Capture

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Mon souffle se faisait court, ma poitrine oppressée par une force que je ne comprenais pas encore. La pièce semblait se resserrer autour de moi, comme si l'air lui-même se dérobait. Tout était calme. Trop calme. Aiden, étendu là, son corps déformé par ce que j'avais déclenché. Ses crocs, sa peau brûlante... Il n'était plus celui que j'avais connu. Et pourtant, mon cœur hurlait de le protéger, de le sauver de la monstruosité qu'il était devenu. À cause de moi.

Puis, je les sentis. Ces silhouettes immobiles, tapies dans l'ombre. Leur présence étouffante s'infiltrait dans la pièce, saturant l'air de quelque chose de plus sombre encore que la nuit. Ils étaient proches. Je ne les voyais pas, mais chaque fibre de mon corps savait qu'ils n'étaient plus humains. Des chasseurs. Des êtres marqués par les enfers.

Je me concentrai sur Aiden. Rien d'autre ne comptait. Il fallait qu'il survive. Qu'il se réveille de ce cauchemar. Mes doigts tremblaient sous l'effort. Mon pouvoir grondait, sauvage et incontrôlable, cherchant à s'échapper. Je pouvais sentir cette puissance vibrer sous ma peau, prête à tout dévaster. Un simple cri, un murmure, et tout serait balayé. Ils ne représentaient rien face à ce que j'étais devenue. Mais...

Aiden.

Si je libérais mon pouvoir, si je criais, je le détruirais aussi. Lui, celui que j'aimais.

Un frisson me parcourut, comme un rappel de la violence qui grondait en moi. Un simple son suffirait, une vague d'énergie et tout disparaîtrait. Mais je ne voulais pas tuer. Pas maintenant, pas comme ça. Je me retrouvais paralysée, coincée entre cette force colossale qui ne demandait qu'à exploser et ma peur de perdre Aiden à jamais.

Soudain, les ombres se mirent en mouvement.

Je ne les voyais toujours pas clairement, mais je les sentais approcher, ces chasseurs marqués par la mort. Pourquoi ne fuyaient-ils pas ? Ils savaient ce que j'étais. Ils sentaient cette aura, ce cri qui pouvait annihiler des kilomètres de vie humaine. Pourtant, ils avançaient. Leur silence était pire que des mots.

Mon cœur battait à tout rompre. Aiden ne bougeait pas. Je ne pouvais pas le perdre. Pas encore.

Le râle. Il jaillit de ma gorge, avant même que je ne réalise ce qui se passait. Un râle si profond, si terrifiant, que les murs en vibrèrent. Les fenêtres explosèrent, des éclats de verre déchirant l'air et se fracassant en une pluie de lames. Les chasseurs furent projetés contre les murs, violemment, mais ils se relevèrent.

Comment pouvaient-ils encore avancer ?

La pièce était en ruines, mais je sentais la puissance bouillonner, prête à tout anéantir. Mes doigts se crispaient sous l'effort de contenir ce pouvoir qui grondait, prêt à déferler et tout briser. Mais quelque chose me retenait. Ce n'était pas ma peur. C'était l'amour que j'avais pour Aiden. Un amour qui me déchirait de l'intérieur.

Je sentais leurs regards peser sur moi, mais ils ne comprenaient pas. Ils me voyaient comme une menace à abattre. Pour eux, j'étais déjà condamnée. Ils ne savaient pas que tout ce que je voulais, c'était les épargner.

Alors pourquoi avançaient-ils encore ?

Soudain, la douleur. Un choc, brutal, inévitable. Un poignard glacé, gravé de runes, perça ma chair. Tout bascula. Mon cri mourut dans ma gorge, étouffé par cette souffrance fulgurante. Je tombai à genoux, incapable de respirer. Tout mon pouvoir... tout ce que je sentais monter en moi venait de se dissoudre en un instant.

La lumière explosa, aveuglante, envahissant chaque recoin de la pièce. Mon corps tout entier s'effondra sous la violence de l'attaque. Ils m'avaient touchée.

Je sentis le sang couler le long de mon bras, chaud, poisseux, imbibant ma peau. Mes forces m'abandonnaient. Mon pouvoir s'éteignait comme une flamme soufflée par un vent glacial. Je me retrouvais là, à terre, vulnérable. Défaites.

Mon regard se posa sur Aiden, ses yeux clos, son corps tordu par la monstruosité qui l'habitait. J'avais voulu le sauver. J'avais échoué. Les chasseurs, eux, ne me voyaient que comme une légende à abattre. Pour eux, j'étais déjà perdue.

Leurs pas se rapprochaient. Je sentais leur présence écrasante. Mes paupières devenaient lourdes, la douleur, insupportable. Ils allaient m'emmener. J'étais leur prisonnière.

Je voulais crier. Mais il était trop tard. Tout était trop tard.

L'Académie des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant