Chapitre 4 : Mémoire de Pragma : La cité d'Estajos

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Nous laissons de côté le chaleureux Akao pour laisser place à Pragma le second protagoniste de l'histoire.

Notes de l'auteur :

Dans cette harmonieuse nation, où chaque regard reflète l'admiration, où chaque son véhicule la communion, où chaque odeur embaume les constructions, les cœurs battent au rythme de l'unisson.

— Arrête ça Mimic, ça chatouille.

Je ris aux éclats en essayant de repousser Mimic, mon fidèle Hundon. C'était un chien-loup majestueux, au pelage argenté qui brillait sous le soleil. Et ses yeux ambrés perçants semblaient toujours me sonder.

J'adorais jouer avec lui, sachant très bien qu'il allait me sauter dessus, vu que je tardai à lui lancer sa balle fétiche. Et c'est ce qu'il se passa, me retrouvant une nouvelle fois au sol tentant de lutter pour lui tenir tête.

Avec mes dix ans et mon corps frêle, il me dominait aisément, surtout quand il me léchait le visage. L'odeur chaude de son souffle, sentant un mélange de terre humide et de croquettes, ajouté à sa langue râpeuse qu'il passait sur ma joue, me faisait toujours capituler

— C'est bon, c'est bon, tu as gagné ! dis-je en riant, relâchant enfin sa balle.

Alors que Mimic s'éloignait, content de sa victoire, j'entendis une petite voix derrière moi.

— Pragma ! Papa te demande de tondre Safari, Safir et Safuz.

Je me retournai pour voir ma sœur Luna, âgée de huit ans, qui se tenait là avec son éternelle coupe au bol. Ses cheveux bruns, encadraient son visage rond, exprimant un air faussement supérieur qui avait le don de m'agacer. À tous les coups, elle souhaitait me refiler sa corvée.

Je laissai échapper un soupir en me levant. Mimic trottinait à mes côtés, sa queue battant l'air joyeusement. Il lâcha sa balle qu'il tenait dans sa gueule, m'invitant à rejouer avec lui. J'aurais préféré répondre à ses attentes, sachant ce qui m'attendait.

Au lieu de cela, je traînai mes pieds nus dans l'herbe fraîche de la pelouse, que je parcourus à grandes enjambées jusqu'à la maison, lorsque j'entendis mon père hurler mon nom.

— Papa, c'est encore moi qui dois tondre les Safojons ? demandai-je timidement à travers la porte fermée.

La voix grave de mon père derrière celle-ci me répondit.

— Ta sœur a déjà nourri les Sevalons. Alors, va tondre les Safojons, Pragma.

— Mais c'est pas juste, papa ! Tondre, c'est plus pénible que donner à manger ! Lulu fait toujours les tâches les plus faciles !

— Tu n'avais qu'à le faire au lieu de t'amuser avec Mimic ! Rétorqua mon père, d'un ton sec.

Je grinçai des dents. Une fois de plus, Luna m'avait bien eu. Je me dirigeai donc vers l'enclos des Safojons, ces moutons à la laine multicolore qui illuminait l'espace assez terne des lieux. L'air y était chargé de l'odeur de l'herbe coupée et de la sueur des bêtes, une odeur familière qui faisait partie de notre vie à la ferme.

— Ta laine repousse trop vite, Safuz. Je t'ai déjà tondu il y a huit jours. Et toi, Safari, tu t'arrêtes à un moment de manger ? Heureusement que tu es la Safir, je te remercie d'avoir attendu 22 jours pour me donner du boulot.

Ils ne devaient sûrement rien comprendre à ce que je racontais, mais j'aimais bien leur parler, d'autant plus que le temps me paraissait moins long ainsi.

Je commençai ma tâche avec une vieille tondeuse manuelle, dont le bruit métallique était à peine audible à travers les bêlements de la trentaine de Safojons qui occupait l'enclos. Même si je n'appréciait pas particulièrement cette corvée, la sensation de la laine douce sous mes doigts était agréable. Il y avait quelque chose d'apaisant à voir les pelotes de laine colorée s'accumuler à mes pieds.

À la Recherche d'une LégendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant