Révélation et dilemne

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[Moi et Ava]

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[Moi et Ava]

Le vent glissait sur ma peau, frais et doux, mais il ne parvenait pas à calmer la chaleur qui montait en moi. Nous étions là, devant la porte de mon immeuble, et je sentais le poids de chaque seconde passer. L'air était lourd, trop lourd, et je n'arrivais pas à respirer correctement. Ava était à côté de moi, et même sans la regarder, je pouvais sentir sa présence, comme un aimant.

Mon cœur battait tellement fort que je me demandais si elle l'entendait. Juste à côté de nous, la lumière pâle du lampadaire projetait nos ombres étirées sur le sol, mais tout me semblait flou, irréel. Je devais simplement la remercier, lui dire bonne nuit et rentrer retrouver Aiden. Mais je n'y arrivais pas. Pas avec cette tension entre nous, cette tension qui semblait m'écraser de l'intérieur.

Je jetai un coup d'œil à Ava. Ses cheveux blonds ondulaient légèrement sous le souffle du vent, et ses yeux bleus, si clairs d'habitude, paraissaient plus sombres dans la pénombre, comme si une tempête se préparait derrière son regard. Elle ne disait rien. Son silence était presque oppressant. Mais dans ses yeux, je pouvais lire tout ce qu'elle ne disait pas, et c'était ça qui me déstabilisait le plus.

Mon ventre se noua soudainement. Que suis-je censée dire dans un moment pareil ? Je devrais être en haut, dans l'appartement d'Aiden, me préparant pour cette nuit. Notre nuit. Mais je me tenais ici, incapable de partir, incapable de lâcher Ava du regard. Quelque chose en elle me retenait, quelque chose d'invisible, mais de tellement puissant que ça me paralysait.

"Je suppose que je devrais y aller," murmura-t-elle enfin, sa voix à peine un souffle, mais suffisamment pour me briser le cœur.

Je clignai des yeux, surprise par le pincement douloureux que ses mots provoquaient en moi. Ma gorge se serra. Les mots étaient coincés, accrochés quelque part entre ma poitrine et ma bouche. Pourquoi est-ce que c'est si difficile ?

"Merci de m'avoir raccompagnée," finis-je par dire, même si ma voix tremblait légèrement. Je n'étais pas sûre de ce que je remerciais vraiment. Pour m'avoir ramenée ici, ou pour être restée à mes côtés tout ce temps ?

Ava hocha la tête, mais elle ne bougea pas. Elle ne détourna pas le regard non plus. Ses yeux étaient encore là, ancrés dans les miens, me scrutant avec une intensité qui me rendait vulnérable, à découvert. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement, comme si elle voulait dire quelque chose, mais rien ne vint. Et puis, avant que je puisse comprendre ce qui se passait, elle fit un pas vers moi.

Je n'avais pas réfléchi. C'était instinctif. Mon corps se rapprocha du sien, et je me glissai dans ses bras. Aussitôt, elle m'enveloppa, et une chaleur inattendue monta en moi. Ses bras autour de moi étaient si fermes, si rassurants. La fraîcheur de sa veste de cuir contre mon visage contrastait avec la chaleur de son corps. Je sentis son souffle, calme et profond, et je fermai les yeux, essayant de savourer ce moment. Juste un instant.

Son parfum. Ce mélange familier de cuir et de sel qui me rappelait tant de moments partagés, des rires, des silences, des conversations où nous n'avions jamais abordé ce qui se passait vraiment entre nous.

Mon cœur battait à tout rompre, si fort que je me demandais si elle le sentait contre sa poitrine. J'étais bien là, contre elle, et pourtant, un tourbillon d'émotions faisait rage en moi. Pourquoi est-ce que je n'arrivais pas à respirer correctement ? Pourquoi est-ce que j'avais l'impression que si je me détachais d'elle, quelque chose se briserait à jamais ?

Je relevai doucement la tête, mes joues brûlantes. Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Je pouvais voir chaque détail de son visage sous la faible lumière du lampadaire. Ses cils blonds, ses yeux bleus qui brillaient d'une lueur étrange, et ses lèvres... si proches. Trop proches. J'étais piégée. Piégée dans ce moment, dans ce silence, dans cette proximité qui me consumait. Je sentais mon souffle devenir plus court, mes lèvres s'entrouvrir sans que je puisse les contrôler.

Nos regards étaient fixés l'un sur l'autre, et tout autour de nous semblait disparaître. Il n'y avait plus que ce moment, suspendu dans le temps. Je sentais le bout de mes doigts se crisper légèrement sur sa veste, comme si je ne pouvais pas la lâcher. J'étais là, au bord d'un précipice, prête à sauter, mais quelque chose me retenait encore.

Son regard dériva un instant vers mes lèvres, et je sentis un frisson parcourir tout mon corps. Nos visages étaient si proches... Je pouvais presque sentir la chaleur de ses lèvres contre les miennes, sans même les toucher. Juste un geste. Un millimètre. C'était tout ce qu'il fallait pour que tout bascule.

"Ava..." murmurai-je, sans même savoir pourquoi.

Sa respiration se fit plus rapide, comme si elle aussi se battait contre quelque chose. Je sentais son souffle se mêler au mien, et mes jambes faiblirent légèrement. J'avais envie de fermer les yeux, de me laisser aller à cet instant. Tout ce que je voulais, c'était oublier, juste pour une seconde, et me perdre dans cette sensation, dans elle.

Mais une pensée me frappa soudainement. Aiden.

Mon cœur s'arrêta un instant. Il était là-haut, à m'attendre. Ce soir devait être notre première fois. Ce moment qui aurait dû être le nôtre. Mais maintenant, tout ce que je sentais, tout ce que je voulais, c'était ce que j'avais devant moi, ce que je tenais entre mes bras.

Je reculai légèrement, juste assez pour briser ce lien invisible, mais le vide que je ressentis aussitôt fut comme un coup de poignard. Ava s'écarta un peu, et je vis dans ses yeux cette lueur disparaître. Il n'y avait plus que de la tristesse maintenant. Une tristesse que je ne savais pas comment réparer.

"Je devrais y aller," murmura-t-elle, sa voix presque brisée, à peine un souffle.

Mon cœur se serra. Je voulais lui dire de rester. Je voulais lui dire que je ne savais pas ce qui se passait entre nous, mais que je ne voulais pas que ça s'arrête. Pas comme ça. Mais les mots restèrent coincés dans ma gorge. Je ne pouvais rien dire. Pas maintenant.

"Bonne nuit, Ava," soufflai-je, ma voix trop faible, trop fragile.

Elle me lança un dernier regard, un sourire triste flottant sur ses lèvres, puis se retourna lentement. Chaque pas qu'elle faisait résonnait dans ma tête, lourd et douloureux. Je restai là, debout, figée, regardant sa silhouette s'éloigner dans la nuit, tandis qu'une part de moi, celle que je n'avais jamais explorée, s'effondrait doucement à l'intérieur.

L'Académie des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant