Usopp

8- Inconnu

Le temps continue de filer, et à onze ans, j’ai commencé à me tailler une réputation dans le village de Sirop. Les habitants me connaissent comme un garçon travailleur et acharné, toujours prêt à aider et à s’améliorer. J’ai pris sous mon aile un petit trio d’enfants : Piment, Carotte, et Oignons, âgés de cinq ans. Ils me suivent partout, tels des canetons derrière leur mère, admiratifs de tout ce que je fais. Leur enthousiasme me fait sourire, et je m’amuse à leur raconter des histoires, mélangeant fiction et réalité, juste assez pour les fasciner sans les tromper complètement.

Mon entraînement avec Merry continue de s’intensifier. Ses leçons deviennent de plus en plus exigeantes, testant ma patience et ma persévérance. Nous travaillons sur des techniques de défense avancées et des exercices pour améliorer ma souplesse et ma force. Les séances sont dures, mais je ressens une satisfaction grandissante à mesure que je progresse. Mon corps devient plus fort, mes réflexes plus aiguisés.

Parallèlement, je me pose de plus en plus de questions sur mon avenir. Les choix s’entassent dans mon esprit comme autant de possibilités inexplorées. Dois-je rester dans ce village tranquille et mener une vie simple, ou suivre l’appel de l’aventure, comme les héros des histoires que j’aimais tant dans mon autre vie ? Parfois, je pense à mon père biologique dans ce monde, Yasopp, un pirate talentueux et célèbre. Est-ce que je devrais suivre ses traces, traverser les océans et découvrir le monde ?

D’autres fois, je pense à Kaito, mon frère aîné dans ma vie passée. Il était fan de One Piece, et je me demande comment il aurait grandi dans ce monde. Aurait-il suivi la même voie que Yasopp, ou aurait-il choisi une autre route ? Ces pensées me troublent, et j’essaie de ne pas trop m’attarder sur ce que j’ai laissé derrière moi. Il y a une certaine douleur à se rappeler un monde qui n’est plus le mien.

Pour échapper à ces réflexions, je trouve refuge dans la mer. La natation est devenue une compétence précieuse, et je m’entraîne régulièrement pour améliorer mon endurance et ma vitesse. L’eau a toujours été un lieu de réconfort pour moi, une échappatoire où je peux lâcher prise et laisser mes pensées dériver. Quand je suis dans l’eau, je me sens libre, comme si rien ne pouvait m’atteindre. Mais la mer m’effraie aussi. Son immensité, ses profondeurs insondables… Elle est belle, mais impitoyable.

Je me questionne souvent sur l'idée de devenir pirate. L'idée de naviguer librement, de découvrir de nouveaux horizons, est séduisante. Mais le choix de devenir marine ne me correspond pas. Les valeurs d’ordre et de discipline rigide que prônent les marines ne me conviennent pas, sans parler de leur implication dans des systèmes d’oppression comme l’esclavage. Même dans ce monde différent, certaines de mes convictions demeurent inébranlables. Je ne pourrais jamais servir une organisation qui cautionne de telles horreurs, même indirectement.

Un après-midi, après une longue session de nage, je sors de l’eau, essoufflé mais revitalisé. Le soleil brille haut dans le ciel, et l’air est chaud sur ma peau. Alors que je me sèche avec une serviette, je remarque un homme qui s’approche. C’est un vieil homme, son visage ridé par les années, mais ses yeux brillent d’une lueur vive.

Il s’arrête à quelques pas de moi, me regardant avec une expression que je n’arrive pas à déchiffrer. Je fronce les sourcils, me demandant ce qu’il peut bien vouloir.

« Usopp, » dit-il finalement, sa voix grave mais douce. « J’ai entendu dire que tu te poses des questions sur ton avenir. »

Je hoche la tête, un peu surpris qu’il soit au courant de mes réflexions intérieures. « Oui, c’est vrai. Je me demande ce que je devrais faire… »

L’homme sourit légèrement, un sourire énigmatique qui semble cacher bien des choses. « La mer est vaste et dangereuse, mais elle est aussi pleine de promesses et d’opportunités. Tu sais, j’ai quelque chose à te dire. »

Je le regarde, intrigué. « Quoi donc ? »

Il s’approche un peu plus, baissant la voix comme s’il allait révéler un secret. « Il y a quelque chose d’unique en toi. Quelque chose que même toi tu n’as pas encore découvert. Quand le moment viendra, tu comprendras ce que je veux dire. Mais sache une chose : la mer t’appelle pour une raison. »

Je reste figé, écarquillant les yeux de surprise. Sa déclaration est à la fois énigmatique et effrayante. Avant que je puisse poser des questions, il fait demi-tour et s’éloigne, me laissant seul avec mes pensées tumultueuses. La mer… m’appelle ?

Je me tiens là, regardant l’homme s’éloigner, une multitude de questions tourbillonnant dans ma tête. Qu’a-t-il voulu dire ? Quelque chose d’unique en moi ? Cette conversation, aussi brève soit-elle, éveille en moi une curiosité brûlante et un sentiment d’excitation mêlé de crainte.

Alors que le soleil commence à descendre vers l’horizon, je ne peux m’empêcher de me demander : que cache cette vaste mer, et quel rôle suis-je censé y jouer ? Une chose est certaine, cependant : ma vie au village de Sirop est loin d’être aussi simple que je l’avais cru.