Je suis arrivée au studio, bouillonnante de rage. Dès que j'aperçois Julien au bout du couloir, je marche d'un pas rapide vers lui et l'attrape par le bras pour l'entraîner sans un mot dans ma loge.- Houla, doucement, Mettignon. Si tu voulais qu'on aille dans ta loge, il suffisait de le demander. Dit-il avec un sourire provocateur.
- Ta gueule, Moran ! Répliqué-je, la voix tremblante de colère. Je le fusille du regard, incapable de contenir la fureur qui monte en moi.
- C'est toi qui as tout manigancé, avoue ! Hurlé-je en le pointant du doigt violemment.
- De quoi tu parles ? demande-t-il d'un air innocent.
- Les photos de nous en soirée, c'est toi qui as manigancé tout ça pour saboter ma campagne !
Il éclate de rire, un rire froid, moqueur, qui résonne dans la petite pièce, amplifiant ma colère.
- C'est vrai que j'aurais pu faire ce genre de coup, si je me sentais menacé par toi. Admet-il avec un sourire en coin.
Il marque une pause, ses yeux perçants plantés dans les miens, tandis qu'il se rapproche, envahissant mon espace personnel de sa présence suffocante.
- Mais entre toi et moi, Mettignon, je n'ai pas besoin de créer ce genre de plan foireux pour ruiner ta campagne. Tu la gâches déjà très bien toute seule en passant ton temps à parler de la cause des migrants aux Français, alors que tout le monde s'en fou.
Sans réfléchir, ma main se lève et s'abat avec force sur sa joue, le son sec de la gifle résonnant dans la pièce.
- Va te faire foutre. Craché-je, la voix pleine de mépris, avant de tourner les talons et de sortir en claquant la porte.
Le débat télévisé qui a suivi a été très mouvementé. Le médiateur et les autres candidats ne savaient plus où se mettre, tellement Julien et moi monopolisions tout le débat en nous coupant la parole sans arrêt. Des milliers de sous-entendus flottaient dans l'air, et nos échanges se transformaient en attaques personnelles à peine cachées. Si j'avais pu, je lui aurais sauté dessus pour le frapper en plein plateau.
À la fin du débat, je me précipite vers les toilettes pour rincer mon visage d'eau froide, espérant calmer mes nerfs. En me regardant dans le miroir, je m'aperçois que je suis encore rouge de colère. Je sais que les gens sur internet ne vont pas manquer de réagir à ce débat, et je redoute déjà les commentaires.
Soudain, la porte s'ouvre me faisant sursauter. Je me retourne et reconnais immédiatement la jeune femme qui entre dans la pièce. C'est la fille que j'ai vue avec Julien samedi.
Elle me sourit aimablement et s'avance pour laver ses mains dans le lavabo à côté du mien.
- Des fois, je me demande vraiment comment tu arrives à débattre aussi calmement devant la stupidité de Julien, dit-elle en riant doucement, ses yeux fixés sur ses mains.
Je l'observe à travers le miroir, surprise par ses paroles. Elle semble sincère, presque amicale.
- En tout cas, moi, j'adore le voir se faire remettre à sa place par toi ! ajoute-t-elle avec un grand sourire, ses yeux pétillants de malice se posant sur moi.
- Merci. Murmuré-je timidement, un peu désorientée par cette situation inattendue.
- Désolée pour l'autre soir, je n'ai pas eu le temps de me présenter. J'étais vraiment pas dans mon assiette. Lou, enchantée. Dit-elle en me tendant la main, son sourire toujours aussi chaleureux.
Je lui serre la main, un peu gênée, ne sachant pas trop quoi penser de cette situation. Pourquoi est-ce que la copine de Moran me soutiendrait ?
- Olivia. Dis-je finalement, lâchant sa main.
- Je suis contente d'enfin pouvoir te rencontrer ! Dit-elle avant d'ouvrir la porte pour sortir, me faisant signe de la suivre.
En sortant des toilettes, nous tombons nez à nez avec Julien. Lou lui fait une accolade tandis que je reste là, encore sous le choc de ce qui vient de se passer.
- Qu'est-ce que vous faisiez toutes les deux là-dedans ? Nous interroge Julien, son ton légèrement méfiant. J'espère que vous ne parliez pas trop de moi. Dit-il fièrement.
- Non, mais je rêve, c'est quoi ce cauchemar ? me dis-je intérieurement. Est-elle au courant de ce qu'il s'est passé entre lui et moi pour qu'il lui parle ainsi ? Je sens mes jambes flancher, ne sachant plus où me mettre.
- Pas du tout, j'expliquais à Olivia à quel point j'étais fière qu'une femme remette mon grand frère en place aussi bien, dit-elle en riant.
- Grand frère ?
Les mots m'échappent, mais je devais être sûre de ce que je viens d'entendre.
- Olivia, je te présente ma petite sœur, Lou. Dit Julien, un léger sourire en coin, savourant visiblement mon désarroi.
- Je ne savais pas que tu avais une sœur.
- Pourtant, elle est partout sur mon Instagram, dit-il d'un ton amer.
Je me sens bête sur le moment. J'étais persuadée que cette femme était sa copine. Maintenant que je les vois ensemble, la ressemblance est frappante. J'ai été idiote de ne pas m'en rendre compte plus tôt.
- En tout cas, c'était un plaisir de te rencontrer, il m'a souvent parlé de toi. Dit Lou avec un sourire malicieux.
Julien lui donne un léger coup de coude, ce qui la fait sursauter.
- Aïe, petit con ! s'exclame-t-elle en riant.
- On ferait mieux d'y aller, on doit rentrer à la maison. Se dépêche-t-il de dire avant de partir.
- À la prochaine, Olivia, crie Lou en suivant son frère.
Je reste là, immobile, essayant d'assimiler tout ce qui vient de se passer.
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L'idéologie du coeur
Fiksi PenggemarOlivia, la nouvelle candidate du parti de gauche « Tous Solidaires », rencontre lors d'un vol un homme mystérieux dont le charme et la profondeur la captivent instantanément. Leur connexion est immédiate et brûlante. Mais lorsque, sur le plateau du...