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             « Il était une fois un vieux Rico qui vivait tout seul avec ses motos. Il pensait qu'il n'y avait rien de plus important dans la vie. Et un samedi matin, il a vu arriver une petite nana en Ducati. Ah, si tu l'avais vue. Elle m'a dit qu'elle n'était pas bien fraîche, qu'elle avait abusé la veille... Mais moi, petit bébé, je vais te dire ce que j'ai vu. C'était un tout petit bout de femme à croquer. Elle avait les cheveux en bataille retenus par un élastique. Elle était tellement mignonne. Sous ses airs de motarde, elle était gracieuse, délicate et distinguée. Tellement sexy quand elle levait la jambe sur sa moto, quand elle enlevait son casque ou ses gants... Ses yeux bleus pétillaient de vie, et son sourire... Ohhhh... Elle m'a tendu la main, mais j'ai préféré l'embrasser pour respirer son odeur. Elle sentait bon le gel douche et le parfum. Elle avait l'air gênée. Quand elle m'a vu, j'ai vu son menton tomber raide. Ça, c'est parce qu'elle était déjà amoureuse ! » Il rit en lui lançant un clin d'œil.

« Elle regardait les fesses à Papa en croyant être discrète... Je lui ai réparé sa moto... Juste une purge de freins, je te montrerais comment on fait ! Si Papa n'était pas aussi élégant avec les femmes, il l'aurait embrassée au lieu de lui faire la bise. Quand elle est partie, j'avais déjà envie de la revoir. Son petit jean moulant, son petit haut qui laissait voir le creux de ses seins... »

« Mais, tu sais, papa il s'est dit qu'il était déjà trop vieux pour intéresser une petite minette comme ça ! Elle lui avait envoyé quelques petits messages, mais c'était peut-être juste de la sympathie...Mais Papa n'arrivait pas à l'oublier. Alors Papa, il a réparé en quatrième vitesse son 749 pour aller à la ballade avec elle. Je me sentais comme un jeune puceau. Je me suis dit que j'allais tenter ma chance. »

« Papa a alors eu une idée de génie avec le plan du garage, une bonne raison de voir sa belle minette plus souvent. Et Papa est devenu très ami avec elle. Et je te présenterai Gabriel aussi. S'il ne m'avait pas encouragé et secoué, tu ne serais peut-être pas là aujourd'hui... J'ai essayé de la séduire petit à petit. Evidemment, quand tu la verras, tu comprendras, j'avais envie d'un peu plus que d'amitié. J'ai découvert alors qu'en plus d'être une jolie petite nana, elle était aussi une très belle personne. Et Papa a pris un coup derrière les étiquettes... Il est tombé amoureux sans même le voir venir... Vieillir, ça n'a pas que du bon ! Et je n'ai même pas vu qu'elle m'aimait bien aussi... J'ai été très nul. »

« J'ai préféré fuir plutôt que d'assumer. Fuir devant une petite minette de vingt-six ans... Ta virilité en prend un sacré coup ! Mais tonton Gab a secoué les puces de Papa, et ensemble, ils ont préparé une belle surprise. Je me suis rendu compte que je ne voulais pas passer un jour de plus sans elle. Papa a acheté une belle petite moto, jumelle de la sienne, pour cette belle jeune femme. Il a choisi une bague, et il lui a tout dit. Je lui ai tout avoué. J'avais la trouille, bébé. La trouille qu'elle ne veuille pas de moi, et de mes vieux os. Mais elle m'a embrassé, alors ça m'a donné du courage... »

« Je me suis mis à genoux devant elle. J'avais l'impression d'aller à l'abattoir. Papa a ouvert un coffret avec une bague et la clef de la moto. Il voulait faire quelque chose de spécial parce qu'elle n'était pas du tout comme les autres filles. Et elle a dit oui... J'y croyais pas, bébé. Cette femme allait être la mienne. A quarante-et un ans, j'allais me marier ! Et depuis, j'ai connu le bonheur à chaque instant près d'elle. Mais, bébé, il y a des choses que je ne te raconte pas, parce que ça, c'est du 'à nous deux'... » Il eut un sourire.

« Même quand on s 'engueule, je l'aime quand même, bébé ! Toi aussi, bébé, tu découvriras combien on peut l'aimer, sans limites ! Te dire ce que j'ai ressenti quand elle est apparue avec sa combinaison blanche et son voile dans les cheveux à la mairie ! J'ai la photo sur mon bureau, je te montrerais... Et quand elle est arrivée à l'église. Elle était tellement belle, dans sa belle robe blanche. Je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée qu'elle est à moi, et qu'elle m'aime... »

« On s'est trouvé une belle maison, où j'espérais bien pouvoir t'aménager une petite chambre douillette. Je t'attends depuis le jour du mariage, tu sais ? Papa, il avait très envie que sa petite graine donne un petit bébé... Mais pas elle. Aujourd'hui, je sais que c'est parce qu'elle a peur, et pas parce qu'elle veut s'en aller. Et là, elle secoue la tête, et me trouve bête... Oui, il y a quand même des fois des trucs qui m'exaspèrent, chez elle.»

« Bref, papa a beaucoup... aimé... cette fille. Et hier, quand il est rentré, il l'a trouvée en pleurs, mais elle refusait de lui parler... Heureusement, tonton Gab c'est un fouineur, et je suis un peu jaloux, je dois dire. Il l'a su avant moi... Bref, il a dit à Papa de regarder dans la poubelle. Et quand ma belle femme s'est endormie, je l'ai fait, et j'ai trouvé un test de grossesse positif. Ma petite graine fonctionne bien, malgré la vieillesse ! J'étais tellement heureux ! ... »

« Et puis j'ai eu peur... peur de vous perdre tous les deux. » Sa voix se brisa. Il donna un baiser sur son ventre. « Alors, Papa promet qu'il fera tout son possible tous les jours, pour mériter de vous garder près de lui, tous les deux. Papa t'aime déjà toi, petit bébé, et aussi tellement ta ... Maman... »

L'émotion était palpable. L'adoration entourait sa voix. Il se tut quelques minutes. Elle lui grattait les cheveux à la base du crâne. Ils profitaient de leur moment, goutaient pleinement à leur bonheur. Puis il reprit sur un ton plus léger :

« C'est une belle histoire, n'est-ce pas petit bébé ? Eh bien, c'est la mienne, alors il y a des choses que je me garde pour moi... J'ai une chance incroyable de vous avoir tous les deux. »

« Mais Papa se pose tout de même quelques questions... Par exemple, Papa espère que son petit bébé est un petit mec... Et il se demande si tout va bien, là, au chaud dans ta maman... Il se demande si tu vas être un petit Rico-Beurk ou tout beau... Si tu auras les yeux de ta mère... Et aussi depuis combien de temps tu es là-dedans... ? »

Elle éclata de rire. « Ça, pour le savoir, il nous faut un rendez-vous chez une gynécologue ! »

Le soir-même, ils entendirent sonner à la porte. C'était un Gabriel radieux qu'ils trouvèrent devant la porte, accompagné de Laura, et de leur petite Natacha.

« Félicitations, vieux ! On n'y croyait plus ! Tu vas être Papa aussi ! » Il le secouait franchement, et lui tapait dans le dos.

Le tranquille bonheur et la sérénité animaient la maison. Des fou rires les prenait : lorsque Gabriel faisait remarquer que neuf mois à tenir le ventre d'Emmy, ça allait être long ; ou quand Rico faisait la grimace en réponse aux pleurs de Natacha.

             « Bon, eh bien, tout est en ordre ! Vous êtes tout de même déjà enceinte de quatre mois. ! »

Ils échangèrent un regard complice. Oui, ils se souvenaient parfaitement de ce jour... Le garage... Rico pinça les lèvres, et elle rougit violemment. Comme c'était étrange de la désirer si fort, dans un tel moment.

« On va faire des analyses pour vérifier que tout va bien, et il y aura des vitamines à prendre. Je vous imprime des photos de l'échographie. Vous souhaitez connaître le sexe ? »

Rico tenait la main d'Emmy, regardant d'un air dubitatif la gynécologue appuyer profondément sur son ventre enduit d'un gel visqueux. Lui qui avait peur du simple contact de ses lèvres sur l'espace où grandissait son enfant. Elle eut un petit rire à la grimace de Rico : ils n'avaient pas réussi à s'accorder sur la question. Rico brûlait de savoir, Anna n'avait pas d'idée préconçue. Elle l'aimerait, quel qu'il soit. Elle prit sur elle.

« Bon, allez, dites-nous ce que c'est... »

Rico eût un mouvement d'impatience. « Tu es vraiment d'accord ? »

« Oui, embrasse-moi d'abord ! » Il l'embrassa rapidement et releva la tête, espérant trouver la réponse sur le visage de la professionnelle.

« ... Eh bien, c'est... un petit garçon ! »

Rico fit une pirouette sur lui-même : « Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! »

« Oh non, tu vas me le voler tout le temps dès qu'il aura une main assez grosse pour tenir une clé de 10 ! » Elle fit la moue devant les deux visages hilares qui la regardaient.

Never too late...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant