Le concert des Midnight Sirens

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L'air est saturé d'électricité, chargé de cette tension qui précède la tempête

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L'air est saturé d'électricité, chargé de cette tension qui précède la tempête. Derrière le rideau, je sens le sol vibrer sous mes pieds, le grondement de la foule impatient. Des murmures se mélangent aux battements sourds des cœurs, formant un rythme chaotique, une pulsation presque vivante. Chacun d'eux attend nous, attend moi. Ce cri, mon cri, celui qui a été réprimé pendant tant d'années, il est là, prêt à éclater.

"Emma, c'est le moment," murmure Ava, sa voix enroulée par l'adrénaline. Elle ajuste sa basse, les doigts tremblant d'excitation. Harper tapote nerveusement sa guitare, tandis que Candice fait rouler ses baguettes entre ses doigts. Tout est prêt. Et moi, je suis sur le point de libérer ce que j'ai enfermé trop longtemps.

La lumière s'éteint.

Le silence devient assourdissant.

Puis, d'un coup, les projecteurs explosent en une tempête rouge. La scène s'embrase sous la lumière brûlante. La salle est un océan de visages déformés par l'ombre, des silhouettes anonymes, mais toutes prêtes à plonger dans les abysses de notre musique. Un cri s'élève de la foule, bientôt rejoint par d'autres, des acclamations impatientes, avides. Ils attendent que nous frappions. Ils ne savent pas encore ce qui va les frapper.

Harper lance le premier accord, une note sourde, vibrante, qui fait trembler l'air. Le son emplit la salle comme une vague noire. La basse d'Ava s'intensifie, lourde, profonde, une pulsation qui fait écho à mon propre cœur. Et puis, Candice, à la batterie, lance son rythme implacable. Chaque battement est une menace, une promesse d'éclatement.

Je saisis le micro. Il est froid dans ma main, comme une ancre, et je sens la puissance monter en moi. La musique se tisse autour de moi, chaque vibration s'enroule dans ma gorge. Je ferme les yeux, et je laisse mon esprit s'ouvrir aux ombres. Sainte-Catherine. Mes cris étouffés. La remise froide où l'on me cachait. Tout ce que j'ai gardé en moi, c'est ce cri. Ce cri qui est maintenant devenu ma force.

La première phrase des paroles me vient, comme un murmure à travers mes lèvres :

"I was the child they forgot,
Bound in chains, left to rot,
But now I rise from the night,
With shadows burning, taking flight..."

Ma voix résonne à travers la salle, un souffle glacé qui s'étire dans les notes. La foule, jusque-là bruyante, s'immobilise, figée par l'onde sonore qui les frappe. Mes mots, chargés de vérité, vibrent dans l'air. Ce n'est pas juste une chanson. C'est un exorcisme. Je suis en train de libérer tout ce qui a été réprimé.

La musique devient plus lourde, plus intense. Les guitares grondent, le rythme s'accélère, et ma voix se fait plus forte, plus puissante, tandis que je plonge plus profondément dans le refrain :

"Can you hear the silence scream?
In the dark, a shattered dream,
I am the voice, I am the flame,
You'll never make me hide again!"

La dernière note éclate dans l'air, et je sens quelque chose céder en moi. Mon corps vibre, je m'abandonne à cette force. La foule réagit comme une marée déchaînée. Leurs bras se lèvent, leurs cris se mêlent à la musique, et je peux sentir leurs âmes se connecter à la mienne. Ils ressentent ce que je ressens. Ils veulent ce cri.

Alors je laisse sortir le hurlement.

Ce n'est pas un simple cri. C'est un cri viscéral, né des profondeurs de ma souffrance, de mon passé. C'est un cri d'affirmation, de renaissance. Il déchire l'air, s'empare de la musique et la transcende. Il roule comme un tonnerre, engloutissant tout sur son passage. La salle entière tremble sous l'impact.

Les visages dans la foule sont frappés par la surprise. Certains ferment les yeux, d'autres laissent leurs bouches s'ouvrir, figés dans une transe hypnotique. Ils absorbent ce cri comme s'il était vital. Et je ne m'arrête pas. Ce cri est plus qu'un son, c'est une lame qui tranche les chaînes de mon passé.

Le deuxième couplet monte, plus sombre, plus profond :

"From the cage where I was kept,
Into shadows, where they slept,
I've found my voice inside the storm,
You will never see me torn..."

La musique monte en intensité. Ava martèle les notes de basse avec une frénésie presque violente, ses doigts frappant les cordes comme des coups de poing dans l'air. Harper laisse ses doigts courir sur le manche de sa guitare, les accords devenant plus acérés, plus tranchants. Candice, elle, frappe la batterie comme un cœur battant hors de contrôle.

Je sens le public devenir une entité unique, vivante. Ils respirent avec nous, bougent avec nous, leur énergie se fond dans la nôtre. Chaque parole que je chante, chaque hurlement que je libère est accueilli avec une frénésie dévorante. Ils sont affamés de cette vérité brute.

Le refrain revient, mais cette fois, il est hurlé à plein poumons :

"Can you hear the silence scream?
In the dark, a shattered dream,
I am the voice, I am the flame,
You'll never make me hide again!"

Je crie, je hurle, mais cette fois, je ne suis plus seule. La foule hurle avec moi. Ce n'est plus mon cri. C'est le leur aussi. Ensemble, nous sommes devenus une force que rien ne pourra arrêter. Mon corps tremble, mes muscles brûlent, mais je suis portée par cette vague d'énergie, par cette liberté que je n'avais jamais connue avant ce moment.

Et puis, le dernier cri. Celui que j'avais gardé pour la fin. Le plus profond, le plus viscéral. Je prends une grande inspiration, et je le laisse exploser.

Ce hurlement final traverse la salle entière comme une onde de choc. C'est le cri d'une vie, le cri de toutes ces années passées à me taire, à me cacher. Ce cri est un adieu à l'orphelinat, à la peur, à la honte. Ce cri est ma victoire.

Le silence retombe brutalement après la dernière note. La salle est figée. Le public semble suspendu dans l'instant. Je les regarde, leurs visages baignés de sueur, leurs yeux écarquillés, et je sais qu'ils ont ressenti ce que j'ai ressenti. Une connexion invisible nous unit désormais.

Puis, l'explosion. Les acclamations déchirent le silence, les poings se lèvent, les cris envahissent la salle. Ils ont compris. Ils ont entendu. Ce n'était pas juste un concert. C'était une renaissance.

Je pose le micro, mes jambes tremblantes sous l'émotion, mes poumons en feu. Je regarde mes amies, mes sœurs, et dans leurs yeux, je vois la même chose que dans les miens : nous avons gagné.

Les Midnight Sirens ne sont plus un simple groupe. Nous sommes des ombres qui hurlent.

Et ce soir, le monde entier a entendu notre cri.

L'Académie des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant