Chapitre 6 : La Manifeste Destinée

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Maxence, en proie à une colère sourde nourrie par les révélations glaçantes de Vic, se hâta de retourner chez lui, ses amis fidèles à ses côtés. Le groupe avançait rapidement à travers les rues pavées de Valmont, leurs pensées tournant en boucle autour des secrets terrifiants qu'ils venaient de découvrir.

Tandis qu'ils marchaient en silence, Jules, qui avait été mis au courant des points importants des découvertes, habituellement si enjoué, brisa le silence pesant. « Vous savez, » commença-t-il d'une voix grave, « je me suis toujours dit que Valmont ne pouvait pas être aussi parfaite qu'on le prétendait. J'veux dire, un endroit où tout le monde est heureux, où tout est sous contrôle... c'est trop beau pour être vrai. Mais j'étais loin d'imaginer que c'était à ce point. »

Ses mots résonnèrent comme un écho des doutes qui habitaient chacun d'eux. Hugo acquiesça, le visage fermé. « On a tous ressenti ça, je crois. Un truc qui clochait. Mais qui aurait pu imaginer que c'était... » Il laissa sa phrase en suspens, incapable de trouver les mots pour exprimer l'horreur de ce qu'ils avaient découvert.

Maxence, qui écoutait en silence, sentait la colère monter en lui à chaque mot prononcé. Il partageait cette rage, cette indignation qui brûlait en chacun d'eux. « Ce n'est pas juste un mensonge, » dit-il enfin, sa voix tremblante de fureur. « C'est une trahison. Ils nous ont volé notre innocence, ils nous ont fait croire que tout allait bien, alors qu'en réalité, ils exploitent, manipulent et détruisent des vies. »

Le groupe continua de marcher, plus uni que jamais dans leur colère et leur détermination. Jules, malgré son choc, se redressa, retrouvant une partie de sa fougue habituelle. « On ne peut pas les laisser continuer ça., » déclara-t-il avec une conviction renouvelée. « Si on ne fait rien, alors on est complices de ce système. »

Maxence acquiesça, la mâchoire serrée. « On ira jusqu'au bout, » promit-il, ses mots résonnant comme une déclaration de guerre. « Ils vont devoir répondre de tout ça. »

Alors qu'ils continuaient leur marche, le chemin pavé semblait s'allonger, comme si chaque pas les rapprochait inexorablement d'une vérité qu'ils n'étaient peut-être pas encore prêts à affronter. Le soleil, occulté par de grands nuages sombres et orageux, lourd de présages, enveloppait peu à peu Valmont dans une pénombre teintée d'or et de pourpre, faisant ressembler la ville à un royaume en suspens, pris entre le jour et la nuit, entre le réel et l'imaginaire. Leurs ombres s'étiraient sur les façades impeccablement entretenues, projetant des silhouettes distordues, reflet de leurs propres doutes et des secrets qui les hantaient désormais.

À mesure qu'ils s'approchaient, la demeure des De Villeroy se dessinait avec une clarté effrayante, comme si elle les avait attendus, prête à les engloutir dans ses entrailles de pierre. Imposante, austère, elle se dressait telle une forteresse imprenable, un monument de pouvoir et de silence, où chaque brique, chaque pierre semblait imprégnée des mystères et des non-dits accumulés au fil des générations. Le portail de fer forgé, massif et délicatement ouvragé, se tenait devant eux comme un gardien muet, ses arabesques complexes murmurant des secrets oubliés, des histoires de pouvoir et de trahison, chuchotées à l'oreille de ceux qui osaient écouter.

Au-delà de ces grilles, le jardin s'étendait, vaste et impeccablement entretenu, chaque allée de gravier finement ratissée, chaque massif de fleurs savamment ordonné, composant un tableau d'une sérénité presque oppressante. Sous cette apparente perfection, cependant, se cachait une dissonance, une fausse note que seuls ceux qui savaient où regarder pouvaient percevoir. Ce jardin, symbole de l'ordre et de la tradition, n'était qu'un reflet éclatant des mensonges sur lesquels Valmont avait été bâtie, une beauté trompeuse masquant la noirceur qui couvait sous la surface. Les jeunes, désormais conscients de cette dualité, ressentirent plus que jamais le poids de leur quête, alors qu'ils franchissaient le seuil de ce domaine qui, plus qu'aucun autre lieu à Valmont, incarnait l'hypocrisie éclatante de leur ville.

Lacuna Sensus : Les Errants SilencieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant