Chapitre 11 : Attention, Inconnus !

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Maxence avançait d'un pas précipité dans les ruelles sombres de Valmont, son cœur battant à tout rompre, chaque battement résonnant dans ses tempes comme un tambour de guerre. Le souffle court, il jetait des regards nerveux autour de lui, scrutant les ombres profondes qui semblaient se tordre et s'étirer à mesure qu'il progressait. La nuit, étouffante et pesante, enveloppait la ville d'un voile de mystère, transformant les contours familiers des bâtiments en silhouettes menaçantes. Les réverbères, ces vigiles solitaires, projetaient des halos de lumière vacillants qui luttaient désespérément contre l'obscurité, mais semblaient s'éteindre sous la force écrasante des ténèbres.

Le sac à dos qu'il portait, bien trop lourd pour sa silhouette frêle, tirait sur ses épaules, chaque pas accentuant la douleur qui irradiait dans ses muscles tendus. Mais Maxence ne ralentissait pas. Le souvenir de sa dernière rencontre avec Vic, cet homme au regard perçant et au sourire en coin, continuait de hanter ses pensées. Chaque mot que l'homme lui avait murmuré résonnait dans son esprit comme un avertissement, un rappel constant que le temps était compté, que chaque seconde le rapprochait soit de la liberté, soit de la capture.

Il savait qu'Isilda l'attendait quelque part, à la lisière de la ville, là où les lumières de Valmont se dissipaient, laissant place à l'obscurité et au silence de la campagne. Elle avait été claire : s'il voulait survivre, s'il voulait échapper à l'étreinte mortelle de cette cité qui, malgré ses façades impeccables et ses rues bien entretenues, n'était rien d'autre qu'une prison dorée, il devait la retrouver avant l'aube. Chaque doute, chaque hésitation pouvait être fatal. Trop de vies dépendaient de lui.

Les ruelles qu'il traversait semblaient se resserrer autour de lui, comme si la ville elle-même, consciente de sa fuite, tentait de le retenir, de le piéger dans son labyrinthe de pierres et de pavés. Les bâtiments, jadis imposants et rassurants, semblaient maintenant se pencher vers lui, leurs ombres s'étirant comme des bras invisibles cherchant à l'attraper, à le ramener au cœur de cette machinerie implacable. L'air, lourd d'humidité et chargé de l'odeur des rues désertées, portait encore les échos lointains des derniers carrosses, ces véhicules élitistes retournant vers les quartiers huppés, là où la vie continuait son cours, insouciante du drame qui se jouait dans les entrailles de la ville.

Après ce qui lui sembla une éternité, il atteignit enfin les limites de Valmont, là où la ville cédait la place à une nature indomptée, sauvage, où la pierre faisait place à la terre battue, et où les bruits étouffés de la cité s'évanouissaient pour laisser place au silence oppressant de la campagne environnante, entrecoupés du bruit de quelques oiseaux nocturnes. Devant lui, une vaste étendue de champs et de forêts se déployait, baignée dans la lumière blafarde de la lune. Ce territoire inconnu, à la fois terrifiant et envoûtant, se dressait devant lui comme une frontière à franchir, une barrière naturelle séparant le monde qu'il connaissait de celui qu'il allait devoir affronter.

Il s'arrêta un instant, les yeux fixés sur cette frontière invisible, le cœur serré par une appréhension grandissante. Ce qu'il s'apprêtait à faire était irréversible. Il allait quitter tout ce qu'il avait jamais connu, abandonner les certitudes et le confort relatif de sa vie passée pour plonger tête baissée dans l'inconnu, pour affronter un ennemi dont il ignorait encore la véritable nature, mais dont il pressentait déjà l'implacable cruauté. Chaque fibre de son être lui hurlait de faire demi-tour, de retourner dans le giron rassurant de la civilisation, mais une force plus profonde, plus viscérale, le poussait à avancer, à ne pas se détourner de ce chemin périlleux.

Mais le souvenir d'Élise, d'Hugo, de Jules et de Clémence le hanta. L'image de ses amis, de leurs visages marqués par la peur et la souffrance, lui donna la force de faire un pas en avant. Il n'avait pas le droit de reculer. Pas maintenant.

Lacuna Sensus : Les Errants SilencieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant