Un coeur pour deux

Chapitre 29

« La douleur de l'âme pèse plus que la souffrance du corps. »

- Anna...

Je secoue vivement la tête, ne sachant combien de temps s'est écoulé pendant que la vie quittait Antonio. Complètement perdue dans une vengeance qui ne ramènera pas mon amie, j'en oublie le présent ainsi que le corps de Silas se vidant lui aussi de son sang.

Comme si plus aucun son ne m'était parvenu jusqu'ici, j'entends de nouveau du brouhaha, voyant des silhouettes courir, appeler, porter secours...

J'essuie mes mains sur mon jean comme si cela allait effacer le meurtre que je viens de commettre. J'attrape le visage de Silas dont les yeux sont à peine ouverts, la respiration saccadée je sens sa main venir toucher ma joue humide.

- Ça va aller d'accord, on va à l'hôpital.

Comme un arrière-goût de déjà vu, je ravale difficilement mes sanglots qui se coincent dans ma gorge.

- Ne pleure pas.

- Je ne pleure pas, soufflé-je

- Tu es tellement jolie quand tu souris.

Ses yeux me sondent avec une telle intensité me donnant l'impression qu'ils aspirent mon âme entière. J'esquisse l'ombre d'un sourire lorsqu'il passe la pulpe de son pouce le long de mes lèvres tremblantes. J'entends à peine les sirènes retentir autour de nous, le bruit d'un brancard arriver, des mains qui m'attrapent m'arrachant à sa prise. Je me débats hurlant à en perdre la voix, je veux que l'on me laisse avec lui je ne peux pas le laisser partir. Mes poumons peinent à reprendre des goulets d'air frais, j'arrive à me défaire de la prise courant rapidement jusqu'à lui dont la main se tend dans ma direction mais avant même que je ne puisse l'atteindre des personnes s'interposent m'obligeant à reculer.

- Laissez-moi passer, les supplié-je

Mais personne ne se pousse, alors dans un élan de désespoir j'attrape l'arme accrochée à la ceinture de l'homme face à moi, pointant celle-ci contre lui mais avant même que le coup parte, quelque chose pénètre la peau de mon coup tandis que quelqu'un m'arrache l'arme des mains.

Mes genoux touchent rapidement le sol n'ayant plus la force de me porter, mes yeux se brouillent et pourtant je ne quitte pas cette ambulance qui part rapidement s'insérer sur la route toute sirène hurlante emportant avec eux l'espoir d'un jour le revoir, de le toucher de sentir sa peau se poser sur la mienne...

°

- Oh Anna ma chérie

Papillonnant des yeux, je tourne la tête sur le côté voyant ma mère serrer fortement ma main dans la sienne les yeux rougis. Avant même que je ne puisse esquisser un mouvement je l'entends héler un médecin qui ne tarde pas à rentrer dans la pièce où je me trouve.

Ma tête me paraît si lourde, je peine à comprendre ce qu'il se passe autour de moi.

- C'est normal, vous allez être désorientée dans un premier temps surtout après la forte dose que l'on vous a injectée, mais...

Un bip strident monte dans les tours aussi vite que mon cœur s'emballe. Il faut que je sorte d'ici, bon sang Silas... J'arrache vivement les fils reliés à mon corps faisant paniquer ma mère qui m'attrape vivement le bras m'arrachant un gémissement de douleur me coupant le souffle.

- Vous avez quatre côtes cassées dont deux fêlées, m'interrompt le médecin posant sa main sur mon épaule me forçant à me rasseoir sur le lit, il faut impérativement vous reposez nous allons vous donner des calmants pour vous aider dans la guérison.