Coup d'un soir

Chapitre 11 Soeur

— Lina.

Il hoche la tête. Je ne sais pas comment gérer tout ça. On frappe à la porte et Lina entre dans le bureau.

— Désolée de vous déranger, je venais récupérer des documents, dit-elle timidement.

Mon attention se pose sur elle. Brune, aux yeux verts, en prenant du recul, je m'aperçois que Lina me ressemble beaucoup. Elle se retourne et nous observe. Elle remarque mon regard sur elle, je ne sais plus trop quoi dire.

— Tu lui as dit ? demande-t-elle à mon père.

— Oui.

— Lina était au courant ?

— Sa mère ne lui a jamais rien caché et moi non plus.

Je me lève furieuse et commence à faire les cent pas.

— Tu m'as dissimulé que j'avais une sœur, tu as caché la vérité à maman pendant 25 ans.

— J'ai appris l'existence de Lina qu'il y a 15 ans quand sa mère est tombée malade une première fois.

— Lina a vécu une partie de sa vie sans que je sois présente. Tu trouves ça bien ? Je suis furieuse contre toi. Vraiment furieuse.

— Ma chérie, comprends-moi, je ne savais pas comment te le dire.

— Et maman ?

— Patricia est heureuse pour moi, elle était au courant pour mon adultère depuis des années. On a réussi à se retrouver ta mère et moi. Mais elle ne savait pas pour Lina.

Il regarde sa montre et dit en soufflant :

— Je suis désolé ma chérie, mais je dois retourner travailler.

Il sort de la pièce et je reste abasourdis par les informations qu'il vient de me révéler. Comment a-t-il pu me cacher un secret aussi énorme ? Je soupire d'exaspération. Lina ne sait pas trop quoi faire.

— J'ai besoin d'un moment pour encaisser tout ça. Je suis désolée.

— Ne t'inquiète pas, je comprends.

Je m'assois sur le canapé et Lina s'installe à côté de moi. Nous restons silencieuses.

— Je suis contente qu'il t'ait dit la vérité. C'était compliqué de ne pas t'en parler.

— Ce n'est donc pas un stage que tu fais là.

Elle secoue la tête.

— Non il me paie plus ou moins en cachette. Cela m'aide à payer le traitement médical de ma mère. Je n'ai pas souhaité qu'il débourse un centime pour elle. Il n'a jamais été très présent, je lui ai juste demandé s'il pouvait m'embaucher. Il était content, il voulait que j'apprenne à te connaitre et j'avoue que moi aussi. J'adore travailler avec toi, tu es tellement passionnée par ce que tu fais. Et puis je me suis fait une amie, Liz est une femme géniale. Tu as de la chance.

Je lève un sourcil. Elle éclate de rire.

— Oui je sais qu'il y a quelque chose entre vous. Je l'ai remarqué très rapidement après mon embauche, il y a cette petite étincelle quand vous vous regardez. Elle est au courant de qui je suis depuis hier.

Cette fois mon attention se fait plus sombre.

— Ne lui en veux pas, c'était à papa de te le dire. Tu aurais vu la scène, elle est entrée dans ton bureau et elle m'a vu dans les bras de notre père. Elle s'est imaginée que j'étais sa maitresse, j'ai été obligé de lui confier la vérité et elle l'a poussé à te parler.

Je souffle.

— Non, je ne lui en veux pas. Elle a essayé d'aider.

Je respire un grand coup. Lina me sourit.

— J'ai une sœur, dis-je à voix haute.