Never too late...

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Elle rentra consulter ses mails, rentra le numéro dans son téléphone, et lui envoya un SMS de remerciements. Ils échangèrent alors quelques messages, mais leur contenu était banal.
« Au fait, c'est quoi ton prénom, déjà? » «Anna». Bon, OK, il n'est pas intéressé. En même temps, vu ton allure, ça devait pas être chouette, tu m'étonnes ! Je vais lui foutre la paix.

Elle sentit une pointe de déception, et reposa son téléphone. Tant pis. Sa vie était un désert amoureux en ce moment. Parfois, elle avait trois prétendants d'un coup, mais actuellement, elle n'en avait plus un seul. Elle avala un café, et s'endormit.

Quelques jours sans évènement marquants passèrent, puis elle eut des réponses sur le forum motard au sujet de l'organisation d'une balade moto. Rendez-vous était pris pour le 24 août. Elle faisait partie d'un petit moto-club, mais son ex ayant décidé de lui pourrir la vie, il participait à toutes les sorties, se garantissant ainsi de l'empêcher de rouler. La moto était une part importante de sa vie, et il le savait bien. Elle était donc désormais souvent seule pour aller se balader, et avait donc lancé l'idée de se retrouver avec les participants du forum pour quelques balades dans la région.

Elle consulta le forum la veille de la balade. Rien. Cool, ça tenait toujours ! Elle partirai le lendemain à neuf heures, elle allait donc ne pas se coucher trop tard. Son téléphone s'anima, interrompant momentanément la musique. Rico forum. Ohhhh, le beau motard mécano sympa !

« Coucou ! J'ai réparé ma moto pour la balade demain. Je peux venir. Vu qu'on n'habite pas loin, je peux passer te chercher et on ira retrouver Agnès à Sombernon ensemble ? Donne-moi ton adresse si ça te va ? Rico»

Elle sentit son bas-ventre s'animer, et ses entrailles se nouer déjà de stress. Elle répondit instantanément.

« Ben carrément ! C'est au 105, ruelle d'Auxonne, juste derrière le bureau de tabac au coin de la rue. Une cour avec un grillage blanc. Disons 9h15 ? Par contre, je suis pas une rapide en moto...»

« Cool ! T'en fais pas, ça ira ! A demain alors, je passe te prendre. Rico»

J'espère que je ne vais pas rougir sans arrêt, se dit-elle. Je ne sais même pas si il est célibataire... Si ça se trouve, il est marié avec trois enfants. Ses hormones se calmèrent instantanément. Elle s'endormit avec du mal ce soir-là.

Elle se leva et pensa immédiatement à lui. Elle s'empressa de se lever, se doucher et déjeuner, avant de tenter d'améliorer son physique. L'ennui, c'est que le maquillage, en moto, ça coule. Elle y renonça donc. « Toute façon, c'est une sortie moto, pas drague... »

A neuf heures, elle entendit une moto passer sous ses fenêtres, une Ducati, c'était à ne pas s'y tromper. Elle repartit, puis fit demi-tour et se gara juste devant son garage. Elle tenta de se préparer tout en surveillant son activité. Il avait l'air d'hésiter sur la marche à suivre. Elle dévala les escaliers et le trouva au bas des marches. Mais qui, à part les pilotes, pouvait aussi bien porter une combinaison de moto ? Elle sentait déjà ses joues s'enflammer.

« Salut ! Ça va ? »

« Coucou ! Bien, et toi ? Je suis en avance, j'avais peur de ne pas trouver, mais c'était facile, en fait ! Du coup, on a le temps, c'est rendez-vous 10h30 à Sombernon. Je suis passé chercher les croissants, du coup !»

« C'est gentil ! J'ai le temps de fumer une cigarette avant de partir alors ? Tu veux un café ?»

« Ah ben là oui, pourquoi pas ? »

Elle se retourna pour monter les escaliers, il la suivait du regard. Elle le fit entrer et alla servir une tasse de café à la cuisine.

« Installe-toi ! » lui dit-elle, en désignant le canapé du menton. Ils s'installèrent et commencèrent immédiatement à discuter de tout et rien. Elle lui proposa une cigarette, qu'il accepta. Au bout d'un moment, elle jeta un œil à son téléphone. « On ne va pas tarder ? »

Ils attrapèrent leurs affaires et commencèrent à s'équiper. Ils descendirent les escaliers dans un concert de crissements de bottes et de cuir, tout en plaisantant. Il rejoignit sa moto.

« Il faut que tu recules, tu es garé devant mon garage, en fait ! »

Il sourit et effectua la manœuvre. Elle ouvrit la porte, et donna une caresse à sa moto en lui souhaitant le bonjour. « Bonjour, ma belle, j'espère que tu es en forme, parce que tu vas en voir, aujourd'hui ! »

Elle entendit sa voix plus proche qu'elle ne l'aurait cru. « Ah, tu l'aimes, au moins, ta moto ! »

Elle se retourna les yeux brillants. « Ah, elle, c'est la femme de ma vie ! Je peux me passer d'un homme, mais pas de ma moto ! Je ne suis pas toujours soigneuse, mais après trois ans de vie commune, je suis toujours aussi amoureuse ! » Elle passait, tout en parlant, la main le long des courbes généreuses de l'engin.

« Ça, c'est de l'italienne sexy ! Elle a des courbes magnifiques. Je n'arrive pas à m'en lasser ! »Il était secoué de rires. « Prends pas peur, je suis à moitié folle, c'est normal ! » Et il repartit de plus belle.

Il reprit son sérieux. « Il est trop bien ton garage ! » « Oui, je sais, c'est un des atouts de l'appartement. Ça m'a fait craquer ! »

« Ça serait top pour bricoler ! Et t'as la lumière en plus ! Sans rire, tu ne veux pas m'en louer la moitié ? Je te donne un billet, et je viens juste bricoler de temps en temps ! »

Elle rit en sortant son engin. Il sortit, comme à regret, du garage et referma la porte derrière lui. Ils démarrèrent leurs moteurs dans un vrombissement assourdissant. Il avait au moins l'élégance de rouler doucement. Ils arrivèrent rapidement au lieu de rendez-vous où les attendaient deux autre motards.

« En avant toute, direction Avallon pour récupérer le dernier motard. Qui connaît la route ? J'ai des cartes dans le sac à dos, mais je ne sais pas lire les panneaux ! Et je roule toujours en dernière position, parce que je suis super lente ! »

« T'exagères, tu ne roules pas si mal, on a bien roulé pour venir ! »

Elle sourit largement. « Il est mignon, un vrai gentleman ! »Et elle se mit à rire, bientôt rejointe par les autres. Ils démarrèrent peu après. La route fût morne et sans intérêt particulier. Rico lui avait fait signe de passer devant lui, et après deux signes de refus, elle avait dû se résoudre à le doubler.

Xavier, Agnès, Stéphane, Rico et elle-même : ils formaient un sympathique groupe, ne roulaient pas trop vite, et avaient bien discuté et ri. Ils s'arrêtèrent pour le repas de midi dans un petit restaurant en bord de route. Les discutions s'animèrent. Et ce fût Agnès qui lui posa la question fatidique.

« Alors, tu n'as pas emmené ton homme ? »

« Heu, ben en fait, j'en ai plus ! » Et elle rit nerveusement.

« Oups ! Désolée. Racontes un peu, si tu veux bien, histoire qu'on se connaisse tous un peu mieux. »

Elle hésita. « Ben, je suis restée sept ans avec, et je suis partie en janvier. On n'avait plus rien en commun, et on ne voyait plus la vie pareille. Je ne sais pas ce qu'ont les hommes à trente ans, mais ils sont pris d'un soudain besoin de se reproduire immédiatement. Et moi je voulais études et mariage avant. Et il ne voulait plus attendre. En plus, il ne faisait quasiment plus de moto avec moi, on ne faisait plus rien ensemble, et je ne lui plaisais plus. Quand ça devient de la colocation, ça ne sert plus à rien de continuer... »

« C'est sûr ! C'est bien que tu n'aies pas arrêté la moto pour autant. C'est rare de voir une fille qui aime vraiment ça ! Ok. Et toi Alex ? »

« Moi, je suis marié, j'ai deux enfants, mais elle n'aime pas trop la moto. Je viens d'être muté dans le Morvan il y a un mois. Donc, pareil, il faut aussi que je retrouve des nouveaux copains pour rouler ! Et toi, Rico ? »

« Ola ! Moi aussi, c'est compliqué. Jamais été marié, j'ai une copine que je vois de temps en temps, sans plus. Jamais eu d'enfants, mais à 41 ans, c'est un peu tard pour y penser ! » Il eût un sourire gêné. « Je suis plutôt pistard en principe, mais si je trouve des copains, j'aime bien rouler sur route aussi, mais maintenant, j'ai tendance à trouver ça plus dangereux. Enfin, moins, depuis mon high-side il y a trois semaines ! » Et ils se mirent à rire tous de bon cœur.