Le manoir imposant se profile à l'horizon, une longue file de voitures déposent les unes après les autres des personnes devant les marches avant de partir se garer plus loin dans l'allée. La pression monte d'un cran quand ma portière s'ouvre laissant échapper l'air chaud de l'habitacle dehors. M'enveloppant un peu plus dans mon manteau, je m'accroche à la main du chauffeur pour m'extirper de mon siège. Je monte les marches tout en regardant autour de moi, je crois reconnaître quelques visages que j'ai déjà vus dans certaines soirées à l'époque où je côtoyais encore se monde.
- Madame, puis-je ?
Un valet vient à ma rencontre prend mon manteau et le rangea parmi les autres. Mes mains tremblent de nervosité, je lisse ma robe en essayant de paraître la plus sereine possible. Il fut un temps où j'étais tout à fait à l'aise ici, marchant au milieu d'eux comme si le monde m'appartenait, ne craignant rien ni personne.
- Anna ?
Théo entre dans le vestibule écrasant sa cigarette dans le pot de l'entrée avant de me proposer son bras.
- Tu es prête ?
- Autant que je puisse l'être
- Tu sais ce que tu as à faire, mais sois prudente, il est présent dans la salle.
Je me raidis aussitôt. Il fallait s'en douter que lui aussi serait là après tout, c'est un mafieux aussi puissant que mon compagnon du soir. Je ne l'ai pas revu depuis l'incident qui s'est produit et j'ai subitement une folle envie de me gratter jusqu'au sang la cicatrice qui longe mon bras. Si j'étais déjà nerveuse il y a quelques minutes, à cet instant, j'ai atteint le cran maximal.
Nous avançons dans la salle. Je suis d'abord étourdie par le brouhaha ambiant avant d'être subjuguée par le décor époustouflant, de vastes tables aux couleurs rouges, garnies de centaines d'amuse-bouche qui fait gronder mon estomac pourtant noué, attirent mon oeil . Je lève la tête pour apercevoir un nombre incalculable de lustres à la couleur de bronze qui nous surplombe.
Ils n'ont pas fait les choses à moitié cette année. Je me demande bien chez qui nous pouvons être. Car oui, chaque année nous sommes invités chez un mafieux différent. Telle est la tradition.
- Bonjour Théo, comment vas-tu mon garçon ?
Un homme d'un âge mûr apparaît face à nous tendant rapidement la main vers Théo qui s'empresse de la serrer.
- Très bien et toi ?
- Comme mon vieil âge me le permet, tu ne nous présentes pas ?
Tous les yeux convergent sur moi, bon sang ce qu'à cet instant, je souhaiterais disparaître.
- Anna, je te présente Mclord
- Enchantée, dis-je en lui tendant la main qu'il serre délicatement
Je ne pose même pas la question, cet homme trafique de la drogue, je peux le voir à la pupille de ses yeux et au léger tremblement de ses mains, il ne va pas tarder à aller prendre sa dose avant d'être trop en manque.
J'ai toujours réussi à déterminer de quelle branche venait la personne avec qui nous discutions, bien que Théo faisait la plupart du temps la conversation. La femme ici n'est vraiment qu'un objet de décoration : mis à part nous rendre belles et serviables, nous avons peu de droits ici. Je sais, c'est assez archaïque, mais c'est ainsi et jusqu'ici, ça ne m'avait jamais dérangé, car je venais par amour pour lui et non par obligation.
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Un coeur pour deux
RomansaAprès le décès subit de sont père, Anna cherche à se reconstruire auprès de ses proches. Mais quand sont petit-ami, qu'elle pensait être l'amour de sa vie, l'abandonne. Tout s'effondre. Se réfugiant dans le travail de sa boutique. Jusqu'à se qu'...