Usopp

7- Fil

Les jours passent, et mon entraînement avec Merry devient une routine bien établie. Chaque matin, je me lève tôt pour travailler sur mes techniques de combat rapproché. Bien que ce domaine ne soit pas ma spécialité, j'apprends à apprécier la discipline et la concentration qu'il requiert. Mes mouvements deviennent plus fluides, et je commence à sentir une force naître en moi, tant physique que mentale. Merry est un excellent professeur, patient et encourageant, et ses leçons commencent à porter leurs fruits.

Un après-midi, je rends visite à Mme Charlotte pour continuer mon apprentissage en herboristerie. Sa petite maison est remplie de pots de plantes, de livres anciens, et d'une agréable odeur de thé aux herbes. Après une session d'apprentissage sur les différentes propriétés des plantes médicinales, nous nous installons dans son salon pour discuter. Mme Charlotte est une femme sage, avec une longue chevelure grise et des yeux pétillants de malice. Son savoir est immense, et elle a toujours une histoire intéressante à raconter.

« Tu fais de bons progrès, Usopp, » dit-elle avec un sourire. « Tu as un vrai talent pour retenir les informations sur les plantes. »

Je souris, touché par son compliment. « Merci, Mme Charlotte. J'essaie de m'appliquer. »

Elle prend une gorgée de son thé avant de continuer. « D'ailleurs, en parlant de talent, tu te souviens de Yves ? »

Je hoche la tête. Yves est un tailleur du village, un homme méticuleux et passionné par son travail. Il tient une petite boutique de vêtements non loin d'ici. Depuis quelque temps, j'ai remarqué qu'il semble particulièrement proche de Mme Charlotte, ce qui m'a mené à penser qu'il pourrait être plus qu'un simple ami pour elle.

Mme Charlotte continue, ses yeux brillants de malice. « Eh bien, il a eu un petit accident dans sa boutique. Il est tombé et s'est cassé le poignet. Pauvre Yves, il est furieux de ne pas pouvoir finir ses commandes pour cette année. »

Je fronce les sourcils, préoccupé. « C'est terrible. J'espère qu'il va bien. »

Elle acquiesce, souriant doucement. « Il ira bien, mais il a besoin d'aide. Je pensais que peut-être tu pourrais lui donner un coup de main. Après tout, je sais que tu as un certain talent pour la couture. »

Un sourire nostalgique se dessine sur mon visage à l'évocation de la couture. Ce simple mot éveille des souvenirs de ma vie passée, celle de Nadeshiko, gérante d'une boutique de prêt-à-porter. La couture était ma passion, un métier que j'avais appris à aimer et dans lequel j'avais trouvé une grande satisfaction.

« J'adorerais aider, » dis-je, un peu ému. « Ça fait longtemps que je n'ai pas touché une aiguille et du fil. »

Mme Charlotte, ravie de ma réponse, s'empresse de transmettre la nouvelle à Yves. Le lendemain, je me rends à sa boutique, prêt à offrir mon aide. Yves m'accueille avec un sourire chaleureux, malgré le plâtre qui enveloppe son poignet.

« Usopp, merci beaucoup de venir, » dit-il en m'invitant à entrer. « J'étais vraiment en difficulté, mais ta venue est une bénédiction. »

La boutique est petite mais bien organisée. Les murs sont recouverts de tissus de toutes les couleurs et textures, et les mannequins sont habillés de vêtements en cours de création. L'odeur familière des tissus me ramène instantanément à ma vie passée. Yves me montre les projets sur lesquels il travaillait avant son accident, et je m'installe rapidement à un poste de couture. Les premiers jours, je me concentre sur les tâches simples, coupant des tissus et préparant des patrons sous la direction de Yves.

Rapidement, je retrouve mes marques. Coudre est comme faire du vélo : même après des années, les gestes reviennent naturellement. Mes doigts se déplacent avec aisance, et je prends plaisir à travailler sur les différentes pièces. Yves, malgré sa blessure, reste très impliqué, donnant des conseils et des instructions. Il est impressionné par ma dextérité et ma rapidité d'apprentissage.

« Tu as vraiment un don, » dit-il un jour, en me regardant finir une couture complexe. « C'est rare de voir quelqu'un aussi jeune avec une telle maîtrise. Si jamais tu cherches un apprentissage, sache que je serais ravi de t'avoir. »

Je souris, touché par son compliment. « Merci, Yves. La couture me rappelle beaucoup de souvenirs. C'est apaisant de pouvoir créer quelque chose de mes mains. »

Pendant les semaines qui suivent, j'aide Yves à terminer ses commandes pour l'année. C'est un travail satisfaisant, qui me permet de retrouver une partie de ma vie passée tout en m'ancrant dans ma nouvelle réalité. Je m'épanouis dans cette activité, trouvant un équilibre entre mon entraînement physique et mes compétences créatives.

Lorsque le poignet de Yves guérit enfin, je continue à passer du temps à la boutique, non plus par nécessité, mais par plaisir. C'est devenu un passe-temps, un moyen pour moi de me reconnecter à une partie de moi-même que j'avais presque oubliée. Yves, toujours aussi bienveillant, m'encourage à poursuivre cette passion.

Entre la pêche, l'entraînement, les visites chez Kaya, et maintenant la couture, ma vie est bien remplie. Le village de Sirop est paisible, et je commence à m'y sentir chez moi. Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser à l'avenir. Le monde est vaste, et je sens en moi une curiosité grandissante, une envie d'explorer au-delà des frontières du village.

Pour l'instant, je me concentre sur l'amélioration de mes compétences. Je sais que je dois être prêt pour tout ce que l'avenir me réserve. Que ce soit en tant que couturier, guérisseur, ou guerrier, je veux être capable de faire face aux défis qui se présenteront. Chaque jour est une nouvelle opportunité d'apprendre et de grandir, et je suis déterminé à ne pas les laisser passer.