Chapitre 1

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Je suis assise dans la salle d'attente de l'aéroport, les yeux fixés sur la piste à travers l'énorme baie vitré . Mon billet en main, je le vérifie une dernière fois avant de rentrer dans l'avion : siège 22B, en classe éco, près de l'allée. Une pointe d'excitation me traverse.

Une fois à l'intérieur de l'appareil, je m'installe et glisse mon sac à dos sous le siège devant moi. Je m'amuse à observer les passager, scrutant leurs visages, leur regards anxieux, les gestes hésitant qu'ils peuvent avoir pour deviner qui en est à son premier vol.

Mon petit jeu est interrompu par une vieille dame qui s'approche de mon siège lentement, l'air embarrassée.

- Excusez-moi, mademoiselle. Dit-elle doucement. Mon mari et moi avons, par erreur, réservé nos places séparément. Il est assis quelques rangées plus loin, et j'aimerais vraiment être à côté de lui. Accepteriez-vous d'échanger votre place avec la sienne ? J'ai déjà demandé à plusieurs personnes, mais ils ont tous refusé.

Sans hésitation, je lui réponds avec un grand sourire :

- Bien sûr madame, il n'y a aucun problème !

Je me lève pour la laisser passer. La vieille dame me remercie chaleureusement et m'indique le numéro de ma nouvelle place. Je découvre alors avec surprise que mon siège se trouve en première classe. Une montée d'excitation me gagne tandis que je m'installe, souriant poliment à l'homme assis à côté de moi.

- Cette place est déjà prise. Dit-il sèchement sans même prendre la peine de lever les yeux de son ordinateur.

Je pose mon sac au sol et m'installe tranquillement avant de répondre avec un large sourire enthousiaste aux lèvres :

- Oui, par moi.

Son expression devient perplexe lorsqu'il pause enfin ces yeux sur moi.

- Il doit y avoir une erreur, quelqu'un d'autre était assis là avant vous.

Je lui explique brièvement l'échange de places avec la vieille dame. À mesure que je parle, son visage s'adoucit légèrement et une tension disparaît de ses traits.

L'avion décolle et, malgré l'atmosphère initialement tendue entre l'homme et moi, je décide de rester positive. Je m'installe confortablement dans mon siège et sors un livre pour passer le temps. Mon voisin, quant à lui, travaille frénétiquement sur son ordinateur depuis une bonne demi-heure maintenant.

-Je suis désolé pour ma réaction de tout à l'heure. Dit-il, sa voix plus douce, rompant le silence.

- c'est déjà oublié, ne vous inquiétez pas.

Nous échangeons quelques banalités, et à ma grande surprise, nous nous retrouvons à rire ensemble très rapidement comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Pourtant, quelques heures plus tard, une nouvelle tension s'installe, comme un courant électrique dans l'air. Nos regards se croisent, s'attardent un peu trop longtemps. Mon cœur s'accélère, et je peux voir dans ses yeux une lueur qui réveille un désir en moi. Je décide d'ignorer cette sensation troublante et me replonge dans ma lecture, essayant de faire taire cette petite voix intérieure qui me crie de lui sauter dessus.

En traversant le couloir de la première classe pour aller au toilette, je remarque que chaque siège est séparé par un petit rideau épais. Il est tard, et seuls quelques ronflements discrets émanent des sièges voisins. L'avion est plongé dans l'obscurité, éclairé seulement par une lueur bleu qui provient des lumières de sécurité.

En entrant dans les toilettes, je reste bouche bée. Elles sont plus spacieuses que celles de mon appartement, ce qui me semble presque absurde. Je me regarde dans le miroir, les pensées encore tournées vers cet homme . Est-ce que c'est son costume légèrement serré, ces fossettes, ou cette froideur qui m'attire ainsi autant vers lui ? Mes joues rougissent rien qu'en y repensant.

- Allez, ressaisis-toi ma vieille, sérieux tu es ridicule. murmuré-je à moi-même, tentant de reprendre mes esprits avant de me recoiffer et de quitter la cabine.

Mais en revenant, il est là debout au milieu du couloir. Son regard est intense, captivant, et il s'approche, si près que je peux sentir la chaleur émanant de son corps. Nos regards se verrouillent l'un dans l'autre et l'intensité de ce moment me fait frissonner.

Soudain, il attrape doucement mon poignet et m'entraîne dans la cabine, s'assurant que personne ne se trouve dans le couloir. L'espace confiné des toilettes devient soudainement étouffant. Sa main effleure mon bras, ce qui envoie une vague de chaleur à travers tout mon corps. Chaque millimètre qui nous sépare semble brûlant et chaque battement de cœur résonne comme un tambour dans ma poitrine.

Il ferme doucement la porte derrière nous. Nos respirations s'accélèrent, deviennent plus profondes. Ses lèvres frôlent les miennes, une invitation à laquelle mon corps répond immédiatement, se cambrant vers lui. Il hésite un instant en m'observant quelque seconde avant de m'embrasser avec une passion dévorante.

Les trente minutes qui suivent ont été de loin les plus intenses de ma vie. Jamais je n'aurais imaginé vivre une telle expérience avec un parfait inconnu , surtout dans un endroit aussi inattendu. De retour à nos places, je suis soulagée de constater que tous les rideaux sont encore fermés.

- Personne ne vous a vue, ne vous inquiétez pas. Par contre, je suis surpris que personne ne vous ait entendue. chuchote-t-il avec un ton moqueur, marchant derrière moi.

Je rougis instantanément et lui donne une légère tape sur le bras avant de m'asseoir rapidement à ma place.

La suite du vol est passé plutôt rapidement, et alors que je m'apprêtais à quitter l'avion, l'homme m'interpelle.

- Attendez. Tenez, mon numéro. Dit il en me tendant un bou de papier.

J'attrape le papier et lui souris avant de tourner les talons pour sortir de l'avion. Au fond de moi, je sais que je ne le rappellerai jamais.

Des choses bien plus importantes m'attendent désormais, et je ne peux pas me permettre d'être distraite par ce genre d'histoire.

L'idéologie du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant