5- Résolutions

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Les mois passent, et le deuil de Bakina continue de peser sur moi. La maison est encore imprégnée de sa présence, chaque pièce rappelant les moments que nous avons partagés. Cependant, la douleur s'estompe lentement, laissant place à une résolution de plus en plus forte. La vie au village de Sirop ne s'arrête pas, et je dois m'adapter pour survivre.



Je me suis mis à la pêche pour subvenir à mes besoins. Chaque matin, je me lève avant l'aube, prépare mes filets et ma canne, et pars en mer. Les premières semaines ont été difficiles ; mes mains se sont trouvées mal préparées pour les rudes tâches maritimes. Cependant, j'apprends vite, chaque jour m'apportant un peu plus de compétence et de confiance. Les poissons que je ramène me nourrissent, et les surplus que je vends au marché me rapportent quelques berries. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est suffisant pour survivre.



En plus de la pêche, j'aide les gens du village dans diverses tâches pour gagner un peu d'argent. J'effectue des réparations simples, aide à charger des marchandises, et même à garder les enfants. Les habitants me paient pour ces services, et certains me donnent aussi de la nourriture ou des vêtements en échange. Les regards de pitié que je recevais au début se sont transformés en quelque chose de plus respectueux. Ils voient que je fais des efforts pour me tenir debout malgré tout.



Un jour, je prends une décision qui me pèse depuis un moment : rendre visite à Kaya. Depuis le déclin puis la mort de Bakina, je l'ai peu vue, me tenant à l'écart par peur de montrer ma vulnérabilité. Kaya est une jeune fille discrète, mais elle a toujours été une amie précieuse. Le fait de l'avoir négligée me ronge, et je décide qu'il est temps de renouer les liens.



Je me rends à son manoir, une magnifique maison qui contraste avec la simplicité des habitations du village. À mon arrivée, je suis accueilli par Merry, l'un des majordome, qui me conduit à la chambre de Kaya.



« Usopp, je suis si contente de te voir ! » s'exclame-t-elle en me voyant, un sourire sincère illuminant son visage.



Nous passons la journée à discuter, à rire, et à partager des histoires. Elle me parle de ses livres, de ses rêves de voyages, et moi, je lui raconte mes efforts pour m'adapter à cette nouvelle vie. C'est une bouffée d'air frais. Kaya, avec sa gentillesse et sa curiosité, devient non seulement une amie mais aussi une précieuse alliée dans mon apprentissage.



Elle m'aide avec l'alphabet, un système d'écriture qui diffère de celui de mon monde d'origine. Apprendre à lire et à écrire ici est une tâche ardue, mais Kaya est patiente. Elle m'offre des livres et des cahiers, et nous passons des heures à pratiquer ensemble. Les progrès sont lents mais constants. Je commence à maîtriser les bases, ouvrant une nouvelle porte vers la connaissance et l'indépendance.



Parallèlement à mes études, je m'entraîne chaque jour. Je cours le long de la côte, soulève des poids improvisés, et pratique le tir à la fronde avec une précision croissante. La fronde, en particulier, devient une extension de moi-même, un symbole de la force que je construis. Je sais que dans ce monde dangereux, je dois être capable de me défendre, et je suis déterminé à ne plus jamais être pris au dépourvu.



Mme Charlotte continue de m'apporter des connaissances en guérison. Je passe des après-midi avec elle, apprenant à identifier les herbes médicinales, à préparer des onguents et des potions. Ses leçons sont précieuses, et je prends des notes attentives, construisant peu à peu un petit herbier. Ces compétences me donnent un sentiment de contrôle, une manière de contribuer au village et de prendre soin de moi-même.



La cuisine, aussi, devient une partie de ma routine. Les souvenirs de Nadeshiko, n'ont jamais inclus de compétences culinaires avancées. Mais ici, dans ce nouveau corps et cette nouvelle vie, je découvre le plaisir de préparer des repas simples mais nourrissants. Avec les poissons que je pêche et les légumes que je troque ou cultive, j'apprends à cuisiner des plats variés. Chaque plat réussi est une petite victoire, un pas de plus vers l'autonomie.



Les mois passent ainsi, remplis de labeur et d'apprentissages. Le deuil est toujours présent, une ombre qui plane sur mon quotidien, mais il ne m'écrase plus. J'apprends à vivre avec cette perte, à la transformer en une force qui me pousse en avant. Mon esprit, malgré les doutes et les moments de faiblesse, s'aiguise. Je suis déterminé à ne pas laisser les circonstances me définir. Ce monde est encore étranger, rempli d'inconnues, mais chaque jour je m'y intègre un peu plus, forgeant mon propre chemin.



L'isolement qui me semblait insurmontable au début devient une solitude productive, un espace où je peux réfléchir, m'entraîner, et grandir. Je sens que quelque chose en moi est en train de changer, de se renforcer. La femme que j'étais, l'homme que je deviens, tout cela se mélange en une identité nouvelle. Je ne suis plus seulement Usopp ou Nadeshiko ; je suis quelque chose d'autre, quelque chose en devenir.



Et dans cette transformation, il y a une résolution claire : je ne serai pas simplement une victime des circonstances. Je deviendrai plus forte, plus sage, et surtout, je créerai ma propre histoire dans ce monde. Peut-être qu'un jour, je trouverai ma place dans une équipe, une famille. Mais pour l'instant, chaque jour est une opportunité d'apprendre, de grandir, et de devenir une version de moi-même qui pourrait être digne d'affronter les aventures à venir.



Avec cette détermination, je continue mon chemin, les yeux fixés sur l'horizon, prêt à affronter ce que l'avenir me réserve.


UsoppOù les histoires vivent. Découvrez maintenant