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            Ils avaient désormais emménagé dans une petite maison pleine de charme... et de travaux à faire... comme l'avait fait remarquer Gabriel. Ils vivaient heureux et insouciants. Jusqu'au jour où Gabriel arriva avant que Rico ne rentre du travail.

N'obtenant aucune réponse, il entra dans la maison. Du bruit venait des toilettes. Il s'approcha et entendit des vomissements. Il ouvrit de grands yeux, il entendit la chasse d'eau, et aperçut Anna courir à la salle de bain.

Elle revint à la cuisine, pour y trouver un Gabriel, narquois qui l'observait attentivement.

« T'as un truc qui ne passe pas ? »

« Oui, je pense que j'ai mangé un truc qui me va pas. »

« Ah, alors ça n'a rien à voir avec ce test de grossesse positif que j'ai trouvé dans la poubelle de ta salle de bain, il y a déjà deux jours ? » Il tenait la boite entre ses mains d'un air dégagé.

Elle se laissa tomber dans le canapé avec une mine déconfite. « Je te signale que j'ai quand même eût Laura qui avait cette tête pendant trois mois... »

« Gab, t'es un fouineur. C'est vilain ! » Il sourit.

« Comme Rico ne m'a pas appelé en sautant de joie, j'imagine que tu ne lui as pas encore dit...T'attends de grossir assez pour qu'il le voie tout seul ? »

« Jettes ça ! Il ne va pas tarder à rentrer ! »

« Pourquoi ? » insista-t-il.

Elle se mit à éclater en sanglots.

« J'ai la trouille, Gab. Une peur bleue... »

Ils entendirent une voiture se garer devant la maison. « Merde, c'est Rico ! »

Gab jeta négligemment le test dans la poubelle et sortit. « Je repasserais plus tard, je dois aller chercher Laura. Remets-toi bien !»

Elle vit à sa mine que Rico s'inquiétait instantanément de la voir dans cet état. Elle se recroquevilla sur son fauteuil, et pleura. Toutes les larmes qu'elle retenait depuis deux jours semblaient déborder de ses yeux. Elle n'arrivait plus à s'arrêter.

Elle entendit les clefs de Rico tinter alors qu'il les posait sur la table. Il s'approchait à grands pas, tout en retirant son blouson. Elle se recroquevilla encore plus, comme dans une tentative désespérée pour l'éviter. Il s'approcha, caressa ses cheveux, et l'entoura de ses bras. Il posait sa joue contre sa tête. Oh, comme elle se sentait mal ! Et maintenant que Gabriel savait, elle ne pouvait reculer l'aveu plus longtemps. Elle portait déjà la honte de ne pas avoir partagé cela en premier avec Rico.

Elle pleura longtemps, refusant de dire un seul mot à Rico. Elle faisait mine de ne pas entendre ses questions répétées. Il la berçait de ses bras. Elle se retrouva en boule sur ses genoux, contre le torse de l'homme qu'elle aimait si fort. Mais comment lui annoncer cela ? Elle était tellement en colère contre elle-même d'avoir fait cette bourde !

Pas maintenant, c'était bien trop tôt. Elle n'était pas encore rassasiée de son homme. Elle sentit qu'il jetait un coup d'œil à sa montre. Il la souleva dans ses bras puissants, et la porta, contre son cœur, jusqu'au lit, où il entreprit de la déshabiller. Il la borda comme une enfant, et lui murmura :

« Je reviens, diablesse. »

Il se dirigea vers la cuisine, attrapa une tasse qu'il emplit de café. Il savait que cela lui faisait du bien. Il était désemparé devant le chagrin qu'elle éprouvait. Elle était d'habitude si forte, invincible, et si difficile à déstabiliser ! Tandis qu'il regardait le micro-onde s'animer d'un regard morne, le conseil étrange de Gabriel lui revint en mémoire. « Heu, penses à sortir la poubelle... ». Que signifiait cette attitude. Une pointe de jalousie lui serra le cœur, il savait, lui, ce qui n'allait pas. Pourquoi ne lui disait-elle pas ?

Never too late...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant