Sentiments Humains (en pause)

3

"Cette jeune fille est un cadeau du Ciel."
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Le jeune homme grimpe dans un arbre et se cache du mieux qu'il peut avec les branchages, ce qui est plutôt un exploit étant donné qu'il est habillé tout en blanc et que du blanc sur du vert est assez peu discret. Bientôt, il entend les pas pressés de ses chaperons.
- Où a-t-il donc pu passer?
- Il n'a pas le droit de quitter comme ça ses cours du sens du partage et de l'amour!
-Il n'est même pas allé aider les Amours pour écrire la liste des cibles de Cupidon.
- J'ai entendu dire qu'il a bousculé un élève ce matin...
- Quelle honte!
- Soyons compatissants mes amis, le pauvre a eu une enfance tourmentée.
Les babillages continuent et Heyne lève les yeux au ciel. Il n'en peut plus de la bonté, de la gentillesse et tout ces bla-bla! Deux cents ans qu'il se coltine ces gardiens de la paix qui ne jurent que par l'Amour! Bon sang! Qu'est-ce qu'il aimerait s'échapper dans un endroit où il n'y a pas de règles, où on ne peut penser qu'à soi et non aux autres! Mais bon, il peut toujours rêver. Il attend que ses gardiens passent sous son arbre et qu'ils s'éloignent pour sauter et s'enfuir direction les dortoirs, mais ceux-ci ne bougent pas de leur place. C'est limite qu'ils lèvent la tête et l'aperçoivent. Soudain, la lumière familière d'Iris apparaît et distrait les gardiens et il en profite pour s'échapper. Au passage, il décoche deux de ses flèches ténébreuses sur deux élèves qui, sous l'effet de sa magie se mettent aussitôt à se disputer. Un peu de défaut dans ce monde si parfait n'est pas de trop. Il entre dans le gros bâtiment tout blanc (étonnant? Pas vraiment!) grimpe jusqu'au 2ème étage et entre dans sa chambre toute blanche. Il s'affale sur son lit et fronce les sourcils. "Trop de blanc" pense-t-il. Aussitôt pensé, il se met debout dessus et marche sur les draps immaculés, draps qui se colorent d'un brunâtre salissant. Un sourire victorieux s'affiche sur ses lèvres. "C'est beaucoup mieux" se dit-il. Mais tout à coup les draps blanchissent et redeviennent tout propres.
-NOOOON! s'écrit-il. POURQUOI POURQUOI POURQUOI?!!
Et il piétine son oreiller encore et encore et inlassablement, celui-ci redevient propre. Frustré, il jette l'objet par la fenêtre.
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Une douce chaleur enveloppe la jeune fille. Lorsqu'elle ouvre les yeux, un océan de blancheur, d'or,de rose et de pureté l'accueille. Sous le regard amusé d'Iris, elle fait quelques pas, hésitante, sur le marbre dont est fait le sol. Elles sont dans une sorte kiosque tout blanc. Ses yeux turquoises pétillent et elle pousse un petit cri de joie. Soudain, un groupe de personnes habillées de blancs arrivent de nul part. Ils ont l'air d'être en grande conversation.
-Il faudrait vraiment qu'on le tienne en laisse ce gosse.
- Vous avez raison!
- De qui parlez vous? Intervint Iris.
Les personnes s'inclinent devant elle. Un petit gros nommé Nathaniel lui répond:
-Juste d'un élève difficile, Déesse. Ne vous en souciez pas.
Elle s'incline également en souriant gentiment ce qui fait fondre littéralement les gardiens, et montre de son bras Ame.
-Voici une élève qui vous satisfera pleinement messieurs, c'est un exemple même de la bonté et de l'amour.
La jeune fille rougit et sourit timidement et glisse une longue boucle blonde derrière son oreille. Les gardiens sont aussitôt sous le charme. Un grand gardien s'avance.
- À qui avons nous l'honneur, jolie demoiselle ? Demande-t-il.
Elle rougit encore plus devant le compliment et, plaçant une mèche de ses cheveux derrière l'oreille, elle balbutie:
- Je s..suis Ame. Fille d'Aphrodite et de Cupidon. Je suis enchantée de vous rencontrer.
-Qu'elle est charmante! S'exclame un autre gardien. Viens ma petite. Toi, le fruit de l'Amour, tu sera certainement notre meilleure élève.
Devant tant de gentillesse, Ame ne sait que répondre. Que mijotent-ils? Si elle les suit que feront-ils d'elle? Si ça se trouve, ils vont l'enfermer dans une pièce noire et lui faire vivre les pires horreurs. Surprenant son regard horrifié, Iris met une met sur son épaule:
- Tu n'as rien à craindre, Ame. Ces hommes là prendront soin de toi, ils ne te feront pas de mal.
Elle la pousse doucement vers le grand gardien qui lui prend tendrement la main, en faisant attention à ne pas l'effrayer. Il devine sa fragilité et qu'elle doit être quelqu'un qui a vécu des moments épouvantables.
Il l'emmène vers les dortoirs et les autres gardiens se tournent vers la déesse. Le petit gros s'avance:
- Merci, déesse. Cette jeune fille est un cadeau du Ciel.
Elle s'incline et il baisse la tête en retour. Elle s'apprête à partir dans un océan de lumière, mais, au dernier moment, elle s'adresse aux gardiens :
- Prenez soin d'elle messieurs. Cela fait deux cents ans que cette petite était enfermée au Tartare et, ce n'est pas sans séquelles. Les premiers jours, laissez quelqu'un dans sa chambre et une lumière allumée. La pauvre, elle doit être terrifiée par l'obscurité à présent, même si celle-ci est très peu présente ici.
Elle esquisse un geste théâtrale et disparaît dans son arc-en-ciel. Aussitôt hors de vue, les gardiens parlent tous en même temps:
- Au Tartare? Quelle horreur!
-La pauvre enfant doit être traumatisée...
- Les monstres ont dû bien se jouer d'elle...
-Pourquoi était-elle au Tartare?
Toutes les têtes se tournent vers l'origine de la voix: c'est un jeune gardien, d'à peine trois cents ans de services.
- C'est vrai ça, dit le petit gros. Pourquoi? Je vais en toucher un mot à notre maître Cupidon ce soir...
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"Mmmh... Ils ne sont toujours pas apparus dans ma chambre... Bizarre." Heyne est toujours affalé sur son lit, inlassablement propre. La bataille est perdue d'avance de toute façon. "Il a dû se passer quelque chose" pense-t-il. Il sort de sa chambre, regarde à droite, à gauche. Il n'y a pas un chat dans le couloir. "Je suis libre!" Se réjouit-il. Jamais des gardiens ne l'ont laissé seul plus de trois minutes. Tout à coup, il entend des bruits de pas dans le couloir et se réfugie illico dans sa chambre. Raté. Ils sont de nouveaux là. Il reconnaît la voix d'un de ses gardiens, sauf qu'il semble qu'il en manque beaucoup à l'appel. Il tend l'oreille:
- Donc ta chambre est là, si tu as besoin de quoique ce soit, tu dis mon nom à voix haute. Je m'appelle Daniel.
Heyne tente d'écouter la réponse de son interlocuteur, mais celui ci reste silencieux. La voix de Daniel reprend:
- Ta salle de bain est là et dans cette armoire il y a le linge qu'il te faudra pour t'habiller. Normalement, il est à ta taille; c'est une armoire magique conçue pour deviner la morphologie des gens. Le repas du soir est à 19h jusqu'à 22h sauf en occasions spéciales mais tu peux aussi manger ici. Le petit déjeuner et le déjeuner sont par contre obligatoires, la salle est ouverte à 5h du matin et se ferme à 13h30. Si tu n'as pas eu le temps de manger il te faudra attendre jusqu'au dîner. Pour accéder à la salle à manger, tu sors du bâtiment, tu continue tout droit jusqu'au jardin des roses et tu vas à droite. Si jamais tu te perds, tu peux toujours demander de l'aide aux Amours.
Bof, rien d'intéressant jusque là. C'est exactement le même discours qu'on lui avait fait deux cent ans plus tôt. Ce qu'il l'intéresse maintenant, c'est qui est cette personne mystérieuse bon sang!
- Aux Amours?
La voix! Heyne tend l'oreille mais elle ne dit rien de plus. Elle est douce, légèrement aiguë, comme si la personne avait peur. C'est une voix de fille, un peu familière.
- Ce sont les serviteurs les plus proches de Cupidon. Ils ont une liste de tous ceux qui sont amoureux ou le seront. Ils influent les gens à s'aimer et font un sacré boulot, mais c'est Cupidon qui fait la liste. Parfois, quand l'envie le prend, il se balade sur la Terre et décoche une flèche ou deux. Quand c'est le cas, les deux personnes sont irrémédiablement amoureuses pour l'éternité.
- La Terre?
Impossible de reconnaître cette voix! Si seulement il pouvait voir son visage... Nullement agacé par les questions de son interlocuteur, Daniel répond d'un ton chaleureux.
- Là où tu iras travailler, après ta formation.
-Ma formation?
"Voilà qu'elle commence à être agaçante à poser des questions"pense Heyne. D'ailleurs, Daniel aussi perd un peu de sa légendaire patience.
-Oh écoute! Ta formation en tant que créatrice de l'amour! Maintenant, arrête de poser autant de questions et va te reposer.
La voix ne répond pas, comme si elle avait été blessée. Heyne entend un bruit de porte qui claque, puis les pas de Daniel s'éloigner. Tiens? Il ne vient pas voir si il n'est pas dans sa chambre comme il a l'habitude de faire? Décidément, cette "voisine" préoccupe assez son gardien pour qu'il l'oublie complètement. En voilà une occasion qu'il ne faut pas rater. "Saisis ta chance, mon vieux, pense-t-il, une occasion comme celle là ne réapparaîtra pas!"

Il se faufile discrètement dans le couloir. Juste avant de s'en aller, il jette un coup d'œil dans la chambre ouverte de sa voisine. Il aperçoit à peine sa silhouette assise sur le matelas  à travers les voiles du baldaquins. Il ne voit pas bien ses traits mais distingue sa chevelure dorée légèrement bouclée ondulant dans son dos. Elle regarde par la fenêtre sans bouger, comme si quelque chose la fascinait. Il doit avouer qu'il a sous les yeux une magnifique vision. On dirait un tableau tellement elle semble parfaite. Il jette un coup d'œil vers le ciel, mais ne voit que les nuages rosés. Tant pis, de toute façon, ce n'est pas comme si cette fille l'intéressait. "Ce sont toutes des faibles" pense-t-il. "On en fait ce que l'on veut". "Et pourtant", lui souffle une voix, "il y a très longtemps, c'était une fille qui te menait par le bout du nez". Il chasse cette idée de la tête pour effacer ce souvenir, mais malgré lui, les souvenirs affluent.

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Voilà voilà! Fin du chapitre ! J'espère que vous aimez <3 Si ça vous intéresse, j'ai écris une autre histoire qui s'appelle "Humaine" et elle est terminée! Je vous invite à y jeter un coup d'oeil! ;) bisous <3
💫