Chapitre 11

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Le froid mordant de la nuit tombait rapidement, enveloppant les pilotes d'une obscurité oppressante. Après la tragédie qui avait frappé Sainz, ils savaient que cette nuit serait longue, peut-être la plus longue de leur vie. Chacun, épuisé par la marche, les drames successifs, et les conditions extrêmes, fouillait dans son sac à dos pour en sortir les tentes de survie. Celles-ci étaient petites, conçues pour deux personnes, et peu adaptées à ces conditions extrêmes, mais c'était tout ce qu'ils avaient.

Max, les mains tremblantes de froid, monta sa tente avec l'aide de Sergio. Ils étaient rapides, efficaces, mais la tension palpable entre eux trahissait leur état d'esprit. Les mots étaient rares, chacun étant absorbé par la tâche mécanique de monter son abri pour la nuit.

Une fois les tentes montées, les pilotes se répartirent par écurie, respectant instinctivement l’ordre naturel auquel ils étaient habitués. Max et Sergio s’installèrent ensemble, George et Lewis prirent place dans leur tente, tandis que Charles et Carlos auraient normalement partagé la leur… Mais cette fois, Charles se retrouva seul, sa tente paraissant vide et glaciale sans la présence réconfortante de son coéquipier.

Esteban et Pierre se retrouvèrent dans une autre tente, le rouennais tentant de réconforter son "ami", bien qu'il soit de plus en plus inquiet par le comportement d’Esteban.

Nico Hülkenberg et Kevin Magnussen, quant à eux, montèrent leur tente côte à côte, se jetant de brefs regards sans échanger de mots. Le silence était lourd, pesant.

Nyck de Vries, qui aurait dû partager sa tente avec Liam, restait seul, son esprit tourmenté par la disparition mystérieuse de son ami. Les autres pilotes se demandaient s'ils allaient jamais revoir Liam, mais aucun d’eux n’osait poser la question à voix haute. Le silence régnait, sauf pour les bruits du vent qui hurlait à travers la montagne.

À l'intérieur de leur tente, Pierre observa Esteban, allongé sur son sac de couchage, fixant le toit de toile au-dessus de lui. Ocon ne parlait pas, mais son regard indiquait qu’il était ailleurs, perdu dans des pensées auxquelles Gasly n’avait pas accès.

- Tu vas réussir à dormir un peu ?  demanda Pierre, brisant le silence.

Esteban tourna la tête vers lui, les yeux écarquillés, comme s’il ne comprenait pas la question. Puis, sans prévenir, il murmura :

- Pourquoi il dort dehors ?

Pierre fronça les sourcils, confus.

- Qui ça, Este ? De quoi tu parles ?

L'ébroïcien se redressa légèrement, fixant la fermeture de la tente comme s'il voyait quelqu'un de l'autre côté.

- Lance... Il dort dehors... Il va avoir froid.

Pierre sentit un frisson glacial parcourir son échine. Le comportement du numéro trente-et-un devenait de plus en plus inquiétant, et il ne savait pas comment réagir.

- Este..., Lance… Il n’est pas là, tu te souviens ?

Mais il secoua la tête, refusant d’entendre la réalité.

- Il est là. insista-t-il, sa voix tremblante.  Il ne veut juste pas rentrer… Pourquoi ? Il va mourir de froid dehors, Pierre…

Le rouennais ne savait pas quoi répondre. Comment lutter contre cette illusion qui semblait si réelle pour Esteban ?

- On… On s’occupera de ça demain, d’accord ? Essaie de dormir maintenant. On verra ça au matin.

Mais Esteban se coucha en se retournant, ignorant les paroles rassurantes de Pierre, ses yeux ouverts, fixant un point invisible au-dessus de lui. Le pilote dix se recroquevilla dans son sac de couchage, essayant de trouver un sommeil qui refusait de venir, l’esprit troublé par le délire de son ami.

Panique en Montagne [Formule 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant