Chapitre 7

29 6 17
                                    

Fabrice

Cela faisait seulement cinq jours que la guerre avait commencé et j'étais plus surchargé que lors de l'épidémie de gastro-entérite de mille-huit-cent-soixante-dix. C'était neuf ans auparavant et je m'en souvenais comme si c'était la veille. Des dizaines d'animaux défilant pour signaler la mort d'un proche sur les toilettes, cela créait de la paperasse. Là, c'était presque la même chose. Remplacez simplement toilettes par champ de bataille et vous aurez un aperçu de la situation. Enfin, pas totalement, en réalité, ce qui rendait le tout plus difficile, c'était que nous devions informer les familles et pas l'inverse.

La bataille de la Forêt aux Fruits entamée le jour précédent avait connu un succès et l'ennemi fut contraint de reculer. Malheureusement, cela ne fut pas sans mal et mon taux de travail s'en trouva doublé. Quant à celle des Marais Boueux, il était un peu plus dur d'en deviner l'issue. L'avenir nous le dirait. Au sud, la bataille de la Glagine faisait rage depuis quatre jours et tout laissait penser que l'armée de l'air allait y percer les défenses de celui de la terre. En somme, un fouillis incroyablement difficile à gérer.

Heureusement, Édouard avait, pour une fois, fait preuve de bon sens et ordonné que l'on recrute toutes les personnes dont le métier n'était pas essentiel à la survie de la patrie. Nous étions la première nation à avoir pris cette initiative et j'espérais qu'elle nous mènerait vers la victoire.

Il décida aussi, sur mon conseil, d'envoyer tous les enfants de plus de six ans aux camps d'entraînement pour se former aux arts de la guerre. Après un petit séjour au milieu des soldats, ils devaient partir rejoindre leurs aînés au front. Les premiers étaient arrivés la veille au soir et s'étaient battus vaillamment toute la journée. Je savais que les jeunes avaient du potentiel, mais pas à ce point.


Le Totem - T1 - Une ère de haineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant