Coup d'un soir

Chapitre 2 La femme

Comment vous dire qu'une phrase comme ça, cela vous réveille directement. Je me redresse et l'observe, abasourdie.

— Pardon ?

— Oui, ma femme et moi sommes un couple libre.

— Ok, j'avoue que je ne m'attendais pas à ça.

— J'espère que tu n'es pas fâchée, mais je ne savais pas trop comment te le dire hier, me dit-elle en se mordant sa lèvre.

Ce geste est beaucoup trop sexy pour moi. Elle me fait complètement craquer.

— Non, non. Je ne crois pas, surprise est le bon terme.

Je ne sais pas trop quoi penser de la situation, le petit déjeuner va être sympa. C'est la première fois que je me trouve dans cette situation. Je regarde ma montre, il est 10 h, je dois me rendre au bureau avant midi afin de récupérer un dossier avant d'aller manger chez mes parents.

— Je vais devoir y aller. Il faut que je passe à mon travail.

— Un samedi ? Tu fais quoi ?

Je me lève, enfile mon jeans et cherche mon débardeur.

— Je suis directrice adjointe chez Mickaels entreprise. Nous sommes spécialisés dans la biotechnologie.

— Oh !

Liz redresse le drap sur son buste et rougit. Je me stoppe et observe mon coup d'un soir qui baisse la tête.

— J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?

— J'ai eu un entretien la semaine dernière avec la RH, je suis votre nouvelle comptable.

— Ah mince, dis-je en grimaçant.

— Est-ce que cela peut rester entre nous ? J'ai besoin de ce boulot et je ne veux pas non plus que cela se sache. Tu imagines la petite nouvelle qui couche avec la numéro deux ? me murmure-t-elle.

— Oui, bien sûr. Pas de soucis. Je comprends, je serai une tombe, dis-je en serrant les dents.

En fait, ça fait mal d'entendre ça, même si elle a raison. Je m'attendais à quoi ? C'est vrai, c'est une femme mariée et en union libre. Il n'y a aucune chance pour une relation durable, c'est voué à l'échec. Liz attrape un peignoir et je mets mes baskets blanche. J'ai peur de la confrontation avec sa compagne, je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Liz est devant la porte, elle me regarde mal à l'aise. Cette dernière s'avance vers moi et me fait face.

— Je sais que la situation est délicate, Jane ne devait pas être là ce matin. Mais elle est au courant que cette nuit, je voyais quelqu'un.

Je hoche la tête et dis :

— Ok, allons-y.

Liz m'embrasse avec douceur. Nous sortons de la chambre et nous arrivons toutes les deux vers la cuisine. Une femme, grande brune aux cheveux courts, me fusille du regard. Elle pose sa tasse à café sur la table.

— Alors c'est vous qui avez baisé ma femme ?

Je ne lui réponds pas et observe du coin de l'œil Liz. Cette dernière baisse la tête. Je me rapproche d'elle et glisse ma main sur ses reins. Je lui murmure à l'oreille.

— Est-ce que je peux avoir un café s'il te plait ?

Elle rougit et s'empresse de me servir. Sa femme me toise avec insistance, je m'assois en face d'elle. Liz me tend la tasse et je bois une gorgée.

— Vous pensez que vous allez remettre le couvert avec Liz ?

— En quoi cela vous concerne ? demandé-je avec curiosité.

— C'est mon épouse et nous sommes mariées.

— Il me semblait que vous aviez une union libre.

La fameuse Jane se crispe. Mon regard se tourne vers Liz qui se tord les doigts. Je commence à comprendre, l'arrangement n'est que dans un seul sens. Oh la vilaine petite Liz ! Elle a voulu se venger. Je finis ma tasse et la dépose dans l'évier.

— Je vais te raccompagner, me dit Liz.

J'attrape ma veste en cuir qui par je ne sais quel miracle, se trouve sur le dossier de la chaise de la cuisine. Nous sortons sur le palier de son appartement. Elle ferme doucement la porte derrière elle.

— Merci pour cette nuit, dit-elle hésitante.

— De rien et tu sais... J'ai compris, Liz et ce n'est pas grave.

— Tu as compris quoi ?

— L'union libre, c'est elle qui le pratique, pas toi. Tu as voulu te venger et c'est humain.

— Je suis désolée, c'est vrai que je ne fais jamais ça, dit-elle timidement.

Je lui fais une bise appuyée sur la joue.

— Tu mérites mieux. À lundi.

Je me retourne et descends les escaliers.