Chapitre 12 : Bienvenue à la Matrice

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Maxence était assis sur une chaise rigide, ses poignets attachés tremblant légèrement sur ses genoux alors qu'il fixait le sol poussiéreux du petit bureau. L'endroit était oppressant, chaque recoin suintant la décrépitude. Les murs jaunis par le temps semblaient se refermer sur lui, renforçant cette impression d'étouffement qui pesait sur ses épaules. Les vieux dossiers empilés dans un désordre méthodique dégageaient une odeur de papier moisi, ajoutant à l'atmosphère lourde de la pièce. Une lampe vacillante accrochée au plafond projetait une lumière jaunâtre et maladive, accentuant les ombres dans chaque coin, créant des silhouettes inquiétantes sur les murs délavés.

Maxence se sentait comme enfermé dans une boîte, piégé à la fois par l'étroitesse de la pièce et par le poids insoutenable de ses pensées. Il ne parvenait pas à échapper aux images qui tournaient en boucle dans son esprit. Le coup de pied brutal d'Isilda, la violence de son éjection du Truck, le choc de sentir le sol dur sous son corps après avoir été traité comme un simple déchet. Mais plus que tout, c'était l'expression glaciale sur le visage de la vieille dame qui le hantait. Ce regard, si froid, si dépourvu de toute humanité, contrastait violemment avec l'image qu'il s'était faite d'elle au cours de leur périple.

Pourquoi l'avait-elle trahi de cette manière ? Après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble, après ces moments où il avait presque ressenti une forme de tendresse dans leurs échanges, pourquoi l'abandonner ainsi ? Était ce un piège dès le départ ? Une manipulation sournoise destinée à le conduire ici, dans cette prison obscure ? Les questions tournaient sans fin dans sa tête, chaque pensée devenant un poids de plus sur sa conscience. La douleur de la trahison n'était pas seulement mentale, elle était presque physique, lui nouant l'estomac et alourdissant son cœur. Il se mordit la lèvre, sentant une amertume corrosive se répandre en lui, grignotant lentement ce qu'il lui restait d'espoir.

Seul dans ce bureau sombre, face à l'incertitude de ce qui allait se passer, Maxence se sentait plus vulnérable que jamais. Le silence de la pièce, seulement brisé par le tic-tac lointain d'une horloge qu'il ne pouvait voir, résonnait dans sa tête comme le compte à rebours d'un destin inéluctable. Derrière le bureau, Eugène, ce colosse silencieux et impassible, continuait de tenir le téléphone à son oreille. Il semblait dénué de toute compassion, une machine humaine parfaitement huilée pour accomplir des tâches que d'autres n'auraient même pas osé imaginer. Pour lui, Maxence n'était rien de plus qu'un pion sur un échiquier complexe, un objet à manipuler, à négocier, à broyer si nécessaire. Depuis qu'ils étaient entrés dans la pièce, l'homme n'avait pas dit un seul mot à Maxence. Il se contentait d'écouter, son visage de marbre figé dans une expression qui ne laissait transparaître aucune émotion.

Maxence pouvait entendre les murmures indistincts de l'interlocuteur à l'autre bout du fil, chaque mot prononcé semblant peser une tonne. De temps en temps, Eugène laissait échapper un « Oui » sec et mécanique, comme un automate confirmant des ordres qu'il était programmé à suivre. Chaque approbation faisait monter la tension dans la pièce, chaque monosyllabe résonnant comme une sentence qui se rapprochait inexorablement. L'atmosphère était lourde, presque palpable, une tension qui comprimait l'air, rendant la situation de plus en plus insupportable pour Maxence.

Il essayait de rester calme, de ne pas laisser la panique prendre le dessus, mais la situation était écrasante. L'homme massif derrière le bureau, ce mur de chair et de silence, incarnait tout ce qu'il y avait de plus terrifiant dans cet endroit. Eugène était comme un gardien de l'enfer, impassible, froid, recevant des ordres venus de l'obscurité pour exécuter des tâches qui n'avaient rien d'humain.

Le cœur de Maxence battait à tout rompre, chaque pulsation résonnant dans ses oreilles, amplifiant la peur qui grandissait en lui. Il se sentait minuscule, insignifiant face à cet homme, face à cette situation qu'il ne pouvait ni comprendre ni contrôler. Le poids de l'attente, de l'incertitude, était insupportable, et chaque seconde qui passait dans ce silence étouffant semblait le rapprocher un peu plus de l'abîme.

Lacuna Sensus : Les Errants SilencieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant