Chapitre 5

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Cet après-midi, j'ai été appelée pour une réunion importante avec mon équipe. Rien qu'en entrant dans la salle, je sens une tension palpable. Ana, ma conseillère en communication, m'accueille avec un regard désolé, ce qui ne fait qu'accentuer mon malaise.

- Je suppose que tu sais exactement pourquoi on t'a appelée aujourd'hui, ma belle, dit-elle d'une voix douce, presque compatissante.

Bien sûr que je sais pourquoi je suis ici. Depuis ce matin, je ne peux pas échapper aux clichés qui circulent en boucle partout sur internet. Les photos de la soirée d'hier montrent Julien et moi dans des positions compromettantes, comme s'il y avait une proximité que je n'ai jamais voulue. Sur l'une des images, il semble beaucoup trop proche de moi, et sortie de son contexte, cette photo pourrait presque laisser croire que je le regarde amoureusement.

Ana n'hésite pas à lire les différentes réactions sur internet.

« Ennemis en public, mais loin de l'être en privé, comme le montrent ces photos ultra-hot ! »

« Omg, je les shippe trop ensemble ! »

« L'inattendu ennemies to lovers, j'adore !!! »

Chaque mot me fait grimacer. Je suis écœurée que les gens puissent croire à ce genre de rumeurs, et pire encore, qu'ils en soient ravis ! Les regards de mes collègues autour de la table sont gênés, mais ils ne disent rien. Certains paraissent même croire en ces absurdités, ce qui m'exaspère.

- Que ce soit bien clair : il ne se passe rien entre lui et moi, si quelqu'un en doutait encore dans cette salle ! je lance, plus pour moi-même que pour eux.

Ana prend une inspiration avant de répondre.

- Oli, on te croit, ne t'inquiète pas. Mais il faut avouer que ces photos sont très suggestives, et je crains que Moran ne les utilise pour gagner en popularité auprès du public.

Nous avons passé le reste de la matinée à discuter des prochains débats et des interviews que je vais avoir cet après-midi. Depuis le début de ma campagne, j'attends ces moments avec impatience. C'est l'occasion pour moi de parler enfin de mon programme en profondeur, sans être interrompue toutes les trois secondes par des idiots. Je me suis préparée pendant des semaines pour que ces interviews soient parfaites.

Mais dès le début des entretiens, je sens que quelque chose ne va pas. Les journalistes ne semblent intéressés que par une seule chose : ma supposée liaison cachée avec Moran. Chaque question, chaque insinuation tourne autour de ce sujet ridicule. J'essaie tant bien que mal de ramener la conversation sur les sujets qui comptent vraiment, comme le manque de place pour les migrants et le programme misogyne de la droite. Mais rien n'y fait.

En arrivant chez moi, je m'effondre littéralement. Je pleure toutes les larmes de mon corps, sentant que tous mes efforts pour cette campagne s'effritent à cause de rumeurs stupides. Après un moment, je prends mon téléphone et compose le numéro de Justine.

- Allô ? répond-elle.

- Justine... dis-je en sanglotant.

- Qu'est-ce qui se passe, ma belle ? murmure-t-elle, inquiète.

- J'ai foiré toutes mes interviews. Ils n'ont fait que me parler de ce gros con et je n'ai presque pas pu parler de mon programme !

Entre deux sanglots, je lui explique tout, en détail, depuis la réunion de ce matin jusqu'aux interviews de l'après-midi. Justine écoute attentivement sans m'interrompre, ce qui me réconforte un peu.

- Oli, je ne veux pas jeter de l'huile sur le feu, mais tu ne crois pas que c'est lui qui a tout manigancé ?

- Comment ça ? je demande, intriguée.

- Tu ne trouves pas ça bizarre, toi, qu'il se retrouve par hasard dans la même boîte que nous le seul soir où tu décides de sortir, et qu'en plus, quelqu'un vous prenne en photo pile au moment où il vient te parler ?

Les pièces du puzzle commencent à se mettre en place, et la colère monte en moi.

- Je vais le tuer ! Dis-je en hurlant.

L'idéologie du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant