, assimilé. J'analyse tout ce qui pourrait mal tourner pour éviter d'écarter une probabilité que je n'avais pas envisager. Mon trouble est une bénédiction dans ce boulot, une malédiction dans mes interactions avec les autres.

- Si je dois miser sur les cafards ou les rats, je préfère les cafards, intervient Darwin en déposant le sac d'armes au sol.

- Arrête Darwin, rien que d'y penser ça me dégoute.

Cameron pénètre dans la pièce exiguë en grimaçant. Le blond lui adresse un clin d'œil.

- Tu savais que la salive des rats était anesthésiante ? Je préfère largement les guilis des cafards que de me réveiller avec un orteil en moins.

- Putain Darwin Arrête !

Cameron lui lance un regard noir certainement en imaginant la scène.

- De toute façon nous ne dormirons pas ici. Alors mettons-nous au boulot maintenant.

Je fixe Liam, déjà assis à la petite table bancale au milieu de la pièce. Son matériel de hacking est éparpillé devant lui : un ordinateur portable, des câbles, des clés USB, des boîtiers en tout genre. Il est concentré, le visage éclairé par l'écran bleuté de son ordinateur. Il ajuste ses cables et se met au travail sans un mot.

C'est un pro, le genre de gars qui peut entrer dans un réseau sécurisé en quelques minutes, sans laisser la moindre trace. C'est lui qui nous garantit que tout se passera sans accroc, qu'aucune alarme ne se déclenche, qu'aucune caméra ne nous verra entrer ou sortir.

Je me tourne vers les autres. Darwin à arrêté de jouer les imbéciles et s'est accroupi dans un coin. Il inspecte une série d'armes soigneusement disposées dans le sac qu'il a apporté. Il les nettoie, les monte et les démonte avec une habilité que je n'aurais jamais. Ses doigts glisse sur le métal froid comme s'il caressait un trésor. Son visage est souriant, jovial, comme un enfant prêt à recevoir un cadeau. 

Les braquages sont sa dose d'adrénaline.

Sa sucrerie préférée.

Jarek, le nouveau, est debout près de la fenêtre sale, tentant d'apercevoir quelque chose à travers le rideau de crasse qui recouvre les vitres. En l'observant je remarque qu'il a ce regard qui en dit long : une vie passée à encaisser les coups, mais toujours debout, toujours prêt à en donner. Il est un peu nerveux et c'est normal. Cette mission représente un test. S'il échoue, il devra retourner errer dans les restaurants routiers.

Je me charge de lui faire un signe de tête rassurant. Je n'ai pas de temps pour les doutes, il n'y a pas de place pour l'hésitation ici.

Ma tête se perd dans trops détails à la fois...

Je prends une grande inspiration, me forçant à ralentir mes pensées. Tout est en place. Le plan est simple, mais il repose sur une précision chirurgicale. Je commence mon topo, ma voix est basse mais ferme, chaque mot est calculé.

ROB A BANKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant