Chapitre 8

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Michel

Je me réveillai dans une cave sombre, face à un cochon avec un calepin.

— Comment tu t'appelles ? demanda-t-il.

— Michel.

— Michel quoi ?

— Raroper. Où suis-je ?

— Chez moi. Mes colocataires et moi avons intercepté tes deux kidnappeurs. Pourquoi étais-tu dans ce filet ?

— Parce que j'ai été capturé.

— Oui, je me doute, mais pourquoi et par qui ?

— Parce que j'ai déserté et par mon ami Serge et une lionne que je ne connais pas.

— C'est une coutume de guerrier de prendre son collègue pour un poisson ?

— Euh... non.

— Alors ce Serge n'est pas ton ami !

— Il avait raison de me capturer, j'ai déserté, je vous dis !

— Pourquoi ?

— C'était horrible, des morts partout dans la boue, des cous tranchés, du sang, de la violence.

— En résumé, tu as juste vu la guerre et tu t'es enfui.

— Oui.

— Bon, tu vas pouvoir racheter ta lâcheté. Je fais partie de la rébellion, un groupe qui lutte contre la guerre. Si tu nous aides pendant cinq ans, tes fautes te seront pardonnées.

— C'est faux, ce n'est pas un groupe qui croit pouvoir lutter contre quatre royaumes à la fois qui va me soutirer un pardon d'Édouard.

— Quand nous aurons réussi, nous serons des héros, tu seras pardonné.

— De toute façon, j'ai aucun autre endroit où loger. Je reste ici. D'ailleurs, où habitez-vous ?

— Tu peux me tutoyer, tu sais. Actuellement je vis avec trois personnes dans une ferme du village de la montagne. Il a été renommé village rebelle. Moi, c'est Robert. Viens, je vais te présenter tout le beau monde.

Il m'entraîna dans une cuisine où un ours et une truie préparaient une omelette.

— Voici Julien et Jeanne, mes colocataires dans la rébellion.

Le premier se tourna et me tendit une grosse patte griffue.

— Enchanté, tu vas vivre avec nous ?

— J'en sais r...

— Oui, confirma Robert, Kraftig me l'a dit.

— Vous obéissez à Kraftig ? m'étonnai-je.

— Ouais, c'est lui le patron du mouvement, confirma Julien.

— Ah, donc ce n'est pas juste une association de désespérés suicidaires.

— Haha, tu me plaîs, ricana l'ours.

Un vieux rhinocéros entra.

— T'es le nouveau venu, c'est ça ? Moi, c'est Lucien, le proprio de la ferme, tu peux m'appeler Lulu.

— L'omelette est prête ! clama Jeanne.

On mangea tous les cinq et j'en appris un peu plus sur chacun : Julien était arrivé peu avant moi pour fuir le combat, Jeanne était épicière et avait vu tous ses stocks réquisitionnés par l'armée et Robert avait fui Poissonia Village où tout le monde était devenu fou. Ce dernier était un peu renfermé ; heureusement, Julien et Jeanne étaient remplis de joie de vivre et parvenaient à sauver la cuisine de la dépression.

Nous terminâmes la journée en travaillant au champ de Lulu avant de partir nous coucher. Je ne savais pas combien de temps cette vie durerait, mais c'était ma seule option.


Le Totem - T1 - Une ère de haineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant