Chapitre 10

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Le groupe avançait avec difficulté, chacun luttant contre l’épuisement, la douleur et la peur. La disparition tragique de Yuki avait encore assombri leur moral, et chaque pas semblait plus lourd que le précédent. Mais malgré tout, ils savaient qu'ils devaient continuer à avancer. La montagne les avait poussés à leurs limites, et ils étaient désormais des survivants déterminés à échapper à son emprise.

Après plusieurs heures de marche, ils atteignirent enfin un endroit qui leur offrait un semblant de répit. Une cuvette naturelle, entourée de hautes parois rocheuses, semblait idéale pour se protéger en cas de nouvelle tempête. Le vent y était moins violent, et le terrain, bien que couvert de neige, offrait une surface plane où ils pourraient se reposer un peu.

Max et Lewis, en tête du groupe, s'arrêtèrent et se retournèrent vers les autres.

- On va s’arrêter ici pour la nuit,?? déclara Verstappen, sa voix rauque d’épuisement. On ne peut pas continuer dans cet état.

Les autres acquiescèrent en silence. Aucun d'eux ne se sentait capable de protester. Ils déposèrent leurs sacs à dos, s'asseyant lourdement sur le sol gelé. Le froid mordant se faisait sentir même à travers leurs vêtements, mais au moins, ils n'avaient plus à marcher pour l’instant.

Esteban Ocon, cependant, restait à l'écart du groupe, fixant l'horizon. Son visage était marqué par la fatigue, mais ses yeux avaient une lueur étrange, une étincelle de quelque chose d'indéfinissable. Il murmura quelque chose, à voix basse, comme s'il parlait à quelqu'un.

- Lance ?  dit-il doucement, le regard perdu dans le vide. Je savais que tu étais là... Je t’ai entendu.

Le reste du groupe ne prêta d’abord pas attention à lui. Ils étaient tous absorbés par leurs propres pensées, leurs propres démons. Mais Esteban, visiblement, n'était plus vraiment avec eux.

- Pourquoi tu restes là ? continua-t-il, ses paroles se perdant dans le silence glacial. «Viens ici, on est ensemble, non ? Tu m’as toujours dit qu’on devait se soutenir, alors pourquoi tu restes si loin ?

Max fronça les sourcils en entendant Esteban parler seul. Il échangea un regard inquiet avec Lewis, qui secoua la tête en signe d'incompréhension. Ocon continuait à parler, sa voix devenant plus insistante, presque pressante.

- Lance, réponds-moi ! s'écria-t-il soudain, ses yeux écarquillés d'angoisse.  Pourquoi tu ne dis rien ?

Il s’avança vers un coin de la cuvette, fixant un point invisible dans l'air.

- Ne me laisse pas tomber maintenant. murmura-t-il, sa voix tremblante. On a survécu à tellement de choses ensemble...

Hamilton se leva, s'approchant prudemment du français. Il connaissait ce regard, celui de quelqu’un qui vacille à la limite de la raison.

- Esteban.  dit-il doucement, posant une main sur son épaule. Qu'est-ce que tu fais, mec ?

L'ébroïcien se tourna brusquement vers Lewis, les yeux écarquillés.

- Il... Il est là, Lewis. murmura-t-il, une panique naissante dans sa voix. Lance est là, il me parle... Mais... il ne veut pas s'approcher. Pourquoi il ne veut pas venir ?

Le britannique serra les dents, comprenant avec effroi que la fatigue et le stress commençaient à faire perdre pied à Esteban.

- Il n’y a personne ici, Esteban,  répondit-il doucement.  Lance n’est pas là. Il... 

Il hésita, cherchant les mots justes.

- Il n’est plus avec nous.

Mais Esteban secoua la tête, refusant de l'entendre.

- Non ! Tu ne comprends pas, il me parle ! Il est juste là, pourquoi vous ne le voyez pas ?

Le groupe s'était rapproché, tous fixant le numéro trente-et-un avec une inquiétude croissante. La situation devenait de plus en plus inquiétante, et ils ne savaient pas comment réagir. Comment aider quelqu'un qui ne voulait pas voir la réalité en face ?

Pendant ce temps, Sainz était assis un peu à l'écart, observant la scène sans vraiment la voir. Ses pensées étaient ailleurs, loin de la cuvette froide où ils se trouvaient. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'il ouvrait son sac à dos, fouillant à l'intérieur. Il en sortit quelques rations de nourriture, un stylo et un morceau de papier froissé. Enfin, il saisit un petit couteau, sa lame argentée scintillant faiblement dans la lumière décroissante.

Carlos regarda les autres pilotes, ses amis, avec une expression indéchiffrable. Il savait qu'il n'avait plus la force de continuer, qu'il n'était plus capable de les protéger, ni de se protéger lui-même. La fatigue, la douleur, le désespoir... Tout cela l’écrasait.

Il déplia le papier et commença à écrire, ses mains tremblantes peinant à tracer des lettres lisibles. Il voulait expliquer, laisser quelque chose derrière lui. Peut-être que ça les aiderait, d'une manière ou d'une autre. Ses mots étaient simples, mais chargés de toute la douleur qu’il ressentait.

Je suis désolé. Je n’ai plus la force de continuer. Vous pouvez utiliser la nourriture que j’ai dans mon sac. Partagez-la, survivez. J’aurais aimé pouvoir faire plus, mais je ne peux plus. Je vous souhaite à tous de survivre, même si moi, je ne peux plus le faire.

Carlos posa le stylo, fixant un moment le papier. Puis, avec une détermination froide, il saisit le couteau. Il le plaça contre sa gorge, fermant les yeux. Dans une dernière respiration tremblante, il pensa à ses proches, à ceux qu’il laissait derrière lui. Il espérait qu'ils pourraient comprendre, un jour.

Sans hésiter davantage, il tira la lame d’un geste rapide et précis. La douleur fut brève, presque instantanée, avant de se dissiper dans un flot de chaleur rouge. Carlos s'effondra sur le côté, la vie le quittant rapidement, laissant son dernier souffle se mêler à l'air froid de la montagne.

Le groupe, concentré sur Esteban, ne remarqua pas tout de suite ce qui venait de se passer. Ce n’est que lorsque Max, en se tournant vers Carlos, aperçut son corps effondré sur le sol, que la réalité les frappa de plein fouet.

- Carlos !  s'écria Max, se précipitant vers lui.

Les autres suivirent, mais c'était déjà trop tard. Le sol était taché de rouge, le couteau encore serré dans la main de Carlos, et son visage pâle témoignait du désespoir qui l'avait poussé à cet acte ultime.

Lewis, accablé par ce nouveau choc, serra les poings.

- Qu’est-ce qu’il nous arrive ?  murmura-t-il, luttant contre les larmes.

La montagne semblait les briser un à un, chaque perte leur coûtant un peu plus de leur humanité.

Esteban, en entendant l'agitation, cessa soudainement de parler à son ami imaginaire. Il regarda autour de lui, le regard vide, comme s’il venait de sortir d’un rêve. Il vit le corps de Carlos, mais il ne réagit pas. Sa conscience semblait à peine enregistrer ce qui se passait autour de lui.

Max, agenouillé à côté de Carlos, ne savait plus quoi penser, quoi faire. Il se sentait impuissant, incapable de sauver ceux qui l'entouraient. La mort de Carlos était un coup de plus, un coup de trop. Un coup qui rappelait qu'il n'arrivera pas à sauver tout le monde. Qu'il n'a pas réussi à sauver Daniel.

Il se redressa lentement, le visage fermé, résolu à ne plus laisser cette montagne les prendre un par un. Mais il savait qu’ils ne s’en sortiraient pas tous. Cette idée, aussi insupportable soit-elle, devenait de plus en plus évidente à chaque nouvelle perte.

Les pilotes restants se regroupèrent autour du corps de Carlos, chacun absorbé par ses propres pensées. La montagne les avait poussés à bout, et la folie guettait à chaque coin de leur esprit. Mais malgré tout, ils savaient qu’ils devaient continuer à avancer.

Le silence retomba sur la cuvette, interrompu seulement par le vent qui soufflait faiblement. La nuit approchait, et avec elle, le froid implacable. Ils devaient se préparer, se protéger, mais à quel prix ?

Max jeta un dernier regard à Carlos, puis à Esteban, qui restait immobile, fixant le vide. La montagne les avait brisés, et il n’y avait plus de retour en arrière possible. Ils devaient survivre, mais pour combien de temps encore ?

Panique en Montagne [Formule 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant