Lucioles passent, tout trépasse

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« La vie prend des virages à 180 degrés et, quand ça arrive, c'est sur les chapeaux de roues qu'elle le fait »
Stephen King

Anaëlle fut la première réveillée par l'alarme du téléphone le lendemain matin. La chambre était encore plongée dans la pénombre et personne ne semblait bouger à part elle. Après avoir émergé quelques minutes, elle profita du sommeil de ses amis pour aller à la douche et se préparer tranquillement. Lorsqu'elle ressorti de la salle de bain un quart d'heure plus tard, Nathan était lui aussi réveillé, sans doute à cause du bruit occasionné. Son réveil semblait tout frais. Ses lunettes pas encore mises sur son nez, le jeune homme tenait son téléphone à deux centimètres de son visage, pour essayer de lire ses notifications.

Il était l'heure de réveiller Noëmie, qui n'avait en aucun cas était perturbée par les mouvements dans la chambre. Anaëlle opta pour un réveil musical. Elle débrancha son téléphone portable encore en charge et lança son application Spotify. Elle fit défiler sa playlist et opta pour un titre des Casseurs Flowters : À l'heure où je me couche. Elle régla le volume de son téléphone au maximum et patienta quelques secondes. Noëmie ouvrit tant bien que mal les yeux. Le matin n'était vraiment pas son délire. Nathan fila à son tour à la douche. Douche qui était en réalité une baignoire, ce qui ne semblait pas convenir au garçon. Il n'était peut-être pas assez réveillé ou vraiment en galère de ne pas encore avoir mis ses lunettes car les filles assistèrent de manière auditive à la chute de celui-ci. Chute lente qui commençait par des bruits de dérapage type "pieds qui glissent" suivit d'un boum final. Au moins, cela permettait à tout le monde de se réveiller : fou-rire pour les filles, douleur pour Nathan. Quelle agréable journée qui s'annonçait. C'était au tour de Noëmie d'allait se doucher mais, avant, elle observa son ami se tortiller dans son sac de couchage, tentant d'enfiler ses habits.

« Pourquoi tu t'es pas habillé dans la salle de bain ?
— Parce qu'il est con ? », répondit Anaëlle en observant la scène, elle aussi dépitée.

Après plusieurs chutes, il réussit finalement à enfiler ses affaires. Anaëlle et Nathan attendirent que Noëmie daigne sortir de la salle de bain pour le petit déjeuner. Au menu : des gâteaux au chocolat et des gâteaux sans chocolat. La régalade. En guise de distraction, Anaëlle s'amusait à éclater les gâteaux de Nathan à gros coups de latte. Cela n'empêchait pas le jeune homme, complètement indifférent aux provocations de la jeune femme, de manger toutes les miettes.

11 heures 30, tout le monde était enfin prêt. Il était maintenant temps de partir. Il n'y avait aucun signe des gilets jaunes dans les rues de Rouen ce matin. La prochaine destination n'était pas vraiment la Bretagne. C'était d'abord Elbeuf. Nathan avait des amis là-bas et avait proposé d'aller boire un verre avec eux. Le petit groupe de 5 se posa à la terrasse d'un bar tabac et profita des quelques rayons de soleil, encore timides. Il n'y avait rien de très fou à ce qui se passait là, hormis que les toilettes du bar étaient vraiment dégueues et qu'un papier scotché au mur indiquait "Merci de laisser en état". Nathan était ravi de voir ses deux potes. Les filles, quant à elles, échangeaient avec la tablée, tout en faisant des regards espiègles à Nathan. À vrai dire, depuis le début du week-end, elles n'avaient cessé de négocier. Elles avaient accepté d'aller prendre ce verre avec ses deux jeunes hommes à condition que Nathan accepte de faire la date de ce soir, à Chemillé. Le pacte était rempli de leur côté. Elles étaient assises à la table et sirotaient leur verre. C'était maintenant à Nathan de tenir sa promesse. Un peu à contre cœur, il avait fini par accepter le marché.

Aux alentours de 16 heures, ils reprirent la route pour filer directement vers le festival. C'était le premier : fini les dates en salles, bonsoir les festivals. Trouver l'endroit fut plus compliqué que prévu. La première adresse rentrée dans le GPS était complètement erronée. Ils avaient atterri devant un petit bâtiment agricole. Bien que les filles n'étaient jamais vraiment pressées, là, elles devenaient inquiètes à la vue de l'heure qui tournait. Après quelques recherches sur Google et sur le site du festival, une nouvelle adresse fut rentrée dans le téléphone portable d'Anaëlle. Cette fois, c'était bon. Ils étaient bien arrivés au bon endroit. Ils étaient garés le long d'une route à une centaine de mètres de l'entrée de l'immense hangar qui accueillait le festival des Éclectiques. Les trois amis se changèrent dans la voiture, s'assurant au préalable du peu de passage près de leur véhicule. À présent dans leur costume de lucioles, la soirée qui marquait la 5ème date de leur tournée de groupie pouvait commencer. Sur le chemin pour aller acheter leur place qu'ils n'avait, cette fois-ci, pas prévue en avance, Anaëlle distingua quelques notes qu'elle reconnaissait très bien.

ENFANT NULOù les histoires vivent. Découvrez maintenant