CHAPITRE 12

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WILLIAM

Zachary a été entendu par Madame Brown, mais il n'a pas expliqué la raison de sa fugue. Il est resté fidèle à lui-même, les bras croisés sur sa poitrine et le regard se baladant dans la pièce autour de lui. Son père n'a rien dit, il ne l'a pas forcé à parler et s'est contenté de triturer sa montre en attendant que l'orage passe. Je n'ai rien dit non plus, encore trop mal à l'aise à la suite de mon échange avec Jordan. J'ai vraiment été trop débile avec mon mail à la con.

— Monsieur Collins ? m'interpelle-t-on alors. Vous êtes sûr que vous allez bien ? Vous m'avez l'air un peu pâle.

J'adresse un petit sourire poli à la principale. J'aurais peut-être dû remettre mes lunettes de soleil pour cacher la misère.

— Zachary nous a causé quelques angoisses, cet après-midi, intervient Jordan après un court silence.

Mon regard surpris se braque soudainement vers lui. Il sait pertinemment que ce n'est pas l'angoisse qui me rend malade. Je ne pensais simplement pas qu'il était prêt à me sauver la mise. Le regard qu'on échange me déstabilise. Je n'arrive pas à comprendre le fonctionnement de ce type et ça me frustre à un point difficilement imaginable.

S'il compte reparler du mail, c'est maintenant ou jamais. Mais finalement, il se tait et la principale reprend :

— Vous savez quoi ? Rentrez chez vous. Je vais faire annuler vos cours du reste de la journée. Vous pourrez toujours rattraper les heures plus tard.

Un élan de gratitude m'envahit et je regarde ma supérieure avec des yeux de merlan frit en la remerciant généreusement. Ça c'est un beau cadeau.

Je vais pouvoir rejoindre Max dans son état larvaire. Avec un peu de chance, il me partagera son canapé.

— Si tout est réglé, je vous laisse repartir, nous annonce Madame Brown. Zachary, j'espère te voir au collège demain.

Mon élève s'échappe du bureau le premier, tandis que son père et moi nous relevons d'un mouvement simultané. Au moment de passer la porte, nous nous engageons en même temps et nos épaules s'entrechoquent.

Le regard qu'il me lance fait remonter un frisson le long de mon dos. Il est plus grand que moi, et au moins trois fois plus imposant. J'ai déjà précisé qu'il a l'air de pouvoir broyer des œufs avec son cou ?

— Je vous en prie, me souffle-t-il de sa voix grave.

Je marmonne un bref merci" et retiens ma respiration en franchissant la porte. Bon Dieu que c'était gênant.

J'envoie rapidement un message à mes colocs pour les prévenir de ma venue, mais ne reçoit aucune réponse en retour.

Jordan Grant est toujours sur mes pas. Je pense une seconde à m'enfuir en courant, mais c'est ridicule puisqu'on va dans la même direction. Il a littéralement garé sa voiture à côté de la mienne sur le parking.

Mon vieux pick-up fait un peu tache à côté de sa Mercedes dernière génération, mais je m'arme de toute ma dignité et m'installe sur le siège conducteur. J'actionne le moteur, me penche pour enclencher la manivelle côté passager et tombe sur le regard moqueur de Jordan :

— Belle voiture, raille-t-il simplement.

— Héritage familial, je grommelle en retour.

Okay, niveau justification on a déjà fait mieux.

J'ai à peine le temps de me redresser que mon téléphone se met à sonner. Je décroche rapidement et la voix de Max raisonne dans les vieilles enceintes :

— Wiiiiill !! T'as bientôt fini avec ton pilote sexy ? Nous on t'attend !! Luke est déjà prêt à t'accueillir !!

Bordel. Jésus Marie Joseph. Je vais faire un infarctus.

Je tourne la tête au ralenti vers Grant et découvre son visage ahuri. Des bruits suspects se font entendre en arrière-plan et je m'empresse de raccrocher. Le regard que Jordan me renvoie me laisse croire qu'il a compris ce que mon meilleur ami venait de sous entendre.

JESUS MARIE JOSEPH !

Le seul point positif, c'est que Zachary était déjà installé dans la mercedes et qu'il n'a donc rien entendu de cet aveu gratuit.

Putain de karma de merde.

Dire que j'ai payé pour installer le bluetooth sur cette voiture, quelle erreur. J'aurais mieux fait d'économiser pour adopter une tortue.

Je démarre en trombe, faisant tousser le moteur et m'éloigne le plus rapidement possible de ce cauchemar. 

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