Il était une fois

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Septembre 2017 à septembre 2020

La souffrance, la colère, la tristesse. Voilà bien des émotions qui vous aveuglent, qui vous empêchent de trouver le chemin.

Il était une fois moi, lors de ma rentrée en cinquième. J'étais intelligent, j'avais une bonne culture. J'étais naïf, beaucoup trop gentil, et différent du moule social dans lequel on essaie de nous plonger.

La cible parfaite.

Le harcèlement, ce n'est pas juste des agressions physiques et du racket comme on peut le voir dans ces séries américaines clichés. Le harcèlement, c'est aussi le rejet, les moqueries, les insultes, les commentaires dans notre dos, l'isolement, l'ignorance.

Je n'ai plus peur de dire que j'en étais victime.

Je n'ai plus peur de dire que ça a été un enfer.

Je n'ai plus peur de dire que j'ai failli en mourir.

La souffrance, la colère, la tristesse. La souffrance du rejet, des idées noires, de la dépression. La colère contre ceux qui m'y ont poussé, acteurs, aussi les spectateurs qui ne faisaient rien. La tristesse de me voir tomber sans ne pouvoir rien faire, de me voir souffrir sans que rien ne puisse atténuer la douleur. Cette boule au ventre, cette pique au cœur, cette asphyxie qui m'empêchait de respirer.

19 décembre 2019, milieu de troisième. J'ai été hospitalisé pour pensées suicidaires. On leur donne beaucoup de mots, pour échapper à la réalité de ce qu'elles représentent. Je n'ai pas peur de dire ce qu'elles sont, des pensées suicidaires. Cette envie non pas de mourir, cette envie que tout s'arrête.

J'ai commencé à être suivi par le Département de Soins pour Adolescents, ou DSA.

À ce moment, j'ai compris une chose essentielle. Que je pouvais m'en sortir. Pas à n'importe quel prix. Je devais faire face à mes démons. Je devais avouer que je souffrais. Je devais parler de mon ressenti. Je devais crier, chanter, écrire, danser, n'importe quoi. Je devais communiquer pour me battre.

Et ça a fonctionné.

On me demande souvent comment j'ai fait pour m'en sortir. Il n'y a pas de solution miracle. Pas de sort, pas de potions, pas de bisou magique. J'ai juste parlé. J'ai affronté mes démons en face et je les ai remis au placard.

On dit souvent que les personnes qui s'en sortent ont du courage, de la force. Alors il n'est pas faux de dire qu'on s'en sort en travaillant comme l'on travaille pour avoir une bonne note. Je pense cependant que c'est aussi une question de chance. Tout comme on peut avoir la chance de tomber sur un sujet que l'on maîtrise parfaitement, j'ai eu la chance d'avoir une bonne psy, et d'avoir des amis présents. En fait, je pense que la force, le courage, on l'obtient grâce à cette chance. On ne peut pas l'avoir seul, contrairement à ce que l'on peut entendre.

C'est pour cela que je souhaite, non, que je veux offrir cette chance à tous ceux qui en ont besoin. Parce qu'on la mérite tous. On mérite tous d'être courageux. On mérite tous de s'en sortir. On mérite tous d'être heureux.

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