L'évidence

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La soirée touchait à sa fin, mais l'intensité ne faiblissait pas. Après toutes les confidences, la vérité d'Aiden sur sa maladie planait toujours autour de nous. Pourtant, le silence dans la pièce n'avait rien de pesant. Il y avait une forme de paix, de répit, après cette vague d'émotions.

Assis côte à côte sur le canapé, nos corps se frôlaient à peine, mais je sentais chaque mouvement, chaque respiration de sa part. Mon cœur battait fort, et pas seulement à cause de ce qu'il venait de m'avouer. Il y avait autre chose, une tension différente. Je repensais à cette conversation que nous avions eue avant ce soir, sur notre première fois. Nous savions que ce moment approcherait, que nous étions prêts, du moins à ce moment-là. Mais maintenant, après tout ce que j'avais appris sur lui... je ne savais plus.

Je jetai un coup d'œil vers lui. Il était là, près de moi, mais il semblait un peu plus loin que d'habitude. Peut-être que lui aussi doutait. Peut-être que cette maladie avait tout changé pour lui. Peut-être qu'il n'avait plus envie, ou qu'il ne voulait pas m'imposer ça maintenant.

Mais je savais que je devais poser la question. Pas pour forcer quoi que ce soit, mais parce que je ne pouvais pas continuer à garder ce doute. Je devais savoir, pour lui comme pour moi.

— Aiden... tu veux toujours qu'on... enfin, qu'on passe cette nuit ensemble ? demandai-je doucement, mes mots hésitants mais sincères.

Il se tourna vers moi, surpris par ma question. Ses yeux me fixèrent avec intensité, et je vis immédiatement cette lueur d'incertitude, mêlée à une pointe de tristesse.

— Emma, murmura-t-il, je... je ne sais pas. Je veux dire... oui, bien sûr que je veux. Mais avec tout ce que je t'ai dit... j'ai peur que ce soit différent maintenant. Que tu te sentes obligée, ou que tu me voies autrement.

Son regard chercha le mien, comme s'il attendait une réponse, une validation. Mon cœur se serra à ces mots. Il avait toujours eu ce besoin de tout porter seul, de ne pas être un fardeau. Mais ce soir, je voulais qu'il sache que rien n'avait changé pour moi. Que cette décision, je la faisais en toute conscience.

Je pris une grande inspiration, tentant de chasser mes propres doutes. J'avais besoin de lui dire la vérité.

— Aiden, commençai-je, je sais que ça pourrait changer des choses, maintenant que je sais. Mais ça ne change pas ce que je ressens. Je ne veux pas qu'on renonce à ça. Je veux être avec toi, maintenant, même avec tout ça. Surtout avec tout ça.

Il me regarda, silencieux, comme s'il pesait chacun de mes mots. Sa main vint doucement se poser sur la mienne, ses doigts entrelaçant les miens dans un geste familier et rassurant.

— Tu es sûre, Emma ? Je ne veux pas que tu fasses ça par... par peur ou parce que tu crois que c'est ce que je veux. Parce que ça, je te le promets, je ne veux pas que tu te sentes forcée.

Je secouai doucement la tête, serrant sa main avec plus de force, pour lui montrer que je savais exactement ce que je voulais. Il y avait eu des doutes, oui, mais ils s'étaient dissipés.

— Non, Aiden. Je le veux, vraiment. C'est toi que je veux, que je voulais avant tout ça, et que je veux encore maintenant. Je suis prête. Je suis sûre.

Il resta silencieux un instant, ses yeux cherchant toujours les miens, comme s'il voulait s'assurer une dernière fois que tout était clair. Puis, doucement, je vis ses épaules se détendre. Son regard se fit plus doux, et un léger sourire apparut sur ses lèvres.

— D'accord, dit-il simplement, sa voix empreinte de tendresse.

Je me rapprochai de lui, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Il me scrutait avec une telle douceur que j'en fus submergée. Nos lèvres se frôlèrent d'abord, hésitantes, avant que le baiser ne devienne plus profond. Ce n'était pas pressé, ni précipité. Il y avait juste nous, dans cet instant.

Ma main glissa dans ses cheveux, et je sentis ses doigts caresser doucement ma nuque, sa peau chaude contre la mienne. Chaque mouvement, chaque geste était une confirmation silencieuse que c'était le bon moment, pour nous deux.

Je me levai doucement du canapé, l'attirant avec moi. Nos mains restèrent liées tandis que je l'entraînai vers ma chambre, là où la lumière de la lune traversait les rideaux, créant une atmosphère douce et intimiste. L'air semblait plus léger, plus facile à respirer, comme si tout devenait plus clair.

Nous nous arrêtâmes près du lit, et je me tournai vers lui, mon cœur battant toujours aussi fort. Il me regardait avec la même intensité que tout à l'heure, mais cette fois, il y avait une certitude dans ses yeux. Ce moment, nous l'avions toujours voulu. Et maintenant, il était là.

Doucement, je passai mes bras autour de son cou, l'attirant encore plus près de moi. Je pouvais sentir son cœur battre contre le mien, et cette chaleur entre nous ne faisait que grandir. Il posa ses mains sur mes hanches, me tenant avec la même tendresse qu'il avait toujours eue. Mais il y avait aussi quelque chose de plus. Une envie partagée.

Nos lèvres se rencontrèrent à nouveau, et cette fois, il n'y avait plus d'hésitation. Nous enlevâmes nos vêtements avec lenteur, sans précipitation, savourant chaque geste, chaque caresse. Chaque contact semblait amplifier cette connexion entre nous, cette certitude que c'était le bon moment.

Quand nous nous glissâmes sous les draps, je sentis son corps contre le mien, la chaleur réconfortante de sa peau, son souffle se mêlant au mien. Nous étions si proches que je pouvais sentir son cœur battre en écho au mien.

— Tu es sûre ? murmura-t-il encore une fois, sa voix à peine audible.

Je souris doucement, mes yeux plongeant dans les siens.

— Oui, Aiden. Je suis sûre.

L'Académie des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant