Chapitre 13 : Le Baptême du Feu

7 1 0
                                    

Maxence sentit l'adrénaline inonder ses veines, chaque fibre de son corps se tendant dans une décision soudaine, presque instinctive. Le silence pesant de la pièce, le regard cruel et calculateur d'Eugène, les visages terrifiés de ses amis – tout se brouilla dans son esprit, ne laissant qu'une seule pensée nette, tranchante comme une lame : agir, et agir maintenant.

Sans la moindre hésitation, sans même y réfléchir, il se propulsa en avant, une force désespérée animant chaque mouvement de ses membres entravés. Le choc de son corps contre celui d'Eugène résonna dans la pièce, le bruit sourd de la collision remplissant l'air comme une détonation. Maxence sentit ses épaules heurter la masse imposante de son adversaire, sentant la solidité brutale de cet homme se plier, vaciller sous l'impact soudain.

Ils basculèrent ensemble, un amas désordonné de membres qui s'enchevêtraient, se mêlaient dans une lutte frénétique pour la domination. Le sol froid accueillit leur chute dans un fracas sec. Pour un instant, Eugène, d'abord saisi par la surprise, écarquilla les yeux, la stupeur marquant ses traits. Mais cette expression n'eut qu'une brève existence. Immédiatement, son visage se tordit dans une grimace de rage pure, une colère animale se déversant dans chaque muscle de son corps.

Dans la confusion de la chute, le bâton à bétail qu'Eugène tenait fermement glissa de ses mains. Tournoyant lentement sur le sol carrelé, elle finit sa course en heurtant les pieds de Clémence. Ses yeux s'agrandirent, la panique dilatant ses pupilles. Elle se baissa instinctivement, ramassant l'objet sans comprendre ce qu'elle tenait entre ses mains tremblantes. Son regard passait de l'arme à la scène qui se déroulait devant elle.

Maxence, malgré ses poignets liés, se retrouva au-dessus d'Eugène. L'énergie qui l'animait, cette force née de la peur et de la nécessité de survivre, semblait décuplée. Il se hissa sur le dos de l'homme, utilisant tout le poids de son corps pour maintenir ce colosse au sol. Ses mains, toujours enchaînées, cherchèrent à saisir quelque chose, n'importe quoi, pour immobiliser définitivement son adversaire. Ses doigts se glissèrent sous la tête d'Eugène, et avec un geste presque instinctif, il tira sur les liens de cuir, les faisant passer sous la trachée de son bourreau.

La pression sur le cou d'Eugène se fit immédiate, impitoyable. Maxence, les dents serrées, sentait chaque fibre des liens se tendre sous la force qu'il y mettait, comme une corde se tendant pour broyer la chair. Eugène se débattait violemment, ses bras massifs cherchant à agripper Maxence, à le repousser, à le frapper, à faire n'importe quoi pour se libérer de cette étreinte mortelle. Mais la surprise de l'attaque, l'angle désavantageux et l'énergie féroce de Maxence lui donnaient un avantage inattendu. Eugène luttait pour respirer, sa gorge émettant des râles gutturaux alors que son visage virait au cramoisi, ses yeux injectés de sang trahissant une terreur croissante.

Il parvint finalement à saisir les poignets de Maxence, ses doigts épais et puissants tentant désespérément de desserrer la prise étouffante. Mais le jeune homme ne céda pas. Le visage d'Eugène, déformé par l'effort, par la panique qui s'emparait de lui à mesure que l'air se faisait rare, contrastait avec la résolution farouche qui illuminait les yeux de Maxence. Pour la première fois, Eugène, le tortionnaire implacable, se trouvait à la merci de l'un de ses prisonniers.

Chaque battement de cœur d'Eugène était comme un tambour de guerre, irrégulier et désespéré, résonnant sous sa peau. Sa respiration devint haletante, chaque bouffée d'air qu'il parvenait à aspirer se transformait en un gargouillement, un bruit sordide qui trahissait la panique d'un homme acculé. Le sol sous eux vibrait légèrement sous l'effort de la lutte, les corps des deux hommes se heurtaient dans une danse macabre, un combat primal où la survie était le seul enjeu.

C'est alors qu'un changement radical se produisit. Eugène, sentant que la lutte tournait irrémédiablement en sa défaveur, que ses forces l'abandonnaient peu à peu, changea subitement de tactique. Son corps, autrefois puissant et dominateur, se mit à trembler de manière incontrôlable. Ce n'était plus la violence brute qui animait ses mouvements, mais une panique désespérée, une terreur primitive qui décomposait peu à peu l'homme qu'il avait été. Ses mains, qui avaient tenté de repousser Maxence avec une vigueur féroce, griffaient maintenant faiblement les poignets de son assaillant, leurs gestes devenant erratiques, dénués de la force qui les animait quelques instants plus tôt. Ses doigts se crispaient sur la chair de Maxence non plus pour le repousser, mais comme un enfant cherchant à s'accrocher, à échapper à une punition qu'il sentait injuste et trop sévère.

Lacuna Sensus : Les Errants SilencieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant