Chapitre 14

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La situation était désespérée. George, allongé dans la neige, le corps transpercé par une branche, luttait pour respirer. Ses lèvres étaient pâles, presque bleues, et chaque souffle qu’il prenait semblait être une épreuve insurmontable. Les autres pilotes l'entouraient, désemparés, cherchant un moyen de l’aider, mais ils étaient confrontés à une réalité qu’ils ne pouvaient ignorer : le temps jouait contre eux.

Leclerc s’agenouilla à côté de Russell, son visage tendu par l’angoisse. Il observa la branche qui s’enfonçait dans le flanc de son ami, voyant avec horreur que le saignement s’intensifiait. La neige sous George se teignait de rouge, le contraste entre le blanc pur et le sang étant presque trop brutal à supporter.

- George, tiens bon, je vais… je vais essayer de te dégager. murmura Charles, sa voix tremblante.

Il n’avait aucune expérience médicale, mais il savait que rester ainsi, cloué au sol, ne faisait qu’aggraver son état.

Il attrapa délicatement la branche, essayant de la retirer sans infliger plus de douleur au pilote Mercedes. Mais dès qu'il commença à tirer, un cri de douleur échappa à George, résonnant dans l'air glacé.

- Arrête…  Ça… ça fait trop mal…

Charles s’arrêta immédiatement, les mains tremblantes. Il regarda autour de lui, cherchant du soutien, mais les visages des autres étaient aussi perdus que le sien. Ils étaient pilotes de Formule 1, pas médecins. Ils étaient formés pour maîtriser des bolides à des vitesses incroyables, pas pour gérer des situations comme celle-ci.

- On doit.. on doit faire quelque chose. dit Charles, mais sa voix manquait de conviction.

Il voyait bien que retirer la branche n’était pas la solution. Le saignement s’était intensifié dès qu’il avait tenté de l’enlever, et Russell devenait de plus en plus pâle.

George prit une profonde inspiration, le regard perdu dans le ciel gris au-dessus de lui.

- Charles… commença-t-il, sa voix à peine plus qu’un souffle. Charles... laisse tomber… C’est… c’est trop.. tard p.. pour moi.

Alex secoua la tête, refusant d'accepter ce que George était en train de dire.

- Non, ne dis pas ça. On va trouver un moyen, on va…

- Non…  Écoutez-moi... Vous de..vez aller re.. retrouver Lew... Laissez...moi ici… il n’y a plus.. rien à faire p.. pour moi...

Le silence s’abattit sur le groupe. Les mots de George étaient comme un coup de poignard pour chacun d’eux, une vérité cruelle qu’ils ne voulaient pas accepter. Mais au fond d’eux, ils savaient qu’il avait raison. La situation était désespérée, et rester là plus longtemps ne ferait que mettre les autres en danger.

- George… murmura Alex, les larmes aux yeux.

Le numéro soixante-trois tourna la tête vers lui, un faible sourire se dessinant sur ses lèvres.

- Alex… tu as toujours.. été un... très bon... ami, mê.même.. plus.. pour..moi. Mais tu... dois y aller maintenant. Tous… vous devez continuer... Trouvez Lewis… et sortez d’ici.. vivant..

Les autres acquiescèrent lentement, même si leurs cœurs étaient lourds de tristesse et de culpabilité. Ils savaient que c’était la meilleure chose à faire, mais cela n’enlevait rien à l’horreur de devoir le laisser derrière eux, seul dans la neige.

Pendant ce temps, Esteban s’était éloigné du groupe, comme à son habitude. Il semblait totalement détaché de ce qui se passait autour de lui, comme si la douleur de George ne le concernait pas. Ses pensées étaient ailleurs, concentrées sur une conversation qu’il était seul à entendre.

- Lance, tu es sûr ?  Je dois vraiment tous les éliminer ?

Il hocha lentement la tête, comme si quelqu’un lui répondait.

- D’accord… mais par qui devrais-je commencer ? Ceux qui sont les plus faibles ? Ou… ceux qui ont l’air les plus forts ?

Le français se tourna légèrement vers le groupe, les observant sans vraiment les voir.

- Tu as raison, Lance. Il faut être méthodique. Un par un… jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne.

Personne ne semblait remarquer le comportement étrange du pilote Alpine, chacun étant trop absorbé par la situation tragique de George. Mais la lueur dans les yeux d’Esteban, ce mélange de détermination et de folie, aurait dû les alerter. Mais ils étaient trop accablés par le désespoir pour voir ce qui se profilait dans l’esprit de leur compagnon.

Charles se redressa finalement, laissant George allongé dans la neige. Il n’y avait plus rien à faire, et ils ne pouvaient pas se permettre de rester ici. Chaque minute passée augmentait le danger pour eux tous.

- On doit partir. George a raison… Lewis est toujours quelque part là-bas, et on doit le retrouver.

Les autres acquiescèrent, même si c’était avec une réticence visible. Alex resta un moment de plus à côté de la personne qu'il aimait, plus qu'un ami, lui serrant la main une dernière fois.

- On va retrouver Lewis… et on ne t’oubliera jamais, George. Jamais. T'entends, jamais...

George répondit par un faible sourire, ses yeux se fermant lentement alors que l’épuisement prenait le dessus.

Les pilotes se regroupèrent, prêts à poursuivre leur marche à travers la montagne. Charles jeta un dernier regard à en arrière, puis se détourna, prenant la tête du groupe. Esteban les suivit, un sourire étrange flottant sur ses lèvres, alors qu’il murmurait des mots inaudibles.

Ils quittèrent George, abandonnant son corps dans la neige, avec pour seule compagnie le vent glacial et l’immensité blanche de la montagne. Et tandis qu’ils s’éloignaient, un sentiment oppressant s’abattait sur eux, comme si l’ombre de la montagne elle-même les poursuivait, leur promettant que le pire était encore à venir.

Panique en Montagne [Formule 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant