Chapitre 2

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- Oli, tu es prête ?

Ana, ma conseillère, ajuste ma chemise légèrement froissée avec un sourire rassurant. Ses gestes sont précis et délicats, comme si chaque détail comptait pour m'aider à être parfaite.

- Je crois que oui !

- Fais comme aux répétitions, et tout sera parfait ! Ils vont t'adorer, fais-moi confiance.

Aujourd'hui est un jour crucial pour moi et mon équipe : c'est ma première apparition publique à la télévision pour représenter mon parti politique « Tous Solidaires » lors des élections législatives.

- Tout le monde t'adore déjà sur les réseaux sociaux. Alors quand les Français verront que derrière tous ces posts dénonciateurs et engagés se cache une jeune femme comme toi, ils seront subjugués, crois-moi.

Ana a toujours les mots pour me réconforter et me donner un coup de boost.

- Tu connais les autres candidats et leurs programmes par cœur, tu n'as pas de raison de t'inquiéter ma belle.

Je lui souris, reconnaissante, avant de me diriger vers le plateau. Lorsque nous entendons nos prénoms, nous devons entrer un à un pour nous installer derrière notre pupitre. Je suis l'avant-dernière candidate à être présenté.

Une fois à ma place, je ferme les yeux un instant pour me concentrer sur ma respiration et essayer de paraître la plus détendue possible. Les caméras qui se déplacent, les projecteurs qui illuminent le plateau, tout cela contribue à un mélange d'adrénaline et d'angoisse.

- À présent, nous allons accueillir notre dernier candidat qui, tout comme mademoiselle Mettignon est nouveau lui aussi.

Je redresse les yeux vers le médiateur. Un nouveau candidat ne faisait pas partie de mes plans.

- Il y a eu un changement de dernière minute au sein du parti de droite « France unie ». Monsieur Moran cède sa place à son fils cette année, Monsieur Julien Moran.

Lorsque le candidat entre et que mes yeux se posent sur lui, mon cœur s'arrête net et je manque de m'écrouler sous le choc. Il passe près de chaque pupitre pour nous serrer la main, et lorsque vient mon tour, je peux voir à son regard que lui aussi n'était pas prêt à me revoir ici. L'homme, que j'avais rencontré dans l'avion il y a quelques semaines, se tient là-devant moi, en plein débat politique diffusé devant toute la France.

Il esquisse un léger sourire en coin avant de se diriger à son tour vers son pupitre. Je me force à me concentrer sur le médiateur et à ne pas regarder dans sa direction.

Lorsque vient mon tour de parler, je me ressaisis rapidement et déballe notre programme avec conviction, en détaillant le point le plus important pour nous : le retrait de la loi sur l'immigration que nous jugeons raciste et xénophobe. Nous souhaitons mettre en place une politique inclusives, favorisant l'intégration et la solidarité.

Après plusieurs heures de débat, épuisée, je me dirige vers les loges lorsque quelqu'un attrape mon bras.

Julien se tient devant moi, son regard perçant fixé sur moi.

- J'aurais aimé qu'on se retrouve dans de meilleures conditions.

- Lâche-moi.

Il me lance un sourire narquois.

- Bah alors, on ne se vouvoie plus maintenant ?

- Je n'ai aucun respect pour les mecs comme toi.

Il se penche vers moi, sa voix chargée de sous-entendus.

- Tu étais beaucoup plus détendue la dernière fois qu'on s'est vus.

- Si j'avais su à qui j'avais affaire, crois-moi, j'aurais préféré que l'avion s'écrase plutôt que de te toucher du bout de mes doigts.

L'idéologie du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant