Chapitre Treize

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Point de vue Héloïse

Noël approchait à grands pas. Je n’avais pas beaucoup parlé avec Nathan ces derniers temps. Entre son frère chez lui et son voyage humanitaire… Sans oublier que Théo était tombé sur la photo que j’avais enregistrée de lui… Cela m’avait valu une semaine à la maison, sans pouvoir aller travailler.
Cependant, en ce mercredi soir, je reprends le travail malgré mon corps encore endolori. Je veille à mettre un col roulé à manches longues, cependant, mon bandage à l’avant bras peut quand même se voir. J’enfile la montre de mon père lorsque je sens deux mains m’entourer. Je ferme les yeux instantanément tandis que mes muscles se contractent.

— Tu es certaine d’aller travailler ? me glisse-t-il à l’oreille.

Je réponds par un hochement de tête. Oui Théo j’en suis certaine. Je n’en peux plus de tourner en rond dans la maison. Laisse-moi y aller… S’il te plait.

— Je viendrai te chercher après alors.

Non, tu ne le feras pas. Il me donne un bisou derrière l’oreille et, lorsque la porte d’entrée s’ouvre dans un grincement où les voix de Fabien et Samuel se firent entendre, il me laissa pour les rejoindre. Je garde les yeux encore fermés, le temps que ma respiration redevienne normale. Je plante ensuite mon regard dans le miroir. Je faisais peur à voir. Avec mes cernes, mes joues creuses, mon teint pâle voire fantomatique… Je réajuste une dernière fois mon col avant de quitter la salle de bain. Je descends les escaliers en les faisant grincer. Je ne jette pas un regard vers les garçons tandis que je m’habille, cependant, au moment où je prends la poignée de porte pour sortir, j’entends des pas approcher.

— Et mon bisou ?

Je lève la tête et vois Théo, la tête penchée et un sourire sur la commissure de ses lèvres. Je sens les larmes monter. Je sais qu’il joue la comédie. Je n’ai pas envie de l’embrasser, et pourtant, je le fais quand même. Il me souhaite bon courage puis je quitte la maison. Le froid de ce début d'hiver est frigorifiant. Je laisse aller quelques larmes le temps du trajet entre la maison et le Haunted Bar.
Lorsque j’entre par l’entrée de service, je murmure un “bonsoir” inaudible à mes deux collègues présentes mais aucune ne répond. En même temps, j’avais déserté toute une semaine… Je pose mes affaires avant d’aller travailler. L’odeur familière d’alcool me monte au nez et je retiens un haut le cœur. Je plaque un faux sourire sur mon visage et me mets en pilote automatique.

Le début de soirée se passe calmement, sans embûche. Mais, lorsqu’arrive vingt-trois heures. J’arrête tout mouvement en voyant Luc entrer. Cependant, il reste vers la porte, parcourant la salle de ses yeux bleus clairs. Et, au moment où il me voit, je peux voir un sourire se dessiner sur ses lèvres tandis que ses sourcils se décontractent. Il laisse la porte se fermer alors qu’il avance d’un pas lent vers moi. Je reste clouée sur place, ne pouvant détacher mon regard de son être.

— Héloïse… sourit-il en arrivant à ma hauteur. Je suis content de te voir.

Mon cœur bat plus rapidement, mes mains deviennent moites. Et si Nathan l’avait envoyé ? Et s’il remarquait la différence entre mes deux avant-bras ? Et si… Je me sens oppressée. Je me sens fatiguée. Trop d'émotions, de questions viennent m’assaillir d’un coup. Mon coeur bat de plus en plus fort. Il gronde dans mes oreilles. Je vois les lèvres de Luc bouger sans comprendre ce qu’il me dit. Je sursaute lorsqu’il passe sa main frénétiquement devant mon visage. Je cligne plusieurs fois des yeux en secouant la tête. Alors, je me râcle la gorge avant de murmurer :

—  Une table ?

Il fronce les sourcils et acquiesce. Je l’emmène à une table reculée.

— Hé…
— Que veux-tu boire ?

Héloïse & NathanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant