CHAPITRE 5 !

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WILLIAM

Confortablement installé sur le divan de l'appartement, je sirote mon énième café de la journée. Dans quelques instants, mes colocs vont passer le pas de la porte. Je profite du calme avant la tempête.

Ça fait bientôt six mois que je suis rentré à Austin, ma ville natale, après plus de trois ans à vagabonder à travers le pays. J'ai écumé pas mal de collèges, goûté à de nouveaux horizons, mais la solitude ne m'a jamais vraiment quittée. Alors, quand ma demande de mutation a enfin été acceptée, j'ai sauté sur l'occasion pour rentrer à la maison. Sans surprise, mes deux meilleurs amis m'ont kidnappé dans leur coloc et maintenant on est encore plus soudés qu'avant.

Avec Max et Luke, on s'est connus au lycée et ça a été le coup de foudre dès la première seconde. C'est le genre d'amis qu'on rencontre qu'une seule fois dans sa vie et qu'on ne laisse plus partir. L'un est agent de police tandis que l'autre est journaliste. On a beau avoir des parcours radicalement différents, notre amitié n'en a pas été impactée, pour mon plus grand bonheur.

Un tintement de clefs retentit sur le palier, suivit d'un vif juron :

- Bordel, saloperie de paillasson !

La porte s'ouvre en trombe pour laisser entrer le corps athlétique de Max, toujours en tenue de service. Il faut avouer que son uniforme de policier lui va comme un gant et lui taille un fessier d'enfer.

- Un jour, ce tapis de merde aura ma peau, râle-t-il en jetant négligemment ses chaussures dans l'entrée tout en passant une main dans ses cheveux rasés -vestige de sa formation casi militaire.

- Faut regarder où tu mets tes pieds, je le taquine, sans retenir mon ricanement moqueur.

C'est la même rengaine tous les jours. Max trébuche sur le paillasson et se prend la porte en pleine tête. Il rentre d'une humeur de chien, puis râle jusqu'à ce que ça lui passe. Et quand c'est au tour de Luke de rentrer, toujours au moment où on l'attend le moins, il n'allume aucune lumière et se prend les pieds dans les godasses de Max qui trainent dans le chemin. Généralement, c'est quand on l'entend se vautrer par terre qu'on sait qu'il est à l'appart.

- J'ai dû arrêter deux touristes suédois qui se promenaient la bite à l'air pour aller à la boulangerie, m'annonce Max en s'échouant à mes côtés sur le canapé. Enfin, ils ne portaient que leurs chaussures, la mamie qui a appelé le commissariat a failli nous claquer entre les doigts en voyant ça. C'était si drôle, l'espèce humaine est tellement divertissante.

Je ne peux me retenir de rire en imaginant la scène :

- Au moins toi, tu t'es bien éclaté au boulot...

- L'autre gosse te fait toujours la misère ? soupire-t-il en décapsulant une bière.

- Et comment ! Ce suppôt de Satan est en train de ruiner mon année... Tu sais ce qu'il a trouvé de mieux à faire aujourd'hui ? Repeindre ma salle en rouge avec ses PUTAIN DE MAINS. Toute la classe a eu le droit à une performance de body art gratuite et moi j'étais dans la merde jusqu'au cou.

- Tu ne vas quand même pas te laisser faire par un gosse de dix ans !

Je me retiens de rétorquer que Zachary est tout de même un peu plus vieux, mais pas pour autant moins chiant.

- C'est son père, le vrai problème, il ne prend même pas la peine de faire semblant de s'intéresser à son rejeton.

- C'est ça le souci dans les écoles privées, grommelle Max avec mauvaise foi. Les vieux millionnaires rabougris qui se croient tout permis.

Je grimace et me mords la lèvre inférieure, avant de rétorquer d'une voix plus timide :

- Il est pas si vieux que ça, en fait... Même plutôt sexy. Totalement baisable, si ce n'était pas un si gros connard.

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