Chapitre 16

21 4 7
                                    


Le groupe, accablé par la perte de Lewis, avait décidé de retourner en arrière, espérant trouver un abri pour se protéger. L'espoir de trouver un refuge leur offrit une lueur de réconfort. Leurs visages étaient marqués par la fatigue et la détresse, mais ils étaient animés par un sentiment de détermination, aussi mince soit-il. Ils marchaient en silence, les pensées de chacun étant envahies par le poids des pertes récentes.

Le ciel, cependant, ne leur offrit aucune répit. Alors qu'ils progressaient prudemment, un grondement sourd se fit entendre, suivi d’une montée de vent violente. Les nuages noirs se rassemblèrent rapidement, déversant une nouvelle vague de neige et de froid sur la montagne. La tempête, qui s’était calmée un moment, était de retour avec une intensité redoublée.

Gasly, qui marchait à côté d'Esteban, fut pris au dépourvu par la soudaine intensité de la tempête. Le vent le projetait dans tous les sens, et il lutta pour maintenir son équilibre sur le sentier étroit et glissant. La neige tourbillonnait autour de lui, obscurcissant sa vue. En un instant, Pierre trébucha sur une caillou cachée sous la neige et se retrouva projeté vers le bord du précipice.

L'ébroïcien, qui marchait juste à côté du rouennais, réagit instinctivement. Voyant son coéquipier en danger, il se précipita vers lui et, dans un élan désespéré, attrapa Pierre par le bras. Il tira de toutes ses forces, luttant contre le vent impitoyable et la neige qui leur fouettait le visage. Grâce à la rapidité de sa réaction, il réussit à tirer le numéro dix en sécurité, loin du bord du précipice.

Pierre, haletant et tremblant de peur, se redressa et se retrouva face à Esteban, les yeux écarquillés par la terreur.

- Merci… murmura-t-il, la voix encore tremblante. Je… je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi.

Esteban, toujours sous l’emprise de l’adrénaline, hocha la tête sans répondre. Il était bien conscient du risque qu’il avait pris pour sauver Pierre. Mais alors qu’il cherchait à reprendre son souffle, les murmures dans sa tête se firent plus insistants, de plus en plus envahissants. Lance était toujours là, et ses voix étaient maintenant teintées de colère.

Le pilote portant le numéro trente-et-un recula un peu, cherchant à se mettre à l’écart du groupe pour mieux entendre Lance. Mais les murmures devenaient de plus en plus agressifs, et Lance semblait enragé.

- Pourquoi as-tu sauvé Pierre ? criait Lance dans la tête d’Esteban. C’était le moment idéal pour laisser quelqu’un mourir, pour continuer ce que tu avais commencé. Et maintenant, tu es devenu un obstacle pour moi !

Le normand, son visage marqué par la tension, se mit à parler à voix haute, même si personne ne pouvait l’entendre.

- Je ne pouvais pas le laisser mourir. répondit-il, la voix pleine de désespoir. Il est un de nous… je ne pouvais pas…

- Une excuse pitoyable ! Fernando était pas un de nous ?! lança Lance, sa voix résonnant avec une intensité croissante. Tu n’as pas le droit de te laisser influencer par tes sentiments ! Si tu ne fais pas ce que je te dis, tu seras le prochain !

Les cris de Lance résonnaient dans l’esprit d’Esteban, le poussant à un état de frénésie.

- C’est pas juste ! cria-t-il, attirant l’attention de quelques membres du groupe qui se retournèrent vers lui, inquiets. Tu me demandes de tuer sans raison, sans compassion !

Lance continua de hurler, la voix remplie de menace et de rage.

- Si ce n’est pas Pierre, alors ce sera toi ! Tu n’as plus d’autre choix. Si tu ne tues pas, c’est ta propre vie que tu perdras !

Esteban, terrifié par les paroles de Lance et par la pression croissante, savait qu’il ne pouvait plus reculer. Il se sentait coincé entre son désir de survie et l’exigence croissante de Lance. Il prit un bout de papier de son sac et écrivit une note, un dernier acte de désespoir et de révolte.

Le papier disait :


Je regrette tout ce que j’ai fait. J’ai cru que Lance était là pour me guider, mais je vois maintenant que ce n’était qu’une illusion. Je ne peux plus vivre avec cette culpabilité. Je suis désolé pour Fernando. Désolé pour tout.

Il replia le papier et le remit dans son sac, ses mains tremblantes. Esteban se tourna vers Pierre, qui avait enfin repris son souffle et se redressait après l'incident.

- Pierre, peux-tu tenir mon sac pendant seux secondes ? demanda-t-il, la voix chargée d’urgence. Je dois… je dois aller pisser. Si je ne reviens pas avant une minute repars et m'attend pas, ok ?

Pierre hocha la tête, ne comprenant pas vraiment la gravité de la situation mais acceptant de tenir le sac. Esteban s’éloigna du groupe, se dirigeant vers une partie de la montagne où il espérait être à l’abri des regards. La neige tombait de plus en plus fort, rendant sa visibilité difficile.

Une fois suffisamment éloigné, le français se retrouva seul, le vent hurlant autour de lui. Il regarda une dernière fois la montagne, réfléchissant à tout ce qu’il avait perdu et à ce qu’il allait maintenant accomplir. Il était accablé par un sentiment de tristesse et de défaite, mais il savait qu’il n’y avait plus de retour en arrière.

Il prit une profonde inspiration, ses larmes gelant sur ses joues. Il était temps de mettre fin à tout cela, de se libérer de la pression de Lance et de la montagne. Esteban se laissa tomber dans le vide, se laissant emporter par la neige tourbillonnante. Le vent hurlait dans ses oreilles alors qu’il se précipitait vers le bas, le poids de sa décision pesant lourdement sur ses épaules.

Le cri silencieux de la montagne accueillit son sacrifice, et il disparut dans la neige, laissant derrière lui une trace de désespoir et de regret.

Le groupe, ignorant ce qui venait de se passer, continuait sa marche à travers la tempête. Ils étaient fatigués, démoralisés, mais ils savaient qu’ils devaient continuer à chercher un abri. Leur route était semée d'embûches, et le froid n’avait cessé de se faire plus mordant.

Pierre, toujours en possession du sac d’Esteban, avait l’impression que quelque chose n’allait pas. Il avait observé la direction dans laquelle Esteban était parti et avait attendu patiemment, mais le temps passait et il ne revenait pas. La tempête était de plus en plus violente, rendant chaque pas plus difficile.

Finalement, Charles s’arrêta et demanda à Pierre ce qui se passait. Il lui expliqua la demande d’Este et l'absence prolongée de ce dernier. Le groupe, inquiet, décida de faire demi-tour pour le chercher, mais en vain. La tempête avait effacé toute trace de leur ami.

Ils continuèrent leur route, la tristesse et l’angoisse pesant lourdement sur eux. La montagne avait encore une fois pris son tribut, et le groupe avançait dans l’obscurité et le froid, chaque pas résonnant comme un écho de la tragédie qui s’était abattue sur eux.

Panique en Montagne [Formule 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant