Never too late...

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          La gêne revint à la fin du repas. Rico lui demanda :

« Alors, comment ça se fait qu'une jolie petite minette comme toi reste célibataire, indépendante, intelligente, et qui fait de la moto, en plus ! Si j'avais dix ans de moins... » Il rit, gêné.

Souriante, elle baissa la tête : « Tu sais, je suis plutôt garçon manqué. Je préfère acheter un pneu de moto plutôt que des fringues, passer mon samedi les doigts dans un moteur plutôt que dans le vernis, boire de la bière au bord d'un circuit avec les potes... Et le reste de l'année, je bosse comme une folle sur mes cours par correspondance... Personne ne supporte ça. C'est d'ailleurs pour ça, en partie, que je suis célibataire. Je suis la bonne copine, mais pas une fille qu'on présente à ses parents... »

Elle eût un sourire contraint. Il eût un sourire empreint de gentillesse.

« Je ne vois rien de mal dans tout ça ! Ce n'est pas parce que lui, ça ne lui allait pas, que tu ne trouveras pas. Si j'en avais trouvé une comme ça, ma situation serait sûrement bien différente aujourd'hui ! Je regrette mes vingt ans ! Oui, quel âge tu as ?» Son sourire aurait éclipsé la lune. Elle était sous le charme, décidément. Elle rougit encore, maudissant ses joues.

« J'arrive aux vingt-six, je fais plus partie des jeunes, ça y est ! »

Il lui posa une main sur la cuisse, accentuant sa rougeur. Son souffle s'accéléra à ce contact. Il la fixa, la faisant fondre.

« Je suis sûr que tu trouveras ! Dis, j'étais sérieux à propos du garage, loues-en moi une partie, s'il-te-plaît ! »Elle rejeta la tête en arrière et rit ouvertement pour cacher sa gêne, alors que la main de Rico restait sur sa cuisse. Elle fit mine de se remettre en place dans son siège de manière à se dégager de cette étreinte. Elle sentit la main glisser, comme à regret, puis se retirer.

« Non, mais tu veux rire ! Je te ferais faire un double de la clé, et tu viens quand tu veux bricoler là-dedans, pourvu que j'aie la place de ranger ma belle. Je ne vais pas te faire payer ça ! En échange, tu me fileras un coup de main pour la mécanique quand j'aurais besoin ! »

« Oh, ben nan ! Ça craint, si tu trouves un homme, je vais être à la rue ! »

Elle haussa les sourcils. « Je ne laisse personne me dicter ma conduite. Je fais ce que je veux, quand je veux, t'as l'air d'être digne de confiance. Et tu m'as bien dépanné alors que tu ne me connaissais même pas ! N'importe qui qui soigne ma bébé moto est mon ami ! » Et elle rit.

Il fit un sourire appréciateur. « T'as du caractère, petite miss ! Tu me plais ! Alors affaire conclue ! Mécanique contre coin de garage ! » Et il tendit une main qu'elle serra fermement, il semblait ne pas vouloir la lâcher. Agnès vint rompre le charme.

« Ouhhhhhhhh ! On fait de belles rencontres avec ce forum, n'est-ce pas ? » Le reste de la balade passa rapidement. Ils se séparèrent peu à peu, et elle rentra, comme elle était venue, avec Rico.

Elle pensait qu'il allait bifurquer en direction de chez lui, mais il la suivit jusque chez elle. Ils s'arrêtèrent devant le garage. Elle ouvrit la porte et rentra sa moto dans le garage. Il rentra à son tour dans la petite pièce. La tension était palpable. Elle fit mine de l'ignorer.

« Par contre, quand tu viendras bricoler, il faudra penser à amener tes outils, parce que moi, c'est plutôt limité ma gamme... » Dit-elle dans un rire.

« Ça va être sympa ! Je m'occuperais des stocks de bière ! T'es sûre que ça ne te dérange pas ? »

« Ah non ! Juste, si ça ne te dérange pas, de temps en temps, je viendrais regarder pour apprendre des trucs ! Au contraire, je trouve ça cool d'avoir un pote de mécanique ! Attends, j'essaye les clefs, si ça se trouve, j'ai déjà un double... jamais essayé... ah, ben oui, tu vois ! » Et elle décrocha la clef, et la lui tendit. Il l'accrocha à son propre trousseau. « Attends, je reviens, je vais chercher deux bières fraîches ! »