Agonie

2 0 0
                                    

Mardi 1er novembre 2022

Cette date aurait pu être celle de ma mort.

La nuit du 31 au 1er, nous avons fêté Halloween entre amis, chez Rosy. Tous ensemble à partir de quinze heures, couchés à quatre du matin pour être réveillés à six heures et demie, pour rentrer chez soi à midi, une soirée entre amis normale en somme.

La suite de la journée fut moins normale. J'ai toujours réussi à repousser mes idées noires, mes pensées suicidaires, mes souvenirs, en érigeant des barrières, des protections mentales. Cette soirée a néanmoins épuisé toute l'énergie que je consacrais à cette tâche. La fatigue a abaissé toutes mes barrières, et ces choses que je repoussais durant des semaines sont entrées en force dans mon esprit, conquérant toutes mes pensées. C'est à partir de là que ma vie a failli tourner au véritable drame.

A partir de quatorze heures, le mal qui me prenait m'a cloué au lit. Envahi par les souvenirs, j'ai été recherché toutes les photos d'Elle qui me restaient. Les pleurs me sont venus, la boule au ventre m'a pris, les battements de mon cœur s'accéléraient. Et puis la paralysie m'a tétanisé.

Le jour de ma fugue, fut un moment où j'étais tellement fatigué que je me suis retrouvé allongé par terre, dans le froid et dans la poussière, sans réussir à bouger. Le moindre fait de penser m'était impossible. J'ai fixé le pont pendant une période que je n'ai pas réussi à déterminer, le temps ne passait plus de la même façon. J'étais totalement paralysé.

Ce jour d'Halloween, ce même phénomène est survenu. Bien pire. Le moindre mouvement me demandait un effort intense, je ne tenais plus debout. J'enchainais les crises de pleurs, et plus le temps passait, plus mon état s'aggravait. Une fois sur deux j'hyperventilais, l'autre fois je peinais à respirer. Je ressentais tout et pourtant j'avais l'impression que mon corps ne m'appartenait plus, qu'il n'existait plus.

Cherchant un moyen de fuir, j'ai pensé à m'endormir, cependant la moindre seconde où je fermais les yeux, j'avais l'impression de plonger tout droit dans un cauchemar. Lorsque l'on se réveille en pleine nuit par l'un d'eux, l'appréhension d'y replonger nous fait peur, sans qu'elle nous bloque pour autant d'essayer. Là, je ne pouvais même pas espérer fermer les yeux tant la frayeur était intense. Alors j'ai vécu cette torture semblable à celle d'un film d'horreur pendant des heures et des heures. Je suppliais que quelque chose en finisse avec moi. N'importe quoi. Une lame tranchante, par exemple.

Par les évènements des semaines passées, je n'avais plus le cutter, néanmoins ma paire de ciseaux est légèrement tranchante. Je l'ai prise. Et j'ai souhaité en finir. J'étais sur le point de le faire. J'avais juste à me trancher la gorge ou me couper les veines. Ainsi, je pourrais échapper à cette souffrance qui n'était même pas comparable à la description que l'on offre des enfers.

Je ne sais pas ce qui m'en a empêché. Un ange ? Un espoir ? Un message que j'aurais lu ? Aucune idée. Je ne l'ai pas fait. A la place, j'ai choisi de recommencer à faire saigner mon avant-bras. Je me suis acharné dessus, souhaitant faire disparaitre la douleur qui me paralysait presque littéralement. La lame tranchait mal, à force j'y arrivais. Si cela ne me soulageait qu'un peu, c'était déjà ça. 

Ma ThérapieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant