Changement de Plan

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Jay ou Ares ?

Le matin était encore frais, avec cet air un peu mordant du printemps qui hésite à devenir doux. J’étais adossé contre le mur de la maison, une cigarette coincée entre mes doigts, la fumée montant en volutes paresseuses dans le ciel pâle. Mon frère, quant à lui, tenait une tasse de café fumante, assis sur le rebord du petit escalier devant la porte. Il était 7 heures, et comme chaque jour, nous échangeons quelques mots avant de partir pour l’université.

Lui, toujours impeccable. Même à cette heure, sa chemise était déjà bien repassée, son sourire prêt à illuminer n’importe quel étudiant fatigué qui croiserait sa route. Moi, je devais encore avoir l’air d’un homme à moitié réveillé. Mes cheveux en bataille et mon air renfrogné trahissaient mon humeur matinale habituelle.

- Alors, prêt pour ta journée ? me lança-t-il d’un ton léger, levant sa tasse de café comme pour trinquer.

Je haussai les épaules, tirant une bouffée de ma cigarette.

- Prêt, c’est un grand mot. J’ai deux heures de cours et je dois régler un problème avec Anderson. Avec un peu de chance, je survivrai.

Il rit doucement, ce rire franc et bienveillant qu’il avait toujours.

- Tu devrais essayer de commencer ta journée avec un café, pas une cigarette. Ça te mettrait peut-être de meilleure humeur.

Je lui lançai un regard amusé.

- Toi, tu pourrais essayer de commencer ta journée sans sourire à tout le monde comme un clown heureux.

Il secoua la tête, un sourire en coin, sans se vexer. C’était comme ça entre nous. Lui, le type adorable que tout le monde aimait, toujours patient, toujours à l’écoute. Moi, un peu plus rugueux, un peu plus sarcastique. On était différents, mais il y avait ce lien indéfectible, ce mélange de taquineries et de respect qui nous faisait tenir.

- Tu sais,  reprit-il, le regard perdu dans la rue déserte devant nous.

- Parfois je me dis que t’es pas aussi bougon que tu veux le faire croire. Tu caches juste bien ton jeu.

Je soufflai une longue traînée de fumée, évitant son regard.

-Peut-être. Ou peut-être que je suis exactement ce que je veux être.

Il ne répondit pas tout de suite, prenant une gorgée de son café, pensif.

- Peut-être que les deux sont vrais.

Le silence s’installa un instant, mais ce n’était pas un silence gênant. Le genre de silence qu’on partage seulement avec quelqu’un qui vous connaît par cœur. Finalement, je jetai ma cigarette sur le sol et l'écrasant du bout du pied.

- Bon, allez. Si on traîne encore, on va être en retard.
Il se leva, tapotant la poussière imaginaire sur son pantalon.

- Toi, en retard ? Ce serait une grande première.
Je leve les yeux au ciel, mais un sourire discret étira mes lèvres malgré moi.

Ensemble, nous descendîmes dans la rue, prêts à affronter une nouvelle journée. Lui, avec sa chaleur et son optimisme, et moi, avec mon sarcasme et mon café noir, qui n’attendait que d’être acheté au distributeur de l’université.

(…..)

La salle de classe était déjà remplie d’un brouhaha discret lorsque j’entrai, tasse de café en main. Une autre dose, pour me tenir éveillé à travers ces deux heures de maths avec les terminales. Mon frère, lui, s’était éclipsé vers l’amphithéâtre d’en face, prêt à distribuer son sourire chaleureux et ses explications limpides à ses propres étudiants. Moi ? J’étais bien plus réaliste. Ici, ce serait une lutte pour garder leur attention, une bataille pour leur arracher un soupçon d’intérêt.
Heureusement que demain tout s'arrête. Car oui demain c’est le grand jour, on vas passer à l’action.

Apryl au cœur de la mafia Où les histoires vivent. Découvrez maintenant