Un coeur pour deux

Chapitre 9

          Une douce chaleur se propage le long de ma colonne vertébrale éveillant mes membres endoloris dans un lent mouvement circulaire. Ma peau frissonne violemment, j'ai tellement froid, mais en même temps tellement chaud, je sais que cela ne présage rien de bon. Une fièvre s'est emparée de mon corps, je peux déjà sentir poindre l'infection dans mon système immunitaire.

- Anna ?

Le visage de Silas apparaît penché au-dessus de moi, je remarque vite que je suis dans ses bras dont l'une de ses mains compresse ma cuisse à l'aide d'un morceau de tissu. Le saignement à l'air de s'être arrêté, mais pour combien de temps ? Mon corps est beaucoup trop faible.

- Fais-moi un garrot, chuchoté-je

- Mais tu risques de perdre ta cuisse, proteste-t-il.

- Non, il faut juste le desserrer de temps en temps pour laisser passer le sang, mais ne le serre pas trop non plus.

Il déchire un morceau de sa chemise, enroulant le tissu autour de ma cuisse juste là où ma main est posée. Il m'attrape par la taille me soulevant contre lui, sa chaleur me fait de nouveau frissonner, apaisant mes tremblements. Même dans cette situation, il est attentionné et en plus, il sent bon ! Comment peut-on sentir ainsi alors que moi, je pue le sang ainsi que la transpiration à des kilomètres ?

- Ils n'ont pas trouvé nécessaire de nous rattacher, ils te pensaient même morte...

- Il en faudrait plus pour me tuer, rigolé-je

Il me regarde effaré par ma phrase tout en secouant la tête qu'il finit par poser sur le haut de mon crâne. Ses doigts continuent de faire leur chemin le long de mon dos comme si cela l'apaisait tout autant que moi.

- On sortira d'ici, ensemble.

La conviction dans sa voix me réchauffe le cœur, mais encore faut-il que des personnes sachent où nous nous trouvons...

- Personne ne sait où je suis et personne ne s'inquiétera pour moi, enfin si mon petit-frère, mais personne ne m'attend à l'extérieur des murs, réponds-je, d'autant plus que Théo doit avoir retrouvé sa petite vie paisible sans se douter des répercussions de ses actes, soufflé-je

- Avec ou sans aide, on y arrivera, tu verras !

Une quinte de toux m'arrache la gorge me faisant grimacer, je ne sais même plus d'où provient la douleur. Mon dos est endolori par les coups portés sur moi et ma cuisse, que je sens à peine, me paraît si lourde.

- Raconte-moi ton histoire.

- C'est loin d'être un conte de fées.

- Je veux apprendre à te connaître un peu plus, soufflé-je

- Serais-tu en train de m'apprécier ? Me taquine-t-il

- C'est possible...

Son rire secoue mon corps de légères vibrations. Est-ce que je l'ai déjà dit que je trouvais son rire à couper le souffle ? Non, parce que je pourrais passer des heures à entendre ce doux son pour être sûre qu'il soit gravé à jamais dans mes souvenirs

- Je viens d'une famille recomposée, commence-t-il, fils unique enfin de ce que j'en sais, je suis parti depuis si longtemps que je ne saurais pas l'affirmer, un jour, j'ai croisé le chemin de Rose qui est rapidement devenue mon amie avant même de rencontrer son mari

- Tu étais d'abord ami avec Rose, dis-je stupéfaite

- Tout à fait, c'est lors d'une soirée dans un bar qu'elle est tombée sur Damien nous nous sommes fréquentés de plus en plus souvent puis un beau jour, je lui ai sauvé la vie en prenant une balle à sa place.