11- Mugiwara

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Je viens tout juste de fêter mes dix-sept ans, il y a à peine deux jours. Comme chaque année, ce fut une journée tranquille, passée en grande partie seul, plongé dans mes pensées. Alors que je me regarde dans le miroir, je constate combien mon apparence a changé au fil des ans. Le visage que je vois n'est plus tout à fait celui d'Usopp tel que je l'avais connu dans le manga. Le temps et l'expérience ont sculpté une nouvelle version de moi-même, loin de la caricature de mon enfance.

Mes cheveux, autrefois courts et bouclés, ont poussé jusqu'à atteindre ma nuque, et je les porte souvent en tresses africaines. Mon regard, d'un bleu cristallin, contraste avec mes traits égyptiens, un mélange qui m'aurait paru incongru autrefois, mais qui est désormais une source de fierté. Mon nez, devenu droit et imposant, d'un type romain, ajoute du caractère à mon visage, me donnant une allure à la fois fière et déterminée. Cette transformation physique, bien que troublante au début, fait maintenant partie de mon identité.

Mon style vestimentaire reflète cette nouvelle acceptation de moi-même. Je porte une chemise cintrée en coton bleu turquoise, assortie d'un pantalon violet foncé, un ensemble pratique et confortable qui s'accorde bien avec mon quotidien actif. Mes bottes en cuir, robustes et fonctionnelles, complètent mon look. Autour de mon cou, des colliers de coraux et de coquillages rappellent mon lien avec la mer, tandis que les nombreux piercings dorés à mes oreilles ajoutent une touche unique à mon apparence. Malgré les contraintes de cette vie de villageois, je prends toujours soin de moi : une crème hydratante pour ma peau, de la crème solaire, et des produits pour garder mes cheveux sains et brillants.

Ces derniers temps, plusieurs villageoises m'ont invité à des rendez-vous, ce que je trouve flatteur. Cependant, conscient de mes ambitions futures et de mon incapacité à m'attacher à ce monde, j'ai décliné poliment. Les aventures d'un soir ne m'intéressent pas plus qu'elles ne l'auraient fait dans mon ancienne vie.


Je m'entraîne toujours avec acharnement, mais je sens que j'ai atteint un plafond de verre que seul le voyage et l'expérience pourraient briser. Mes visites chez Kaya se sont espacées, non par manque d'envie, mais à cause des efforts de Klahadoll, alias Kuro, pour limiter nos interactions. Malgré cela, j'ai affiné mes compétences en furtivité, me permettant de rester en contact avec elle. Kaya reste une amie précieuse, et nos moments de complicité, notamment lorsqu'on chante ensemble, sont des souvenirs que je chéris profondément.

La mort de Mme Charlotte, il y a deux ans, a été un coup dur. Elle était comme une grand-mère pour moi, un pilier dans ce monde étrange. Sa disparition m'a plongé dans une profonde déprime, mais grâce à la persévérance et au soutien du village, j'ai réussi à remonter la pente.

Aujourd'hui, alors que j'erre dans le village, je vois Piment, Carotte et Oignon se diriger vers la forêt à l'entrée du village. Ces trois-là, toujours aussi espiègles, semblent déterminés à accomplir une mission héroïque. Par habitude, je les suis à distance, m'assurant qu'ils ne se mettent pas en danger. Je me cache derrière un arbre, les observant se préparer à défendre le village contre des « pirates » imaginaires.

C'est alors que je les vois : trois silhouettes qui me sont étrangement familières. Zoro, avec ses cheveux verts et son habit usé ; Nami, avec sa chevelure rousse flamboyante ; et Luffy, chapeau de paille sur la tête. Mon cœur s'arrête une seconde. C'est impossible, et pourtant, ils sont là. Ce n'est plus un simple manga, c'est la réalité.

Je me frotte les yeux, presque convaincu que je suis en train de rêver. Mais non, ils sont bien réels. Zoro, Nami et Luffy, sortis tout droit des pages de One Piece, se tiennent devant moi, dans la chair. C'est étrange, presque déconcertant, de les voir ici, en dehors d'un manga. Je me souviens parfaitement de ma vie passée en tant que Nadeshiko, et tout cela semble tellement irréel. Et pourtant, la situation est bien réelle, tout comme eux.

Luffy s'amuse à effrayer les jeunes, un large sourire aux lèvres. « BOUH ! » crie-t-il en bondissant devant eux.

Oignon pousse un cri perçant, ses petites jambes tremblant de peur. Piment et Carotte reculent, la panique visible sur leurs visages. Luffy, hilare, semble s'amuser de leur frayeur, mais je sais qu'ils ne sont pas une menace pour les enfants. C'est instinctif : je saisis ma fronde, place une bille et la lance de toutes mes forces vers Luffy.

À ma grande surprise, il ne l'esquive pas. La bille rebondit simplement sur son corps, comme sur du caoutchouc. Zoro et Nami se mettent immédiatement en garde, prêts à riposter, tandis que Luffy me fixe avec une expression d'émerveillement, presque enfantine.

Je descends lentement de ma cachette dans l'arbre, les yeux rivés sur eux. Mon cœur bat à tout rompre. C'est surréaliste. Zoro et Nami me regardent avec méfiance, analysant chaque mouvement. Luffy, quant à lui, affiche un sourire immense, visiblement fasciné.

Je les regarde, et une pensée me traverse l'esprit : Je savais que ça allait arriver. Dans ma vie passée, en tant que Nadeshiko, j'avais lu One Piece des dizaines de fois. Je connaissais l'histoire par cœur, et je savais que Luffy viendrait un jour me proposer de rejoindre son équipage. Mais malgré tout, me retrouver ici, face à eux, me fait réaliser à quel point tout cela est étrange et inattendu.

« Hé ! T'es qui, toi ? » demande Luffy d'une voix enjouée.

Je prends une profonde inspiration, amusé par l'ironie de la situation. « Je suis Usopp, » dis-je avec un sourire en coin. « Le plus grand tireur d'élite de ce côté de la mer. »

Luffy éclate de rire, un rire sincère qui semble balayer toute tension. « Usopp, hein ? Ça sonne bien ! » Il s'avance vers moi, tendant la main avec enthousiasme. « Tu veux rejoindre mon équipage ? »

Voilà, la fameuse proposition. Même en sachant que cela allait arriver, entendre ces mots me fait un drôle d'effet. C'est une décision majeure, une question à ne pas prendre à la légère. Mais au fond de moi, je sais que c'est ce que j'ai toujours voulu. Cependant, je ne peux m'empêcher de jouer la carte de la prudence, ou peut-être est-ce juste pour me laisser le temps de m'y faire.

Je serre la main de Luffy, puis je relâche doucement son étreinte, un sourire pensif sur les lèvres. « Je vais y réfléchir, Capitaine. C'est une grosse décision. »

Luffy hoche la tête, toujours aussi enjoué.

Zoro et Nami, bien que toujours méfiants, échangent un regard puis sourient à leur tour. C'est le début de quelque chose de grand, je le sens.

UsoppOù les histoires vivent. Découvrez maintenant