Chapitre 4

26 3 0
                                    



Cette semaine, je me suis rendu chaque jour dans différents centres d'accueil pour migrants. Je m'engage auprès des bénévoles, offrant mon aide dans les tâches quotidiennes, et je passe du temps à discuter avec les familles pour comprendre leurs besoins et voir comment je peux les soutenir davantage.

C'est déchirant de constater que dans certains centres d'accueil, les gens arrivent dans des conditions d'hygiène déplorables, souvent épuisés et assoiffés. Les infrastructures sont parfois insuffisantes, et les moyens manquent cruellement pour offrir un accueil digne à ces personnes déjà fragilisées par leur parcours.

Je ne suis pas ici pour la campagne électorale, même si cela pourrait facilement être interprété ainsi. Depuis plusieurs années, dès que mon emploi du temps me le permet, je viens prêter main-forte aux centres d'accueil.

C'est précisément pour ces personnes que je ne dois absolument pas laisser Moran remporter ces élections. S'il parvient à être au pouvoir, ces pauvres gens n'auront plus nulle part où aller, et rien que cette perspective me donne la nausée.

***

Ce soir, c'est l'anniversaire de Justine. Bien que je n'aie pas vraiment la tête à sortir, je ne peux pas manquer cet événement. Pour l'occasion, je décide de sortir de ma zone de confort. Je troque mes habituelles vestes de tailleur et pantalons larges pour une petite jupe noire assortie d'un haut élégant. Ce soir, j'ai envie de me sentir belle, de m'amuser et de profiter de la soirée avec mes copines sans penser aux élections.

Une fois arrivée devant la boîte, je remarque quelques regards se poser sur moi. C'est probablement des gens qui me reconnaissent et se demandent ce que je fais là.

- Ils te regardent parce que tu es trop canon ce soir. Murmure Justine avant de m'entraîner à l'intérieur.

Nous nous dirigeons directement vers la piste de danse et passons deux bonnes heures à nous déhancher sans interruption. Ça fait un bien fou de s'amuser et de relâcher un peu la pression. J'adore mon travail, mais c'est vrai que parfois, je m'oublie complètement dedans.

- Je vais chercher un verre, j'arrive les filles.

Elles acquiescent et je pars en direction du bar pour me commander à boire.

Alors que je suis adossée au comptoir, je sens quelqu'un s'installer à côté de moi. Je n'y prête pas attention jusqu'à ce que cette personne m'adresse la parole. Mon sang ne fait qu'un tour lorsque je reconnais cette voix méprisante que je connais trop.

- Mademoiselle Mettignon, quelle surprise.

Je toise Julien du regard. Lui aussi n'est pas habillé comme d'habitude. Il porte une chemise légèrement entrouverte, plus décontractée que celle qu'il porte d'habitude.

- Je vais finir par croire que tu me suis, Moran.

J'attrape mon verre et me redirige vers la piste de danse, mais celui-ci me suit.

- Tu devrais mettre ce genre de tenue lorsque tu viens en débat. Je suis sûr que Jean te laisserait volontiers son temps de parole grâce à ça.

Je me retourne brutalement vers lui et le fusille du regard.

- T'as de la chance que ce verre m'ait coûté un rein, sinon je te l'aurais déjà balancé à la figure, imbécile. Excuse-toi tout de suite.

Il se rapproche de moi, entouré d'une foule qui est occupée à danser et à se bousculer légèrement.

- C'était pas une insulte, Oli. C'est juste que je n'ai pas l'habitude de te voir dans ce genre de...

Il marque une pause en descendant ses yeux le long de mon corps, ce qui me met extrêmement mal à l'aise.

- Accoutrement. Termine-t-il.

- Eh bien, regarde-moi bien parce que je refuse de passer une minute de plus avec toi.

Je m'enfonce dans la foule, mais il parvient à m'attraper par le poignet et à m'attirer vers lui.

- J'ai vu tes petites photos dans les centres d'accueil pour migrants, c'était bien joué pour ta campagne, je dois l'avouer.

Je le regarde, écœurée.

- Non, pas que j'ai des comptes à te rendre, Moran, mais je n'ai jamais voulu que ces photos sortent. Je ne fais pas ça pour attirer la sympathie des électeurs. Je n'ai pas besoin de ça, contrairement à toi.

Il rigole jaune et se penche vers moi pour me dire quelque chose, mais avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche, une fille nous rejoint.

- Julien, on peut rentrer à la maison ? Je suis épuisée.

Je me retourne vers la femme et la reconnais immédiatement : c'est la femme sur les photos de son Instagram.

- J'arrive tout de suite, on se rejoint à la voiture.

Lorsqu'elle part, je hausse les sourcils en le regardant avec mépris.

- Jalouse, Mettignon ? Dit-il avec un sourire en coin.

Je rigole faussement avant de rajouter.

- Tu devrais peut-être lui dire que tu l'as trompée en couchant avec moi il y a quelques semaines, tu ne crois pas ?

- Qu'est-ce qui te fait dire que c'est ma copine ? Dit-il, amusé.

- Pitié, on ne voit qu'elle sur ton Instagram.

- Tu m'espionnes maintenant ? Dit-il, intrigué par la situation.

- J'observe la concurrence, c'est tout. Et les gars comme toi me dégoûtent.

Il se met à rigoler, ce qui m'énerve encore plus. Qu'est-ce qui peut bien être drôle dans cette situation, sérieusement ?

Il se rapproche dangereusement de moi et, avec un air narquois, il me dit :

- T'es mignonne quand t'es jalouse Mettignon .

- T'es écœurant, Julien. Craché-je avant de le pousser et de retourner près de mes amies.

L'idéologie du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant