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"-Que la fête commence".
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Heyne ouvre ses yeux. Les garder fermés ne faisaient que raviver l'image d'Ame dans sa tête. Alors c'était elle, sa nouvelle voisine... Étrange, elle avait l'air d'avoir changé, elle semblait plus... Calme, moins expressive, plus passive, voire indifférente. "Elle est différente à présent, tout comme toi" murmure son subconscient. Il serre les dents. "Elle devait en avoir marre de son petit chéri. Il ne lui suffisait plus donc elle est allée au Royaume d'Éros pour demander à son papa d'amour un nouveau copain" pense-t-il avec mépris. Il serre ses poings et referme ses yeux. Rien à faire, il la revoit;le même visage, plus mature, mais toujours aussi beau, sa même façon de mordre la lèvre inférieure quand elle est furieuse... Par contre, son regard... Oui, son regard avait changé. Il semblait sans éclat, sans joie. On dit que les yeux sont les fenêtres de l'âme; eh bien, si c'est le cas, Heyne aurait juré que l'âme de son ancien amour était terne, malade. Son coeur se serre à cette idée. "N'y pense pas, pauvre idiot. Tu te fais des illusions, pense-t-il. Elle était juste surprise que tu sois là, elle ne s'y attendait pas, c'est tout". Il rouvre ses yeux. Il est toujours dans son tourbillon de fumée, mais il peut voir à travers. Il plisse les yeux et les écarquille, sous le choc. Wow. Alors c'est ça, la ville? Une cité noire éclairée par mille et une couleurs ? C'est une splendeur. Rien à voir avec le Royaume d'Éros où il fait tout le temps clair, blanc,rose et or, même le soir. Les bâtiments sont nombreux et très hauts, et même s'il semble tard, il y a beaucoup de gens dehors, qui discutent gaiement, qui boivent, qui crient. On entend aussi dans d'autres bâtiments de la musique extrêmement forte.
Heyne décide de se poser afin d'aller voir ça de plus près. Il intime à son moyen de transport de le mener à terre. Il atterrit dans un parking isolé où personne ne le voit. Une fois les pieds au sol, le tourbillon s'évapore.
Emerveillé, le garçon fait quelque pas, n'en croyant pas ses yeux et ses oreilles.
- C'est toi Haine?
Heyne se retourne brusquement, ne voyant personne. Méfiant, il répond tout de même:
-Ça se prononce Heyne.
Un homme apparaît devant lui. Il a l'air d'avoir la trentaine, les cheveux bouclés, une sorte de toge, le visage las et des sandales...ailées? (Pour ceux qui ne l'auraient pas reconnu, il s'agit d'Hermès, le messager des dieux).
-J'm'en fou de ton prénom. Les dieux t'ont choisi pour incarner la haine. C'est ton boulot maintenant. Moi je fais que t'expliquer le job et je me casse.
Subjugué pas les sandales de l'homme, Heyne acquiesce. Il lève les yeux vers le dieu et fronce les sourcils. Un job?
- Bon alors en gros, t'as ton arbalète, tes flèches, pis tu dois avoir en moyenne une centaine de cibles par jour. Tu les touches, ils ressentent la haine et basta. N'en fais pas trop quand même, un trop grand taux d'un sentiment fort comme celui que tu incarnes n'est pas bon pour l'équilibre du monde. Généralement, les petits malins comme toi profitent du pouvoir qu'ils ont et le regrettent très vite. Enfin bon, te voilà prévenu. Donc mis à par ça, une petite centaine de gens touchés par la Haine chaque jour, et après tu fais ce que tu veux. Allez tchüs.
Il s'apprête à s'envoler mais Heyne le retient:
- Attends! Mais qu'est ce que tu racontes! Il n'y a pas qu'une centaine de gens qui ressentent la haine par jour dans le monde, si? Et pourquoi moi?
Hermès lâche un ricanement.
- Tu te crois futé? Petit malin va! Ce que tu inflige sur une personne est répercutée sur une centaine d'autres personnes, choisies par d'autres subordonnés du Sentiment ! Ça serait trop long sinon! Tss! Et toi parce que les dieux en ont décidé! Aufait, ton acolyte, Amour, il arrive bientôt. Fais en sorte de pas t'approcher de lui, généralement vos deux sentiments ne font pas bon ménage ensemble.
Et il s'envole, laissant le jeune garçon stupéfait.

-Wow...murmure-t-il.

Il cligne plusieurs fois des yeux, n'y croyant pas. Les dieux l'avaient désigné comme étant Haine ? Cela n'avait aucun sens. Il avait été élevé dans un endroit où l'amour était la seule chose qui comptait. Il baisse les yeux vers la ville. Qu'importe ce qu'avaient voulu les dieux, maintenant, il est libre de tout ! Des règles strictes au Royaume d'Éros, des cours stupides sur l'amour, des vêtements blancs et toujours propres !

Sentiments Humains (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant