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                     Elle préparait son sac, la peur au ventre. Trois semaines passées sans nouvelles de Rico. Trois semaines de pleurs depuis longtemps, des heures à se ressasser tous leurs bon souvenirs, jusqu'à ce dernier baiser sur sa nuque... Elle ne pouvait pas s'en empêcher, il fallait qu'elle le voie. Qu'ils parlent.

Elle endossa son sac, attrapa son casque et fila rejoindre sa moto. Elle fit à peine quelques mètres, et se stoppa net. Deux Ducati trônaient devant chez elle. Leurs pilotes discutaient entre eux à voix basse. L'un d'entre eux tournait nerveusement ses gants entre ses mains dans tous les sens. Quand il vit le regard de son ami, il cessa immédiatement, et jeta ses gants sur son réservoir.

Elle restait là, incapable de bouger. Il était encore plus beau que dans ses souvenirs. Son petit bouc était taillé à la perfection. Ses yeux semblaient inquiets. Il se planta devant elle, et respira à fond. Puis il sembla que sa résolution s'écroulait comme un château de cartes.

« Pardonnes-moi. Je suis trop con. J'ai quarante-et un ans et je viens de prendre la plus dure leçon de ma vie par mon pote et une petite nana de vingt-six ans. Laisses-moi une autre chance, s'il-te-plaît, de te prouver à quel point tu es importante pour moi.... Tu m'as tellement manqué... »

Sa voix craquait, et ses yeux étaient humides. Elle respira à fond devant la détresse qu'elle lisait sur son visage. « Ça fait combien de temps que tu fais le sitting devant ma porte en attendant que je sorte ? »

Il sourit, contraint. « Deux heures et demi, environ... ».

Et sans prévenir, elle se jeta dans ses bras, pleurant à chaudes larmes : « Toi aussi, tu m'as tellement manqué... J'ai cru que tu ne voulais pas de moi, même en amie... »

Il la serrait fort dans ses bras, posant des baisers dans ses cheveux, tenant sa nuque contre son torse, de peur qu'elle lui file entre les doigts. Leurs yeux étaient fermés. Elle ne vit pas ses lèvres s'arrondir et prononcer silencieusement les mots qu'elle rêvait d'entendre : « Je t'aime, ma petite diablesse ». Ils restèrent ainsi quelques minutes, puis Gab s'approcha :

« Bon, z'êtes trop mignons les amoureux, mais c'est pas le tout, on va finir par être en retard avec vos conneries ! On a de la route !»

Ils se désunirent, comme à regret. Il l'embrassa sur le front, la serra à nouveau dans ses bras, et se décida enfin à la lâcher. Elle sortit sa moto du garage, reçut encore un baiser sur la joue, puis ils enfilèrent leurs casques alors que Gabriel, exaspéré, levait les yeux au ciel. Ils échangèrent un regard complice et se mirent en route. Il roulait derrière elle, pour mieux l'admirer. Cette tigresse était à lui, mais il sentit le stress monter d'un cran à l'approche du lieu de rendez-vous.

Ils garèrent les motos dans la cour, échangeant encore des regards. Ils installèrent leurs affaires au dortoir, puis redescendirent partager une bière avec les autres présents. Il avait constamment une main autour de sa taille, et posait parfois un baiser sur ses joues ou son front. Ils avaient alors les yeux brillants comme deux adolescents. La question fatidique arriva après quelques bières.

« Dis donc, Rico, tu la couves bien du regard la petite miss Anna. Il y a quelque chose qu'on devrait savoir ? »

« Non, rien. Rien que vous devez savoir tout de suite. »

« Oh, merde ! Il y a quelque chose ! T'es quand même pas tombé sous le charme d'une petite minette de quinze-vingt ans de moins que toi, vieux ! Tu vas ramasser tes dents ! »

« N'importe quoi, bon je vais me chercher une bière moi ! »

Il se fit arrêter en chemin par Gabriel. « Arrêtes de picoler, vieux. Il faut que tu sois en état ! »

Never too late...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant